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Adaptation un brin pompeuse

Par Borokoff

A propos de Les Hauts de Hurlevent d’Andrea Arnold ★☆☆☆☆

Kaya Scodelario - Les Hauts de Hurlevent d'Andrea Arnold - Borokoff / Blog de critique cinéma

Kaya Scodelario

Dans la campagne anglaise, au XVIIIème siècle, Monsieur Ernshaw recueille dans sa ferme isolée un jeune orphelin qu’il prénomme Heathcliff. Veuf, Monsieur Ernshaw vit seul avec sa fille Catherine et son idiot de fils Hindley. D’emblée, ce dernier déteste Heathcliff au contraire de sa sœur qui s’attache très vite au jeune orphelin. Très vite, Heathcliff et Catherine deviennent proches comme deux frères et sœurs. Mais à la mort de Monsieur Earnshaw, Hindley se comporte de manière abominable avec Heathcliff et le traite en esclave, lui faisant subir toutes sortes d’humiliations et de châtiments corporels. Catherine le défend sans cesse, mais courtisée par Edgar, le riche fils d’un propriétaire voisin, décide de l’épouser malgré les sentiments amoureux qu’elle éprouve pour Heathcliff. Ce dernier, tout aussi épris de Catherine mais fou de rage et de tristesse en apprenant la nouvelle, décide de s’enfuir… Des années plus tard, il refait son apparition, avec un plan bien précis en tête. Un plan pour se venger d’Hindley et d’Edgar qui s’apparente à une arme de destruction massive…

Ces Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights) sont-ils une énième adaptation du seul et unique roman éponyme d’Emily Brontë (1847) ? Peut-être pas, mais le film d’Andrea Arnold est en tout cas la onzième version au cinéma, celle de Luis Buñuel (1954) comptant parmi les plus célèbres.

James Howson - Les Hauts de Hurlevent d'Andrea Arnold - Borokoff / Blog de critique cinéma

James Howson

La réalisatrice de Fish Tank (2009) s’est justifiée dans une interview en expliquant que selon elle : « Nous avons tous été trompés par les versions mélodramatiques qui font de Hurlevents une histoire d’amour romanesque et fantastique, alors qu’en réalité, c’est une sombre histoire d’obsession et de désespoir au destin tragique. »

Difficile pourtant de sentir cette intention dans son film. Filmant au plus près des corps et des visages et souvent en caméra à l’épaule, Arnold tente de capter et d’instaurer les silences entre Heathcliff et Catherine qui en disent plus long qu’aucun discours. Mais si l’on sent toute l’attention portée par la réalisatrice aux éléments minéraux et organiques, si elle souligne constamment le poids et le rôle symbolique que joue la nature sauvage d’Angleterre dans cette passion tragique et impossible entre Catherine et Heathcliff, elle le fait de manière un trop appuyée et peu subtile en tout cas. Les images sont belles, la photographie assez léchée (avec cette lumière céleste, brumeuse et voilée), mais on sent parfois une certaine complaisance dans la manière de filmer, un travers d’esthétisation commun à McQueen et Sokourov par exemple dans certains plans respectivement d’Hunger (2008) et de Mère et fils (1997). Ce sont là des longueurs, des figures formelles un peu répétitives qui appesantissent le film, le détournant de ses véritables enjeux. On peut parler ici de style emphatique…

Ces effets un brin pompeux de mise en scène (et convenus au final ?) n’empêchent pas les acteurs d’être bons dans l’ensemble (de Solomon Glave à Shannon Beer, alias Heathcliff et Catherine jeunes, en passant par James Howson) mais ils desservent très certainement leur jeu. Davantage d’épure dans la mise en aurait permis de mieux cerner le véritable nœud de l’intrigue, de mieux se centrer sur les ressorts psychologiques du roman de la sœur de Charlotte Brontë. On ne sent pas non plus assez l’angoisse romantique qui caractérise Heathcliff et qui l’étreint, à l’image de cette nature tourmentée et chateaubrianesque qui l’entoure…

Les Hauts de Hurlevent décrit une romance tragique placée sous le sceau de l’impossible mais c’est aussi un roman froid sur la vengeance. Le ressentiment amoureux et la souffrance morale qu’éprouve Heathcliff, la rancœur comme le sentiment d’avoir été  trahi par celle qu’il aimait l’obssèdent. Fou de douleur, au bord de la folie, Heatcliff n’en élaborera pas moins un plan machiavélique pour se venger de Hindley et de celle qui l’a éconduit. Cette tension dramatique est pratiquement absente du film. Dommage que le portrait d’Heathcliff ne soit pas davantage développé dans cette adaptation qui donne le sentiment de brosser un peu superficiellement ses personnages et de n’accorder à la passion amoureuse d’Heathcliff comme à sa future vengeance qu’une place assez mineure au final.

http://www.youtube.com/watch?v=kBQAsGfD-SI

Film anglais d’Andrea Arnold avec Kaya Scodelario, James Howson, Shannon Beer, Solomon Glave… (02 h 08)

Scénario d’Andrea Arnold et Olivia Hetreed d’après le roman d’Emily Brontë :

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Mise en scène :

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Acteurs :

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Dialogues : 

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Compositions de Nicolas Becker : 

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