Magazine Cinéma

Maniac (2012):Interview de David Law

Publié le 14 décembre 2012 par Olivier Walmacq

Interview David Law

1

Bonjour chers lecteurs et blogueurs, ATTENTION Il ne s'agit pas ici d'une chronique sur le film Maniac. Non aujourd’hui nous vous proposons un numéro un peu spécial. Puisqu’aujourd’hui nous innovons une première sur ce blog, à savoir l’interview d’une personne impliquée sur le remake du film Maniac (tiré du film original de William Lustig). Cette personne est David Law un passionné de photographie qui, par le biais de son travail artistique a contribué au film Maniac (2012). Le Travail de David est spécialement centré sur la photographie de mannequins. Ceux qui ont vu le film original, savent à quel point les mannequins féminins, jouent un rôle important dans l’histoire. Cela dit David vous expliquera ce travail mieux que moi d’où le but de cette interview.

Bonjour David, tout d’abord merci de nous avoir contacté. Pourrez donc te présentez à nos lecteurs pour commencer ?

Bonjour ! Merci de me recevoir parmi vous ! Je suis David Law, photographe et Musicien. Je navigue à vue dans ces deux domaines. Pour la musique j’ai monté plusieurs formations, enregistré des disques en groupe ou en solo, fait de nombreux concerts.  Mon nouveau projet pour lequel je veux réunir l’image et le son prend forme sous le nom D.A.L (Des Âmes Libres) http://www.facebook.com/TempleDal Nous y travaillons actuellement.

La photographie, comme la vidéo se sont imposées très vite pour répondre à mon envie d’être créatif, par rejet du système sans doute, dans lequel je me sens peu adapté : carriérisme,  entreprise, compétition,  consommation…il m’a toujours semblé plus pertinent de développer la créativité. J’ai rencontré  dans la photo un univers sans limite, dans lequel je suis seul maître à bord, dans lequel personne ne me dicte ses choix, dans lequel je suis libre. Pour la photo, je réalise des images autour de différents themes, attiré plus particulièrement par la réflexion du monde dans les matières réfléchissantes comme le verre, l’eau, les chromes ou les miroirs.  Mon penchant pour la video est plus recent, il s’impose justement au travers du projet D.A.L.

 

Depuis de nombreuses années tu t’intéresse au thème « capter le regard des mannequins de vitrine sur la ville par le jeu des reflets » ? Peux-tu nous en dire plus sur ce sujet ? Et peux-tu nous évoquer les raisons qui t’ont poussé à y consacrer ton travail ? 

Le thème des « Girls in Town » s’est imposé de lui même. Attiré depuis toujours par ces mannequins de vitrine qui me semblent m’interroger, j’ai décidé de réaliser leurs portraits en les réintégrant par le jeu des reflets à l’univers urbain qui leur fait face, notre réalité. Au delà du discours axé sur la place de la femme dans notre société et des questions qui ne peuvent que s’imposer, ma première idée relève davantage de répondre à la fascination que j’éprouve pour la femme, que de l’approche polémique et la dénonciation du système. La démarche initiale consiste donc à les rendre vivantes, à travers le jeu de trompe l’œil généré par les angles de vue, le reflet du verre et la rue réfléchie. Ces photos ne manquent pas maintenant de dénoncer l’utilisation de l’image formatée de la femme parfaite, telle qu’on nous l’impose, et des frustrations évidentes qu’elles suscitent en tout un chacun. Les mannequins de vitrine servent et synthétisent à outrance la manipulation dont nous sommes les victimes. Le texte qui les accompagne fait état de cette dualité et appuie la polémique. Mon travail est visible sur mon site Internet http://davidlaw.fr ou sur une page facebook dédiée. http://www.facebook.com/TheGirlsInTown

Depuis 2011, je m’intéresse aussi à des poupées corréennes de collection, les Pullips, des mannequins articulées modèles réduits (30 cm), qui constituent une suite logique à mon travail orchestré autour de la plastique des femmes en plastique. Au delà de toute polémique, je cherche un rendu esthétique et élegant, pour sublimer ces representations de la femme, et répondre à la passion que j’éprouve pour elles, dans la vie de tous les jours. Les Pullips sont visibles ici: http://www.facebook.com/PullipsAndCo

2

Quand et comment Alexandre Aja le producteur du film Maniac t’il contacté ?

Alexandre Aja est passionné par les mannequins de vitrine, déjà omniprésentes dans “la Colline a des Yeux”, j’ai pu échanger avec lui sur ce sujet. Nous avons tous deux une fascination pour elles qui ne s’explique pas. En amont de la production en Juillet 2011, à l’origine de MANIAC, film dans lequel les mannequins ont un rôle déterminant, il a simplement cherché sur le Net des images de mannequins de vitrine et il a découvert mon site et des centaines de photos. Il m’a adressé un mail et nous nous sommes contactés. Il m’a parlé de son projet à venir, pour lequel il souhaitait puiser dans mes photos les images pour illustrer le travail de la photographe dans le film, dont la particularité est de réaliser des photos sur ce theme.

Peux-tu nous parler de ton travail sur ce film ?

Pour être franc je n’ai fait que lui proposer  un maximum de photos pour lui permettre de faire son choix.  Les photos devaient s’accorder avec l’ambiance du film, les souhaits du réalisateur (Franck Khalfoun), les choix de décor et ceux du directeur photo.  J’ambitionnais de les rejoindre en tant que photographe de plateau, je le leur ai suggéré, cela ne s’est pas fait. Bien dommage parce que le visuel du film est magnifique et les mannequins omniprésents. J’aurais sans doute pu réaliser des photos fantastiques dans une telle ambiance !

Quelles sont tes sources d’inspiration habituelles pour la photographie de mannequins ?

Elles répondent à ma fascination pour la femme et mon besoin de me réapproprier le monde, de le modeler, le transformer, le cadrer à ma façon. Comme mon univers tourne autour de la réalité réfléchie, et mes matières de prédilection sont les matières réfléchissantes, j’ai choisi de  développer des séries de photos autour de ce thème.

Pense tu que ces sources correspondent à la tonalité du film ?

Dans mes expositions, je rencontre des gens que les photos de mannequins mettent mal à l’aise. Mes images sèment le trouble. Intégrer le décor de la ville par le jeu des reflets prêtent vie aux visages figés. On ne sait plus très bien si elles sont vraies ou fausses. Je les cadre le plus souvent en portrait serré et leurs regards en disent long. Il en résulte un certain trouble, un décalage, qui justement a plu à Alexandre Aja et Franck Khalfoun. Ils ont choisi des photos particulières que je n’avais pas sélectionnées pour mes expositions, pour répondre justement à l’univers dense et étouffant du film Il y a dans ce Maniac une esthétique de l’image hors normes, dans les reflets et les miroirs, mon univers collait donc pleinement à la tonalité du film.

3

Jusqu’alors, quels étaient tes rapports avec le cinéma ?

Je n’imaginais pas travailler un jour pour le cinema, et notamment sur ce theme particulier. Je n’ai d’ailleurs jamais rien fait par calcul, aussi bien dans le domaine de la musique que de la photo. Ma famille proche est dans le cinema, la television : des acteurs (Dewaere), des comédiens ou des acteurs de synchro (Karsen, Collignon). Mais ces domaines ne m’attiraient pas. J’ai tenté d’approcher le milieu à travers la musique et realisé dans ce sens plusieurs BO de courts métrages. Maintenant j’envisage de travailler pour le cinema comme photographe de plateau et je ne désespère pas de réaliser un jour mes propres films…

As-tu eu l’occasion de voir le film original de William Lustig ? Si oui qu’en as-tu pensé ?

J’avoue, je me suis arrêté à la bande annonce. Je me suis renseigné sur le sujet et j’ai trouvé beaucoup d’articles sur l’Original. Je reconnais que le cinema d’horreur me terrifie et me met mal à l’aise. Rapport à ma sensibilité, je ne parviens pas à prendre assez de recul et je suis perturbé par les images chocs.

Tu ne semble donc pas aimer les films d’horreur ? Pourrais-tu nous en dire plus ?

Ce n’est pas particulièrement le cinéma qui m’intéresse effectivement. J’ai cependant vu quelques films : parfois le grand guignolesque est fun comme “Massacre à la Tronçonneuse”, parfois je suis terrorisé quand j’en sors “The Descent” par exemple. Le film qui m’a le plus marqué négativement n’est pas un film d’horreur: C’est “Irréversible”. J’aurais préféré ne jamais le voir. C’est à mon sens l’horreur absolue. Série Noire de Corneau n’est pas mal non plus. L’horreur est à mon sens plus violent dans les rapports humains que dans le voyeurisme sanguinaire

Ce travail pourrait t’il te faire changer d’avis au sujet des films d’horreurs ?

Je ne pense pas que mon avis changera sur ce thème, mais mon avis importe peu. Je n’irais pas plus au cinéma voir des films de ce genre. Curieusement j’ai bien reçu ce Maniac, j’ai adoré l’univers cinématographique et la façon de filmer du réalisateur. La caméra subjective qui nous implante dans le cerveau du tueur. J’ai simplement pris soin d’éviter de regarder les scènes chocs

4

Quels sont alors les genres que tu apprécie au cinéma ?

Le cinéma de fiction, les comédies humaines (tous pays) et le cinéma français. Quelques films d’actions parfois sont les bienvenus.

Pourrais-tu nous citer quelques uns de tes films de chevet ?

S'il n'y en avait qu'un ce serait "Ascenseur pour l'échafaud" de Louis Malle.

Plusieurs : "Certains l'aiment Chaud (avec Marilyn), "Une étrange Affaire" (Garnier Deffere)," Coup de tête" et "Série Noire" (Dewaere), Scarface (Pacino), "Sacrée Graal" (Monthy Python),  "Orange Mécanique"  (Kubrick)

Plus récents : "Die Hard" (Tous), Terminator (trop fun) "Alien" , "Abyss", "Star Wars" (Tous), "Pulp Fiction",, "Soldat Ryan", "Do the right Thing",  "Les Petits mouchoirs", " The Artist", Woody Allen (Tout)...

Et j'en oublie c'est certain !!

 

Y’a-t-il des réalisateurs auxquels tu t’intéresse ?

Wow Beaucoup ! Cameron, Scott, Jackson, Lucas, Snyder, Tarantino, Allen, Eastwood, Hawks, Boyle, Kubrick, Lee, Klapish…impossible de te les énumérer tous.

J’aime le beau cinéma, celui qui me capte et me fait voyager, tous genres confondus

Intéressant. Par ailleurs je ne cherche pas à te piéger loin de là ! Mais dans les réalisateurs que tu cite, certains font des films contenant « des scènes et des images chocs ». Je pense à Tarantino (Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Kill Bill), à Kubrick (Orange Mécanique, Shining, Full Metal Jacket) ou encore Danny Boyle (Trainspotting, 28 jours plus tard). Pourtant tu aime ces réalisateurs. Est-ce leur façon de mettre en scène la violence que tu supporte plus ? 

 Effectivement, dans les films que tu cites, que j’ai tous vus, il a bon nombre d’images chocs mais ce ne sont pas à proprement parler des images de film d’horreurs dans lesquelles on insiste sur le gore et l’hémoglobine. La mise en scène de la violence n’est pas la mise en scène de l’horreur. A part Kill Bill qui relève du grand guignol et dont les jets d’hémoglobines finissent par être funs et bienvenus, les autres films que tu cites ne sont pas précisément axés sur les jets de sang ou les têtes qui explosent. Nous y sommes entrainés dans un contexte, une histoire, une action violente, c’est exact, mais utile au déroulement du voyage proposé. Je reçois ce type d’image choc. J’aime me faire peur. Je n’aime juste pas le voyeurisme quand il s’agit d’un mec qui découpe lentement une femme et nous permet d’assister à l’ensemble des coups de son scalpel. Je préfère le suggéré, l’imaginaire. Le cinéma gore ne m’attire pas.

5

Jusqu’alors tu n’avais jamais pensé travailler pour le cinéma, cette expérience a-t-elle fait naître une nouvelle vocation en toi ? Serait tu prêt à recommencer si l’occasion se présentait à nouveau ?

2000% ! et j’aimerai même être à l’origine du film, réaliser des images en corrélation avec les souhaits des réalisateurs, m’impliquer dans la conception du film, participer, travailler, réfléchir, innover ! J’ambitionne clairement de travailler pour le cinéma, mais le cinéma voudra t’il de moi ?

Tu es également passionné de musique ? T’imaginerai tu composé le bande originale d’un film ?

Comme je t’en parlais précédemment, j’ai réalisé plusieurs bandes sons de courts métrages, et notamment avec Céline Nieszawer (Heureuse). Il y a quelques années, j’ai même produit à cet effet plusieurs Cd instrumentaux que j’ai adressé à un grand nombre de productions. Vous pouvez d’ailleurs les télécharger sur ce site, c’est autorisé Jhttp://www.jamendo.com/fr/artist/232/david-law Je ne suis pas parvenu à entrer plus que ça dans ce milieu somme toute très sélectif et fermé, il y a un grand nombre de musiciens talentueux et les places à prendre sont rares ou déjà prises…Je pense que je jouerais un rôle déterminant dans ce domaine, quand le temps viendra…

D’ailleurs qu’as-tu pensé de la bande originale de ce nouveau Maniac ?

Je pense que tout l’art d’une bande originale est d’être là pour appuyer le film et son déroulement tout en sachant se faire oublier. Elle ne doit pas se faire remarquer en somme, elle contribue à l’ensemble et doit permettre de sublimer le voyage proposé. On ne remarque pas une excellente bande originale, en revanche, on peut être déçu par un film si la bande originale ne colle pas, meme si le film est bon. Un excellent film est un tout, chaque detail a son importance. Je sors rarement d’une séance de cinema avec un souvenir précis de la bande originale. Si j’ai aimé le film, j’ai donc aimé la bande originale. Et j’ai aimé MANIAC…

 

Tu prévois de réaliser une exposition en collaboration avec la Warner, peut tu nous en dire plus ? Cela concernera uniquement ton travail sur le film ?

Mon souhait était de participer activement à la promotion du Film, dans la mise en place d’exposition pour les Rendez-vous presse et la première du film. Je leur ai fait part de mes idées sur ce sujet, nous nous sommes rencontrés, nous devions collaborer.  Rien à ce jour n’a encore été décidé

6

Le remake de film d’horreur  est devenu à la mode ces dernières années. Le résultat n’a pas toujours été convaincant. Ce remake de Maniac est attendu à la fois avec impatience et perplexité par les fans de l’original. Pense tu que le film parviendra à séduire le public ? Pense tu que ce sera un succès ?

S’il n’y avait pas les scenes d’horreur, ce film constituerait un formidable thriller intense et psychologique voué à faire un carton ! Je pense qu’il séduira à la fois les amateurs de “Beau” cinema, et les passionnés de films d’horreur.

Puisque tu semble faire la distinction entre « Beau » cinéma et film d’horreur, une dernière petite question. Connais-tu les films d’épouvante horreur de Dario Argento ? Si oui j’aimerai bien connaître ton avis ?

Je viens de consulter sa filmographie et je m’aperçois que non, je n’ai vu aucun de ses films. Le créneau dans lequel il évolue ne m’a pas convaincu. Si ses films sont annoncés comme épouvante et d’horreur, par défaut, je ne m’y intéresse pas. C’est peut être un tort, j’avoue, et si tu me le cites, c’est qu’il fait aussi du beau cinema. Je prendrais le risque, juste pour voir, et me faire une opinion plus precise, c’est d’accord !

 Nous te remercions donc David d’avoir bien voulu nous consacrer du temps pour cette petite interview amateur. J’espère que tu seras des notre pour les discussions que va engendrer cet article. Visiblement le Cinéma semble t’emporter vers de nouveaux horizons et qui sait peut être qu’un jour sur Naveton on chroniquera un film de David Law ?

Mmm, c’est tout le mal que je me souhaite!  Merci à toi pour cette interview !

Merci à Vince12 de NAVETON pour cette interview

L'Ange Blond

Réalisée le 10 décembre 2012

Liens web

http://davidlaw.fr “Girls In Town”, photos de 2002 à 2009

http://www.facebook.com/TheGirlsInTown  “Girls In Town”, photos de 2009 à ce jour

http://www.facebook.com/PullipsAndCo “Pretty Dolls”

http://www.facebook.com/TempleDal  “Des Âmes Libres”, musique 

Remercions donc David pour cette interview. Qui a permis de mettre en évidence son aventure avec le cinéma. Nous aurons d’ailleurs l’occasion de le retrouver pour parler notamment de son projet d’exposition. Et qui sait peut être pour d’autres projets.

Vince12


Retour à La Une de Logo Paperblog