Par l'élève Moinet
Ce sont des hommes, des vrais.
Gert Fröbe
Gert Fröbe ? C’est un peu le grand-père qu’on n’a pas eu. Qui vous aurait fait sauter sur ses genoux et laissé jouer avec sa casquette galonnée. Faut dire qu’il y a des gens comme ça, qui ont la grosse tête bien pleine de l’emploi. Besoin d’un bon nazi ? Ach, l’ami Gert fera l’affaire. Rustre, arriviste, mégalo, méfiant, arrogant, subordonné à souhait. Toujours placé, jamais gagnant. Et vas-y que j’te bouscule dans La fantastique histoire vraie d’Eddie Chapman et vas-y que j’t’aboie dans Paris brûle-t-il ? Sans oublier, bien sûr, cerise sur le kouglof : Le jour le plus long. Dans Tollkühnen Männer in ihren fliegenden Kisten, heu, dans Ces merveilleux fous volants dans leur drôles de machines, il ira même jusqu’à enfiler le casque à pointe. Preuve de bonne volonté s’il en est.
Même dans Goldfinger il ne pourra se départir de son accent à couper une saucisse de Francfort au couteau. "Peu importe, monsieur Bond, le golf est à moi…" "Non Monsieur Bond, j'espère que vous mourrez !..." Et pour cause, c’est lui-même qui se doublait dans la VF alors qu’il ne parlait pas un mot d’anglais. Pas la peine de lui mettre les (deux) points sur le Ö, c’est lui qui doublera Ernst Stavro Blofeld, interprété par le fugace Anthony Dawson, lui-même doublé par Eric Pohlmann dans la VO de Bons baisers de Russie et d’Opération tonnerre. Le doubleur doublé, quoi. Gert Fröbe ? Pas un bon aryen.
Leon Atkins
Si l’Allemagne avait son Gert, l’Autriche avait son Leon. De son vrai nom, Leo Aschkenasy, patronyme difficile à porter à une certaine époque, le jeune Leon Atkins émigre rapidement à Hollywood. Pas rancunier, il enfile l’uniforme soutaché du Général Buhkalter qui le fera passer à la postérité. Rappelez-vous, sa grosse tête bien pleine, bien balafrée, le sourire en coin par-dessus l’épaule de Klink. J’ai essayé, ça ne marche jamais. Les galons peut-être… Pourtant Leon Atkins, c’est un peu le grand-père qu’on n’a pas eu, qui vous aurait fait sauter sur ses genoux et laissé jouer avec sa médaille.
On le retrouve dans une tentative de suite du meilleur film de la Hammer, Le chien des Baskerville : Sherlock Holmes et le collier de la mort de Terence Fisher. Raté. Pas rancunier, le revoilà dans Frankenstein. De la Hammer à la Transylvanie, il n’y a qu’un pas. Encore raté. Sa (longue) scène du testament est encore cachée dans les bonus de Frankenstein junior. Il ne verra jamais le château – plus gothique tu meurs – de Frau Blücher et du baron Frankenstein, heu, pardon, Frankenstine.
Vous voulez que je vous dise ? L’Autrichien, pas si rancunier que ça.
Alfred Hermans
Si l’Allemagne avait son Schultz, la Belgique a eu son Alfred. Alfred Hermans, Fred pour les intimes, qui garda les cages du Koninklijke Sporting Club Hasselt au Stedelijkestadion Hasselt dans les années 80, comme Hans Schultz, Hansi pour les intimes, gardait les prisonniers du Stalag 13 dans les années 60. Pourquoi, je pense à lui, tout d’un coup ? Je sais pas… Cette (grosse) tête bien pleine… Cette moustache…Faut dire que Schultz, c’est un peu le grand-papa qu’on n’a pas eu, qui vous aurait fait sauter sur ses genoux et laissé jouer avec son fusil. Bref, gloire éternelle au physionomiste de thevintagefootballclub.blogspot.com.
L’histoire ne dit pas si Fred était lui aussi une passoire et qui était son capitaine au Koninklijke Sporting Club Hasselt, matricule 37 de l'URBSFA. Peu importe, être gardien de but dans la boue wallonne un soir d’hiver mérite un respect profond. En tous cas, le KSCK, un nom à jouer dans Dikkenek ou je m’y connais pas.
Guy Roux
Si l’Allemagne avait son Gert, nous on a notre Guy. Guy quoi ? Allons, un peu de sérieux. C’est que le roi de l’Yonne est le régional de l’étape. Un Alsacien, un vrai. Un vrai Colmarien qui se respecte. Le grand-père qu’on n’a pas eu, qui vous aurait fait sauter sur ses genoux à la Saint-Nicolas en attendant vos cadeaux… Mais trêve de rêverie. Alors Guy, à quand ta (grosse) tête bien pleine sur le banc du Racing pour une petite pige en national ? Hein ? En attendant, gardons le meilleur pour la fin. Rappelez-vous l’inoubliable : "Ahlala, un Autrichien pour arbitrer l'Allemagne, on aurait pu éviter...". A quand Guy Roux aux (grosses) têtes ?