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[anthologie permanente] Max Jacob

Par Florence Trocmé

Les éditions Gallimard viennent de publier dans la collection Quarto les Œuvres de Max Jacob, dans une édition établie, présentée et annotée par Antonio Rodriguez, d’après les éditions revues par l’auteur et ses manuscrits. Le livre compte pas loin de deux mille pages.  
Accès de vue perspective 
 
Vue en montagne d'une maison blanche à tourelles. 
C'est la nuit ! il y a une fenêtre de lumière, 
Il y a deux tourelles, deux tourterelles de tourelles 
Derrière la fenêtre et dans la maison 
Il y a l'amour, l'amour et sa lumière de feu ! 
Il y a l'amour à foison, à ailes, à éloquence 
Au troisième étage de la maison 
Au troisième étage de la maison dans une autre chambre 
Chambre sans lumière, il y a un mort 
Et toute la douleur de la mort 
La moisson de la douleur, 
Les ailes de la douleur, 
L'éloquence de la douleur 
Vue perspective d'une maison blanche à tourelles. 
in « Le Laboratoire central », p. 565 
○ 
Le point théorique 
 
Les pierres des bagues ou étangs, les étangs ou pierres de bagues. Avez-vous vu ce qui remue au fond, au fond des pierres des bagues, au fond des étangs ? Au fond du monde, il y a quelque chose qui remue et qui attire comme le fond des bagues et celui des étangs 
in « Visions infernales », p. 654 
○ 
Le Sommeil 
 
  au cher Igor Markevitch 
 
Veilleur de nuit, veilleur de nuit, 
Dans les rais d’argent de la nuit. 
Qu’y a-t-il de plus pauvre que l’homme endormi ? 
La nuit ne caresse pas. Ô prison de la nuit ! 
Mais la pensée est une eau froide 
Qui tombe sur ton cadavre roide. 
Qu’y a-t-il de plus pauvre que la pensée ?  
Elle féconde la misère de l’homme endormi.  
Elle arrose la tête, elle l’ensemence. 
Pitoyable terre, je n’ai compris ton silence 
Que dans le sommeil. Pas de dimanche 
Pour le sommeil impitoyable de l’homme nu, 
Même le songe n’est pas à lui.  
Terre oreiller, ô dure terre pour mon épaule, 
Songe mystère qui vient du pôle 
À l’arbre qui rêve, à l’arbre qui dort, 
Pareil est notre sort. 
Veilleur de nuit, veilleur de nuit, 
L’océan ne fait aucun bruit. 
Voici la voile qui s’étale 
Le bateau du lac de Stymphale 
Tamponnez le môle du sommeil 
Rame nocturne, sabot, je m’éveille.  
in « Rivages », p. 1444 
Max Jacob, Œuvres, collection Quarto, Gallimard, 2012, 1824 p., 29,50€.  
Max Jacob dans Poezibao : 
bio-bibliographie, Association des Amis de Max Jacob, Dossier Max Jacob, un texte de François Rannou à l’occasion de la diffusion du film Monsieur Max, extrait 1 
Poezibao recommande particulièrement le dossier très complet réalisé par Tristan Hordé. Avec en particulier les points de vue de Michel Leiris, Cingria, Apollinaire, Le Clézio sur le poète ainsi que de nombreux autres poèmes.  


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