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La Conférence nationale contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale

Par Plumesolidaire

"Nous avons pris entre 30 à 40 ans de retard en matière de lutte contre la pauvreté et l'exclusion (...) Personnellement j'ai toujours l'impresson que cela n'a jamais été considéré comme une priorité". Ainsi s'exprimait lundi 10 décembre, Etienne Pinte, président du Conseil National des politiques de Lutte contre la Pauvreté et l'Exclusion sociale, en entamant son interview à la fin du journal de 12h30 sur France Culture.

"La pauvreté s'étend en France, 14% de la population vit avec moins de 964 € par mois. En deux ans se sont 800 000 personnes qui ont basculé sous ce seuil de pauvreté (..) 7 personnes sur 10 pouvant bénéficier du RSA ne le demandent pas" (Journal de 12h30).

Plus de 4 millions de personnes vivent actuellement avec moins de 600 € par mois.

Tandis que s'ouvrait le matin même la Conférence Nationale contre la Pauvreté et pour l'inclusion sociale qu'il préside, nous pensions Franck DANGER et moi-même, que les propositions du Service d'Ecriture Publique - Pour un droit à l'écrit pour l'accès aux Droits -, jointes aux contributions listées sur le site du Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, seraient, au moins évoquées.

Il nous semble pertinent en effet, de prendre les mesures qui s'imposent pour que soient informés de leurs droits les foyers qui sont éligibles à ces mêmes droits, quand bien ne seraient-ils pas en mesure de maîtriser la lecture et l'écriture.

L'inclusion sociale implique l'information pour que l'accès aux droits soit une réalité.

En second lieu, dans le même esprit, il convient que les administrations ne se contentent pas d'orienter les personnes vers les écrivains publics extérieurs, souvent bénévoles, mais prennent leurs responsabilités à l'égard de leurs ayant-droit par l'affectation de personnels publics, à cette mission.

Enfin, est-il nécessaire de rappeler cette évidence, que le développement de l'illettrisme en France au cours des dernières années constitue un handicap pour l'inclusion sociale; en particulier pour l'avenir des jeunes sortis du système scolaire qui sont concernés par cette carence, pour les populations immigrées en situation régulière, pour les salariés dans les entreprises...?

On trouvera dans la chronique de Stéphane Rozès une réflexion sur le contexte général dans lequel se tient la Conférence, et dans les extraits ci-dessous, les éléments qui m'apparaîssent aujourd'hui les plus saillants.



Etat de l'opinion : tout ce qui fausse la concurrence
entre les individus devient insupportable

Extraits de la chronique   

"Problème idéologique : les français veulent bien prévenir l'exclusion plutôt que guérir. Ils ne veulent pas enclaver et institutionnaliser au coeur de la République la question de la pauvreté.

Problème de l'opinion, lié à l'état des classes moyennes.

C'est un état ambivalent :  elles rejoignent les catégories populaires dans une critique du libéralisme économique mais elles redoutent elles-mêmes d'être déclassées et rabaissées au niveau même de ces catégories populaires. C'est très exagéré. On compte à peine 13,5% de déclassés dans ces catégories intermédiaires contre 46% qui demeurent en ascension.

Mais l'INSEE montre bien que les classes moyennes ont payé sous forme d'inpôts directs et de contributions sociales environ 3 fois plus par équivalent adulte qui recevait des prestations sociales. 

Alors que de leur côté, les ménages pauvres reçoivent presque 9 fois plus qu'ils ne paient.

Dans un monde dominé par une logique de concours et une logique de mérite individuel, tout ce qui paraît fausser la concurrence entre les individus devient vite insupportable. 

Ce qui fait que Julien Damon dans "Eliminer la pauvreté" parle de "début de fatigue de la compassion et de suspicion à l'égard des pauvres".

Alors quelle justice sociale? Les classes moyennes veulent plus un Etat garant de l'égalité qu'un état redistributeur pour l'égalité sociale.

En un mot le pauvre c'est l'autre que l'on redoute de devenir. Tant qu'on ne l'est pas, on souhaite ne pas trop l'aider de peur de se déclasser soi-même.

C'est sans doute pour cela que le Gouvernement suspend, peut-être momentanément, l'idée d'un quotient familial, injuste car bénéficiant plus aux classes moyenes qu'aux catégories populaires."


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