PAR BERNARD VASSOR
Avant les café-concerts, il y eut des cafés chantants en plein air, devant des kiosques à musique tenus par des cabaretiers. L'entrée était gratuite, mais un verre d'eau sucrée coûtait deux francs pour une place sur un fauteuil aux Champs-Elysées, un franc cinquante sur une chaise, et il fallait renouveler les consommations à l'Alcazar d'été ou aux Ambassadeurs. Il y en avait pour tout le monde, vous pouviez entendre un ténor bossu ( avec une vrai bosse qu'il pouvait dévoiler à la demande), une chanteuse mauresque, ainsi bizarement surnommée parce qu'elle était née à la Martinique, et vêtue d'habits chinois !!! On pouvait entendre un comique normand patoisant, voir et écouter le quadrille des clodoches, des clowns en caleçons rouges sur un maillot blanc, des ballerines comme à l'Opéra, et surtout les Tyroliennes en véritables habits folkloriques. Les scies populaires du moment (en 1860) sont : "Les pompiers de Nanterre, le Sire de Framboisy, Ohé ! les p'tits agneaux, la chanson du Sapeur, j'ai le nez qui r'mue et le doigt de pied qui m'chatouille. Un public élégant ne craint pas d'assister à ces spectacles où Thérésa obtient un véritable triomphe avec des chansons stupides ! Depuis quelques temps, grâce à un procès retentissant intenté par un auteur Ernest Bourget, les cafés chantants paient des droits d'auteur à une Association des auteurs et compositeurs créée pour l'occasion.Le Café des Ambassadeurs près de l'avenue Gabriel doit son nom doit son nom à la fréquentation de quelques employés et à la proximité des ambassades environantes.
D'abord Café en plein air, devant le succès remporté par cette formule, le patron du café fit construire par Hittorff en 1841 une immense salle "en dur". Il engagea alors beaucoup de jeunes chanteurs et fantaisistes.
En 1847, un auteur Ernest Bourget est attablé avec des amis. Au moment de régler l'addition, Bourget refuse de la régler, arguant que les chansons qu'il avait entendues, ne lui avaient pas été rémunérées.
Procédurier, le patron des ambassadeurs fit coffrer les trois compères et engagea un procès pour grivèlerie.... Mal lui en prit, la justice donna raison à Ernest Bourget. En 1850, à l'imitation de la Société des Auteurs crée par Desnnoyer dont Balzac fut un temps président, une société de défense qui allait devenir la SACEM vit le jour.
Besselièvre, lui aussi eut à répondre pour une autre chanson à des poursuites judiciaires.
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Une chanson que l'on connait par cœur aujourd'hui nous est restée, bien que Bourget ne touche plus de droits depuis belle lurette, c'est : "Le Sire de Frammboisy"