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Syngué Sabour d’Atiq Rahimi

Par Labibdadi

syngué sabourPetit et court roman de cet auteur afghan propulsé au devant de la scène littéraire avec l’attribution en 2008 du prix Goncourt pour ce roman, Syngué sabour, ou Pierre de patience aux éditions P.O.L. Pour ma part cette année là, j’aurais préféré voir le prix décerné à Salim Bachi pour Le Silence de Mahomet publié chez Gallimard et qui a quitté la sélection du prix au premier tour.

Mais bon, Syngué sabour que je viens de lire prouve qu’il ne démérite pas son prix. Il est facile et très agréable à lire, usant d’un style à la fois puissant et poétique, n’hésitant pas à flirter avec le cru sans tomber dans la vulgarité, chose que l’auteur a pu faire en écrivant en français (c’est la première fois qu’il écrit en français, et il le fait bien). Contrairement à sa langue maternelle persane (comme ça aurait pu être le cas avec l’arabe), le français permet à ce genre d’auteur plus de liberté et de facilité à écrire ce que la pudeur rend difficilement exprimable dans la première. Vous le devinez probablement, il s’agit surtout de la manière d’aborder les sujets tabous tels que la sexualité et/ou le blasphème, et qui sont difficilement abordables dans les sociétés dont sont issus les auteurs (proche/moyen/extrême) orientaux, ou nord-africains (comme chez moi en Algérie).

atiq rahimi
Syngué sabour est l’histoire d’une femme s’adressant à son mari qui lui a été rendu à l’état de légume après une bagarre qui avait mal fini. Abandonnée de tous, elle est là, à le prendre en charge, lui parlant de tout et de rien, lui qui ne lui avait pas laissé l’occasion de s’exprimer quand il était valide. Mais le voilà tétraplégique, ne bougeant rien, pas même ses yeux ou ses paupières. Et devant son absence totale de réaction, elle va à chaque plus loin dans ses confidences et ses secrets. Elle le prend finalement pour une Syngué sabour, cette pierre magique à qui l’on confie ses secrets et ses tourments, et qui, si elle explose, délivre le confesseur de ses problèmes.

Atiq Rahimi fait preuve également d’une sensibilité, j’ai envie de dire presque féminine. Déjà, du fait que le personnage principal soit une femme qui s’exprime seule (ou presque, car on ne le sait pas vraiment avant la fin de l’histoire), presque en tant que narratrice à la première personne, et l’auteur (à mon avis) a su pénétrer son intimité, en profondeur mais sans vulgarité proprement dite, grâce notamment à un français bien maitrisé.


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