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Interview avec Odezenne

Publié le 18 décembre 2012 par Bullesonore

Interview avec Odezenne

Odezenne, un groupe de copains bordelais, qui fait de la musique en français, a sorti l’album OVNI (Orchestre Virtuose National Incompétent ) sur le label Universeul. Inutile d’en dire plus, le nom veut tout dire.

L’album a également pour vocation de s’exposer dans des galeries d’art avec les photos réalisées en collaboration avec le photographe Sébastien Cottereau et les créations d’Edouard Nardon, du collectif d’artistes Cuhllection considéré comme la nouvelle vague avant- gardiste new- yorkaise. C’est cette collaboration en triptyque qui dessine l’univers de O.V.N.I.

Odezenne préparait leur grande soirée OVNI ORGIE PARTY au Rocher de Palmer le samedi 15 décembre, et pour l’occasion, Alix et Jaco ont répondu à quelques questions.

Présentation d’ODEZENNE, les personnes qui font partie du groupe :
Jaco : C’est un groupe, on est 4, et on fait de la musique en français.
Alix : Il y a Jaco et moi à la voix, et on écrit les textes, et il y a Mattia qui fait toute la musique. C’est essentiellement tous les trois que se fait le processus de création. Ensuite sur scène il y a Lodjeez, qui est le DJ et qui joue aussi des synthés.

Pourquoi ce nom, ODEZENNE ?
Alix : Odezenne c’était le nom de la directrice du bahut dans lequel j’étais quand j’étais au collège. C’était un personnage… le genre de prof qu’on n’aime pas trop.
(Jaco précise qu’il n’a pas connu cette femme, mais qu’il aurait pu vivre une grande histoire d’amour avec elle.)

Le nom vient d’un délire, le groupe aussi ?
Alix : A la base c’était un peu un prétexte, l’idée c’est qu’on kiffe passer du temps ensemble, on a pas trop envie de grandir, donc on s’est dit on va faire de la musique, c’était une bonne excuse.

Délire entre potes, arrive le côté plus sérieux, vous composez des morceaux, comment se répartit la manière de construire les morceaux ?
Jaco : Il n’y a pas vraiment de recette, c’est vrai qu’avec Alix on écrit les textes, Mattia fait essentiellement la musique, mais chacun va avoir quand même son mot à dire sur le travail de l’autre. Chacun est le garde fou de l’autre. Mais il n’y a jamais un procédé vraiment miracle pour faire à chaque fois les choses, ça dépend. Des fois c’est le son avant, des fois ce sont les textes.
Alix : on s’estime tous les trois énormément dans ce qu’on fait, du coup ça nous pousse. C’est l’idée du groupe, c’est de faire des trucs mieux que si tu étais tout seul.

Interview avec Odezenne

Le choix de la langue s’est fait automatiquement car vous êtes français ?
Jaco : Je ne me suis jamais posé la question de savoir si j’allais chanter ou raper dans une autre langue, et ça me fait bizarre quand un français chante dans une autre langue. On peut se permettre le luxe d’écrire en français car dans notre tradition on a des grands.

Vous avez commencé à vous montrer aux gens à Bordeaux, c’était important pour vous de partir et de vous produire devant un public plus large ?
Alix : Non non, tu as l’impression qu’on est parti d’ici ? Non, justement, on a toujours cru qu’on pouvait faire les choses d’ici ou d’ailleurs. Dans le monde de la musique il y a toujours ce délire que si tu n’es pas à Paris, c’est compliqué, tu perds du temps, tu rencontres moins de gens. Nous, moins on rencontre de gens, plus on est heureux. Donc on reste ici, on va peut-être se barrer à Berlin, ou Londres, car on a envie de voir du pays, mais c’est personnel, rien à voir avec la musique. ça n’a jamais été un frein d’être à Bordeaux.
Jaco : Moi je me suis enfui de Paris pour venir à Bordeaux.

Pour parler de vos morceaux, vous abordez pas mal de choses, mais il y a quand même le sujet de la drogue qui revient assez souvent …
Alix : Ce n’est pas le seul mais oui c’est vrai, on parle pas mal de nanas aussi, mais c’est assez lié. On a beaucoup fumé, donc forcément ça imprègne, ça marque ta vie, ça marque tes souvenirs, donc c’est dans nos textes. C’est un milieu qu’on a pas mal fréquenté, et c’est juste que ce sont des expériences extralucides, ce sont des moments de révélation, c’est important quoi qu’on en dise, c’est constitutif de nous, de Mattia.
Jaco : Tu as des périodes où tu vas écrire quelque chose, puis écrire autre chose de complètement différent, être dans un autre délire. Et en ce moment j’ai besoin de beaucoup fumer, pour me rendre débile, pour voir des choses de manière très simple. Si j’étais né il y a 50 ans avant, je serais un pochtron, je boirais du vin rouge, je suis comme ça, mais je ne suis pas cleptomane, ni pyromane, j’ai ce défaut là.
Alix : Pour répondre précisément à ta question, ce n’est pas une volonté de parler de la drogue, ou de nanas, c’est juste qu’on écrit ce qu’on vit ou ce qu’on croit vivre. La nuance elle est assez mesquine. Mais vu que ça fait partie de notre vie, forcément ça se ressent. C’est pas un sujet important en soi, c’est ce qu’il y a autour.

Fascinée par le morceau Saxophone, je suis obligée de penser à la comptine « Trois petits chats », est ce que le morceau s’est construit avec un rapport à cette chanson ?
Jaco s’adressant à Alix: J’ai commencé ce morceau en freestyle à la radio, à la Clé des Ondes, et tu m’avais dit que c’était cool, et j’avais perdu le texte chez toi. Donc oui, c’est par rapport à trois petits chats, il y a eu le texte d’un côté, et un jour matthia a fait un début de riff, et Alix a eu l’idée de mettre ce texte sur ce riff, et ça a fait cette chanson où le texte est au service de la guitare.
Alix : Contrairement à Dedans, Meredith où il faut suivre de A à Z, ici ce sont plus des images qu’on balance, et l’idée c’était vraiment d’habiller la guitare, plutôt que de poser sur une instru en tenant un vrai discours.

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Il y a d’ailleurs un clip sur cette chanson où il y a vraiment toute une histoire :
Alix : La vidéo n’est pas du tout l’illustration du texte. Normalement le texte c’est une balade dans la ville la nuit. Tu as les écouteurs, tu regardes et c’est un mélange, il y a une nana, et il y a la vie quotidienne, il y a la galère de la monotonie. Et tu tournes en rond. Donc c’était difficile d’illustrer ça. Le clip c’est complètement différent, c’est le collectif Oktome qui est arrivé et qui a illustré l’univers des années 80. On s’est dit qu’on aimerait bien délirer dans un supermarché la nuit, un rêve de gamins, et c’est comme ça qu’est parti le clip.

Je me suis posée la question de qui est le mec qui fait le premier couplet et le refrain de la chanson Impalpable ?
Alix : C’est Rodd. C’est bien on nous pose jamais cette question. Alors c’est un bordelais, il fait parti d’un groupe qui s’appelle « Olympe Mountain ». Ils ont fait un album, il y avait Grems, Sept, Rodd, Iraka 20001, et Boobaboobsa. Donc Rodd c’est lui qui a enregistré tout notre premier album « Sans chantilly ».
Jaco : C’est un excellent rappeur, et tu es peut être la seule à entendre ça de ma bouche. Je n’ai jamais dit à un rappeur qu’il était excellent.

La chanson « Le plus beau cul du monde », histoire vraie ou simple mythe ?
Jaco : Orgasme multiple.

Comment est née la chanson Tu pu du cul :
Alix : C’est moi qui ai commencé à l’écrire, pendant 3-4 jours on a écrit des morceaux comme Maux Doux, Méli-Mélo, et on en avait un peu marre, et j’ai pondu le texte en 10 minutes. On avait envie de se défouler dans l’écriture, car jusqu’à présent on s’interdisait pas mal ce genre d’exercice, on trouvait ça un peu sans intérêt. On en avait marre que les gens pensent qu’on est juste des mecs qui se prennent la tête sur des sujets hyper sérieux, alors que la plupart du temps ce sont des trucs qui sortent comme ça. 

Et elle a eu beaucoup de succès rapidement…
Alix : On a bien fait de l’écrire, de l’enregistrer, et de la sortir, au début on ne voulait même pas la sortir sur l’album OVNI, il est sorti en 15 titres, et puis en suite en version LOUIS XIV, et donc là avec Tu pu du cul. C’est un peu l’histoire de ce morceau.

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Quel regard portez vous sur la musique actuelle ?
Alix : Moi je trouve que c’est vraiment une belle période. Aujourd’hui, n’importe qui peut mettre quelque chose à disposition du public. ça élève un peu le niveau, c’est à dire que même s’il reste toujours des groupes un peu fabriqués, je ne le regarde pas, ce n’est pas de la musique pour moi. Mais du coup la musique est hyper inventive, elle se nourrit de plein de choses, on mélange tous types de créations : la vidéo, la musique, la peinture. C’est d’ailleurs pour ça que notre soirée le 15 on veut montrer toutes ces facettes là. En même temps je regrette un peu le côté sacré des Beatles, car il y avait peu de groupes, et donc il y avait une effervescence énorme.

Mais aujourd’hui j’écoute des choses qui me fascinent, et je pète des câbles, c’est trop bien.

Des fois, grâce à des petits blogs, je vais tomber sur un artiste et je vais être bluffé. Dernier exemple en date, un mec qu’on a invité à la soirée, il s’appelle « Paulie Jan », il va venir faire son set, il a sorti un EP 6 titres, il a même pas 200 fans sur Facebook, et il est hyper doué. Un mec comme ça, il y a 15 ans, jamais je ne l’écoute.

Vous avez entre autres gagné le prix Deezer, qu’est ce que ça représente pour vous ?
Alix : Le prix pas grand chose, mais quand même une reconnaissance. On a tous été en échec scolaire, donc pour une fois qu’on est bons… On gagne le droit de jouer dans des bons endroits, quand même. On a été au Montreux Jazz Festival, on a joué dans la même salle que Prince 40 ans avant. On a joué aux Nuits Botaniques à Bruxelles.

Vous terminez votre tournée le 15 décembre à Bordeaux, au Rocher de Palmer, vous êtes entourés de tous les artistes qui vous ont accompagnés durant l’album, vous pouvez m’en dire plus sur la soirée ?
Alix : L’idée c’était de vraiment réunir tous les gens avec qui on a bossé pendant deux ans, et de leur donner aussi une tribune, c’est comme un service rendu, avant de tourner la page.
Les gens avec qui on a bossé au niveau du visuel comme Edouard Nardon, ou les clips, on leur doit beaucoup, on n’oublie pas ça. « Grâce à vous on en est là, c’est à dire à faire une belle soirée,  dans une grande salle, donc maintenant on va montrer ce que vous faites vous avec nous (les clips), mais aussi ce que vous faites seul (les cours métrages, des tableaux). » On veut faire découvrir à notre public à Bordeaux l’univers de ces gens là.
C’est pas un concert, c’est pas une projection de cours métrages, c’est pas une exposition, c’est quelque chose d’un peu différent. Il y aura pleins de surprises.
Jaco : ça va être très classe.

Il y a également la diffusion du clip/film de Maux Doux :
Alix : La diffusion du film de Maux Doux oui, c’est bien tu es au courant tu ne tombes pas dans les pièges. C’est notre grande fierté du moment, ça fait 10 mois qu’on bosse dessus, avec un réalisateur/ami qui s’appelle Andy Lee, qui est hyper talentueux, et qui est venu 4 mois à Bordeaux pour préparer ce film là. Il revient pour l’occasion, on va diffuser tout ça sur un écran de 16 mètres et il nous tarde vraiment.

Qu’est ce qui va se passer maintenant pour vous après cette tournée ?
Alix : Franchement des vacances, ça fait 2 ans qu’on avance qu’on avance, vraiment j’ai besoin de vacances.
Je crois en cette vertu de ne rien faire.

Pas d’étiquette, pas de case, Odezenne sont naturels, ils ne jouent pas un rôle au milieu de ce paysage musical. Ce sont des potes qui font de la musique en français, qui partagent leur passion et leur talent à des gens curieux et assoiffés de bonne musique.
Pour écouter et acheter le vinyle tu peux cliquer ici et ici.

Remerciements : David et Maxime d’Iwelcom


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