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CRITIQUE DU FILM : Les Révoltés de l'an 2000, de Narciso Ibáñez Serrador (Quién puede matar a un niño ?, 1976)

Publié le 18 décembre 2012 par Redrum @Ingoruptibles

Un couple de touristes anglais arrive sur une île espagnole. Bientôt, ils se rendent compte que les enfants règnent en maîtres sur l'île et qu'ils assassinent tous les adultes.

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Redrum : Digne héritier d’un cinéma de genre espagnol aimant à sortir des sentiers battus, Les Révoltés de l’an 2000 prend le contre-pied des standards de l’horreur en situant son action de jour, par un soleil de plomb. Surtout, le "mal" est incarné par des enfants abusant de leur candeur (« Qui peut tuer un enfant ? », nous rappelle le titre original) pour trucider des adultes, avec une technique très zombiesque, consistant à s’agglutiner sur sa proie pour en venir à bout. Cette audace et la singularité du sujet ne suffisent hélas pas à faire du film de Narciso Ibáñez Serrador l’œuvre culte souvent évoquée. Le documentaire ouvrant le film appuie certes le propos – les enfants, victimes récurrentes de la folie des "grands" – mais est exaspérant de lourdeur, tout comme le manque flagrant de discernement des protagonistes (franchement, si vous étiez enceinte, vous passeriez quatre heures sur une barque en plein cagnard pour rejoindre une île ?). Et puis quel dommage que l’auteur cède à l’appel du fantastique ! Sans dévoiler le dénouement, le film aurait été nettement plus subversif sans cela. Peut-être une façon de rendre hommage à Rosemary’s Baby, dont l’influence est prégnante (Prunella Ransome, enceinte et sosie officielle de Mia Farrow jusque dans sa tenue vestimentaire, la chanson des enfants en écho à la berceuse de Rosemary). Il serait néanmoins dommage de passer à côté des Révoltés de l’an 2000, ne serait-ce que pour découvrir une variante gore de la piñata3,5/5 

Brundlefly : Quelle est la meilleure rencontre entre le cinéma ibérique avec son fidèle rapport à l’enfance, et le cinéma libre, indépendant et subversif des années 70 ? La réponse : Les Révoltés de l’an 2000, du monstre de l’audiovisuel espagnol des seventies, Narciso Ibañez Serrador. Œuvre interdite, maudite et bannie par la censure, mais pas si choquante que ça au final (comme souvent), Les Révoltés de l’an 2000 s’inscrit dans la droite lignée des films qui ont des tripes et des choses à dire, quitte à sacrifier toute morale bien pensante ou traitement de sujets sensibles avec des pincettes. Car oui, il est bien question de destruction du principe d’innocence infantile dans le métrage, et "Chicho" Serrador a l’excellente initiative de placer l’intelligent traitement de son sujet via la subtilité angoissante de son ambiance et la suggestion imaginative de l’horreur concernée. Il est question d’offrir au spectateur un spectacle déroutant, qui place sa morale en difficulté et le contraint à se sentir mal à l’aise face à des situations où l’infanticide est plus qu’une solution au problème encouru, doublé d’une réflexion osée sur les atrocités commises par l’homme et dont les premières victimes sont les enfants. D’un point de vue purement cinématographique le film est d’une grande qualité, Chicho Serrador sait manier sa caméra et en ressortent des plans souvent magnifiques et extrêmement bien construits. La quasi-absence d’ambiance sonore renforce le malaise et l’ambiance érigée. Alors certes, le film a parfois mal vieilli, et le rythme est quelques fois inégal, mais qu’im porte, le propos est toujours intact et la puissance du film indélébile, et c’est ce qui fait d’un film une œuvre forte qui laisse des traces. 3,5/5


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Genre : Épouvante / Drame
Réalisateur : Narciso Ibáñez Serrador
Acteurs
: Lewis Fiander, Prunella Ransome, Antonio Iranzo, Luis Ciges, Miguel Narros…
Durée : 1h47
Année de production : 1976 (Espagne)


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