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Comédie mi-figue mi raisin

Par Borokoff

A propos de Télé Gaucho de Michel Leclerc ★★☆☆☆

Félix Moati - Télé Gaucho de Michel Leclerc

Félix Moati

A Paris, Victor (sympathique et drôle Félix Moati vu dans LOL), un jeune homme d’une vingtaine d’années hésite sur le sens à donner à sa vie. Son cœur bat pour le cinéma mais il est finalement (et malgré lui) engagé comme stagiaire pour une grosse chaîne de télévision en même temps qu’embarqué dans des aventures pour le moins rocambolesques au sein d’une télé de quartier associative et militante de gauche (extrême) : Télé Gaucho. Un jour, il rencontre Clara (Sara Forestier) et sa vie prend alors un tournant amoureux aussi radical que Télé Gaucho. Un tremplin vers la maturité que ne suit pas forcément la trajectoire plus fluctuante de son avenir et de son parcours professionnel…

Inspiré des souvenirs personnels de Michel Leclerc qui travailla pour Télé Bocal, une télévision libre et engagée politiquement de 1995 à 2000, Télé Gaucho est une comédie gentiment loufoque, pleine de personnages généreux et hauts en couleurs. Des potes aux allures de forains ou d’artistes du cirque.

Télé Gaucho de Michel Leclerc

Parmi eux, citons les personnages de Bébé et de Jimmy (inénarrables Samir Guesmi et Zinedine Soualem) ou celui du loufoque Adonis (Lionel Girard). A la tête de cette joyeuse bande des militants des Droits de l’Homme, Eric Elmosnino (alias Jean-Lou) joue avec une bonne humeur, une énergie et un entrain qui ne suffisent pas toujours à combler les lacunes du scénario et d’une mise en scène qui manque de tension malré toutes ses bonnes intentions.

Michel Leclerc souhaitait au départ réaliser un documentaire avant de se tourner vers la comédie. Cette hésitation se ressent dans sa comédie qui parvient parfois à faire décrocher des sourires (le contenu de la rubrique que Victor a créé pour Télé Gaucho intitulée Les objets qui font chier est assez drôle) mais ne lâche pas assez les chevaux pour faire vraiment rire.

Félix Moati, Sara Forestier - Télé Gaucho de Michel Leclerc

Félix Moati, Sara Forestier

En fait, Télé Gaucho semble constamment osciller entre plusieurs genres, entre l’(auto)portrait intimiste d’un jeune homme qui cherche sa voie mais dont le destin et le parcours sont freinés et contrariés par des amours malheureux et une comédie vraiment déjantée. Si  l’on nage  entre deux eaux, entre deux territoires, aucune piste ne semble vraiment privilégiée ni assez approfondie.

Le personnage un brin paumé de Clara, par exemple, symbole de candeur, est joué par une Sara Forestier qui force un peu trop le trait et la naïveté de son personnage pour être vraiment drôle et touchante.

Sara Forestier - Télé Gaucho de Michel Leclerc

Sara Forestier

Eric Elmosnino joue avec une belle générosité les excès de son personnage fantasque, mais si certaines de ses tirades sentent l’improvisation, talentueuse certes, ces élans ne sont pas assez cadrés par une direction d’acteurs précise et rigoureuse.

En fait, le problème de Télé Gaucho est que l’on ne parvient pas à distinguer ses réels enjeux. Jusqu’au bout, on ne sait pas où Michel Leclerc veut exactement en venir. La fin du film ne lève pas cette interrogation hélas. Est-ce une chronique teintée de souvenirs personnels ? Une comédie légère ? L’(auto)portrait d’un jeune homme qui tâtonne et se cherche ?

On flotte entre plusieurs territoires et cette indécision est dommageable au rire malgré quelques scènes cocasses. On aurait aimé par exemple que le personnage central de Victor soit davantage étoffé. La fin du film est frustrante. On ne sait pas ce que va devenir Victor ni ce qu’il veut faire au final dans la vie. Comme si on retournait au point de départ et que le héros n’avait pas avancé. Même si la chute laisse penser qu’il est heureux au moins, ce qui n’est pas si mal déjà, on ne sait pas ce qu’il va faire de tout son talent ni de son humour. Aurait-il mis au placard ses ambitions ?

Certes, la vie et les amours tumultueux qu’il a vécus avec Clara ont ralenti son parcours dans le cinéma, mais on aurait aimé en savoir davantage sur où il en est exactement, ce vers quoi il veut tendre, etc… Quant à l’aspect comédie lui-même, il n’est pas assez assumé ; Télé Gaucho occasionne certes des sourires (scènes du film porno sur les toits, du piratage du discours télévisé des vœux présidentiels ou encore de pagaille que sème la joyeuse bande dans les bureaux d’un gros producteur de télé) mais sans faire rire aux éclats…

http://www.youtube.com/watch?v=i5wu248G0u8

Film français de Michel Leclerc avec Félix Moati, Sara Forestier, Eric Elmosnino… (01 h 52)

Scénario de Michel Leclerc et Thomas Lilti:

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Mise en scène :

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Acteurs :

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Dialogues : 

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Compositions de Jérôme Bensoussan :

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