Magazine Cinéma

[Critique] LES BETES DU SUD SAUVAGE de Benh Zeitlin

Par Celine_diane
[Critique] LES BETES DU SUD SAUVAGE de Benh Zeitlin
Dès ses premières images, Les Bêtes du sud sauvage impose sa fougue et sa violence : on est plongés au cœur du Bayou, en Louisiane du Sud, aux côtés d’une fillette afro-américaine de six ans. Elle, élevée à la dure, écoute les battements de cœur des oiseaux. Son père, quasi mourant, pêche les poissons à la main. Ses voisins, boivent beaucoup, s’amusent encore plus, se fichent pas mal de l’imminente inondation annoncée. Le film le plus récompensé de l’année (Grand Prix du jury à Sundance et Caméra d’or à Cannes pour ne citer qu’eux) brille d’emblée par une énergie folle, Zeitlin est partout, essayant de capter toute la dichotomie des choses qui l’entourent : cruauté et douceur d’une Nature saccagée par la civilisation d’un côté, fragilité et force de l’être humain, de l’autre. Le film est une véritable expérience sensorielle, quelque part entre cauchemar (menaces apocalyptiques, parfum de mort) et rêve éveillé (la vie y est célébrée tout du long comme un éternel miracle). Terre, eau, feu, air : tout y est. Un retour au primitif, à l’essentiel, à l’essence même des choses. On s’y trémousse aux rythmes de la Nouvelle-Orléans, on y gueule fort, on y dépiaute du crabe avec les dents, on s’y interdit de chialer, on tente de garder la tête haute face à l’âpreté de l’existence : c’est la vie, finalement, dans ce qu’elle a de plus dégueulasse, dans ce qu’elle a de plus beau. 
Avec son héroïne haute comme trois pommes, plus magnétique que bien des actrices américaines contemporaines (Quvenzhané Wallis, choisie parmi plus de 4000 fillettes), le cinéaste américain livre un parfait bonbon au poivre : fable survoltée, survival naturaliste, film catastrophe intimiste. Un mélange (d)étonnant qui parvient, malgré l’intensité visuelle de l’ensemble, à faire exister merveilleusement bien sa philosophie : se tenir debout, digne, malgré les obstacles. En effet, tous les personnages du récit affrontent deuils, maladies et autres cataclysmes (naturels ou non, et symbolisés par les aurochs préhistoriques, animaux-métaphores du titre), et ce, sans jamais courber l’échine, le positivisme en bandoulière. Ainsi, Les Bêtes du sud sauvage s’impose-t-il en feel good movie d’un tout nouveau genre. Inlassablement optimiste, et pourtant bordé du pire, il mixe le merveilleux à l’horreur, le tragique au poétique. Toujours en équilibre, tiraillé à chaque instant, entre les cages (et cases) socio-économiques créées par l’Homme, et les étendues sublimes d’une liberté encore possible. 
[Critique] LES BETES DU SUD SAUVAGE de Benh Zeitlin

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Celine_diane 512 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines