Jeanne Moreau, que j'admire tant...encore maintenant.

Jeanne Moreau était l'invitée de l'émission eclectik de Rebecca Manzoni sur France Inter ce matin et, si toutefois tu l'as manquée, sache que tu peux la réécouter par ici alors surtout ne t'en prive pas.

L'occasion de passer un joli moment avec cette grande dame qui, je l'ai découvert aujourd'hui, a 84 ans. 

Qu'il est doux de l'entendre s'enthousiasmer pour un réalisateur qui, répondant à sa question à propos de ce qu'elle devait faire sur un plateau (concernant  son jeu), lui rétorque "oh écoute tu vas pas m'emmerder (sic), tu es de la Comédie Française, tu sais ce que tu dois faire, pas besoin de te le dire".

Qu'il est bon de l'écouter expliquer pourquoi elle n'a jamais couché avec Bergman (oups. On n'imagine pas ça...) (et voilà qu'elle démystifie d'un mot le grand Bergman)

Qu'il est touchant de l'écouter évoquer la fin de son histoire avec Louis Malle et ses errances nocturnes avec Marguerite Duras quand son hsitoire avec Louis s'est terminée, errances au cours desquelles elle avoue qu'elle espérait tomber sur lui "par hasard". ("Sa"Margot, qui lui parlait de "la fuite devant l'amour"...)(comme j'aimerais que quelqu'un puisse nous relater l'intégralité de leurs échanges d'alors, si tu savais)

Cette femme est pour moi l'incarnation de la liberté absolue bien entendu son rôle dans le "Jules et Jim" de Truffaut lui allait comme un gant, cette amoureuse passionnée qui n'a eu de cesse dans sa vie que d'écouter ce que lui dictait son coeur. 

Jeanne Moreau est de ces artistes dont on apprécie autant les paroles que les silences et c'est ce qui fait la beauté de cette émission dominicale de Rebecca Manzoni : il y a de la vie, des souffles, des silences et des fulgurances. Tout ce qui fait la vie. Eclecti est une émission dont on se délecte du début à la fin, la dernière minute incluse... Une minute de solitude toute en émotion aujourd'hui. Où l'artiste tombe le masque et se laisse aller à une fragilité à laquelle, de sa part, on n'est pas franchement habituée. 

Les années passent et la grande Jeanne reste fidèle à elle-même. J'aime.