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L'écoute

Par Joseleroy

Un lecteur du blog me pose cette question :
 
"Bonjour José,


Je lis actuellement l'excellent livre de Jean Klein "la joie sans objet". et un passage m'a interpellé.


Dans la vision sans tête on peut lire :


"La vision de sa vraie Nature est une attention à deux directions, dont l'une est dirigée vers le monde et l'autre vers l'espace qui accueille le monde."
Et dans un passage du livre de jean Klein page 62 :


"...La Conscience peut uniquement viser un seul objet à la fois... Vous savez très bien qu'écouter est une chose, mais qu'après avoir écouté, je dois, si je peux m'exprimer ainsi, m'écouter moi-même pour me rendre compte que j'ai écouté. Mais vouloir saisir dans une simultanéité ce que j'écoute, et le fait que c'est moi qui écoute, crée une forme de nervosité."


En effet, retourner son attention et devenir "espace d'accueil" devient assez facile avec un peu d'entraînement. Mais retourner son attention et écouter vraiment une personne qui parle , par exemple, devient plus difficile et crée une sorte d'aller et retour très rapide de l'attention. Et cela crée une tension.


Alors la petite question :
Comment et où doit-on diriger notre attention si nous voulons vraiment écouter quelqu'un parler sans tension, sans aller-retour de l'attention ?


Merci pour tes éclaircissements, belle journée


Amicalement"


Te répondre demandrait un très long développement, je vais résumer.


Quand Douglas dit que la vision est à deux directions une vers le monde l'autre vers l'espace, il parle de manière pédogique pour nous faire sortir de l'oubli de nous-mêmes. En pointant vers le monde et AUSSI vers le vide, nous réalisons qu'il n'y a personne. C'est aussi un moyen de nous faire saisir qu'il ne faut pas se plonger dans le vide en le séparant du monde, ce qui serait créer encore une dualité.


Mais en réalité, la vision n'a aucune direction; elle ne "vise"rien; elle est le monde. Dans la vision, il n' a plus personne qui voit ; il y a le rien et le tout, sans intérieur et sans extérieur, sans centre ni périphérie.


Jean Klein dit qu'on ne peut écouter et savoir en même temps qu'on écoute, mais il parle ici du 'moi-pensée' : écouter la musique et prendre conscience que "moi-pensée" écoute c'est prêter attention à deux phénomènes,ce qui sans doute ne peut se faire simultanément : ou bien j'écoute ou je pense.


Mais la vraie écoute n'est pas écoute à partir d'un moi : dans l'écoute éveillée, personne n'écoute ; l'écoute se fait à partir du silence impersonnel (qui n'est pas le moi-individu-corps-pensée). ce n'est pas un moi qui écoute, mais le silence. C'est aussi ce que veut dire Jean Klein.


Il n'y a pas à "devenir espace d'accueil" comme tu dis, car Cela nous le sommes; c'est notre état naturel. Ecouter une personne qui parle à partir de l'espace clair est simple, c'est ce que nous faisons toujours en réalité : si il n'y avait pas déjà la conscience comment pourrions-nous entendre la personne?


Tu demandes: "comment et où doit-on diriger notre attention si nous voulons vraiment écouter quelqu'un parler sans tension, sans aller-retour de l'attention ?"


Il faut se dissoudre dans l'espace, se reposer dans l'attention qui est déjà là. Tu peux dans un premier temps regarder l'absence de visage au-dessus de tes épaules pour t'effacer, et ainsi tu réalises que tu es l'immensité consciente dans laquelle la personne parle. Aucun effort n'est nécessaire : l'espace d'écoute est notre état naturel.

C'est s'imaginer être face à face avec quelqu'un qui demande un effort d'imagination, car nous sommes toujours, toujours, toujours face là-bas (le visage de la personne) à espace de notre coté (le vide ici).


amitiés


jlr


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