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La Vie Sans Principe (Johnnie To, 2011)

Par Doorama
La Vie Sans Principe (Johnnie To, 2011) En 2007, à Hong-Kong, par une journée historique de crack boursier, une employée de banque subit la pression de sa supérieure pour vendre des produits toxiques... Ailleurs dans la ville, Panther, un mafieux, tente d'aider ses frères de sang à trouver des sommes d'argent... Une importante somme d'argent va faire irruption dans leur vie, alors qu'ailleurs dans la ville, un flic intègre voit lui aussi sa vie empoisonnée par des besoins d'argent.
Johnnie To, peut être le meilleur réalisateur de Hong-Kong, et ce titre n'est pas démérité, signe ici une oeuvre très atypique dans sa carrière remplie de polars nerveux et maîtrisés. Pas un coup de feu ne retentit dans La Vie Sans Principe... Ce qui claque en revanche, c'est une approche virtuose de l'argent sale, qu'il soit mafieux, ou issu du système bancaire (autant dire la même chose !), et sa vision de ce" nerf de la guerre", que ce soit sous l'oeil d'un flic, d'un homme de main ou d'une employée de banque... Ethique et fric règnent dans ce Johnnie To...
Trois destins se croisent, sans jamais directement empiéter l'un sur l'autre, avec en commun le besoin viscéral de cet argent dont les sommes nécessaires à nos besoins sont toujours plus élevées. Johnnie To place son film sur fond de crise de la dette grecque et dissèque trois besoins d'argent. Theresa d'abord, mal à l'aise de vendre des produits dangereux, pour répondre aux objectifs de son employeur, à des clients qui rêvent de profits rapides.. Panther, le mafieux presque honnête, qui se met en quatre pour trouver des sommes d'argent nécessaires à payer une caution ou aider un frère en pariant à la bourse... Ou bien encore  l'inspecteur Cheung, que son intégrité professionnelle renvoie dans les filets du système bancaire... La Vie Sans Principe utilise les ressorts du thriller et du polar pour cette fois opposer ses personnages à un redoutable ennemi, fourbe, insidieux et implacable qu'est ce bandit ultime appelé "argent", aussi connu sous le nom de "finance".
Doté d'une réalisation aussi limpide qu'inspirée, Johnnie To segmente son récit en plusieurs phases. Il éclate son scénario en deux destins à priori distincts (Theresa et Panther) puis les réunit au deux tiers autour d'une mallette d'argent ; l'histoire de l'inspecteur venant s'intercaler quand à elle, de manière plus régulière tout le long de La Vie Sans Principe. Argent corrupteur, argent qui aveugle, argent qui se substitue aux valeurs de l'individu, Johnnie To dissèque les comportements individuels et les confronte à cette valeur unique et commune. Le pouvoir corrupteur de l'argent s'immisce jusqu'au plus profond des êtres, de manière presque systématique, quelque soit la volonté des individus. Petit à petit la frénésie du système financier qui s'écroule, quitte la bourse pour s'emparer du vrai monde, pour s'y raccrocher, quitte à faire des victimes innocentes sur son passage (comme cette cliente de la banque qui voit ses économies grignotées). L'attaque de To est certes convenue contre le géant Finance, mais son angle d'attaque interpelle. A travers une réalisation sans faute, il donne à ses drames humains du quotidien une résonance toute particulière, comme si notre besoin quotidien d'argent était devenu un enjeu à haut risque, comme si notre quotidien était devenu un thriller tendu et dangereux...
Ce Johnnie To surprendra certainement ceux qui le connaissent, l'action et la violence s'estompant ici presque complètement (enfin presque !) au profit d'une approche davantage sociale. To reste cependant plus à l'aise avec son genre de prédilection qu'est le thriller, mais il parvient pourtant sans peine à nous immerger dans son récit et donne à son message toute la portée nécessaire pour mener à bien sa démonstration. En revanche, La Vie Sans Principe adopte un rythme parfois "curieux", propre à son choix de fragmenter sa narration, qui bien qu'agréable et surprenant ne séduit pas autant que les alternances rythmiques de son somptueux, à la fois génial et déconcertant,  P.T.U. La Vie Sans Principe ne se hisse pas au sommet de la filmo de To, mais quoi qu'on en pense il s'impose comme un film à la fois ambitieux et parfaitement maîtrisé. On est loin d'un chef d'oeuvre, mais nous sommes aussi si loin des sentiers battus... Un bien bel objet, atypique et très agréable à découvrir.
 La Vie Sans Principe (Johnnie To, 2011)

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