Le monde de Narnia: L'odyssée du passeur d'aurore

Edmund et Lucy se retrouvent chez leur cousin Eustache. Lors d'une dispute, une peinture fait surgir de l'eau et les enfants Peventie de retourner à Narnia pour un dernier voyage...

La critique méa culpa de Borat

Comme vous avez pu le lire ces derniers temps, votre cher Borat achète beaucoup par lots de DVD et BR. L'occasion parfois de se taper quelques navets, nanars en disant que ce sera mieux avec le suivant, mais aussi de permettre d'en voir plus sans forcément mettre des millions. Ainsi, après une journée bien naveteuse à base de flibustiers en mal de retraite et d'un cimmérien périmé, votre serviteur s'est dit que, foutu pour foutu, il allait finir la journée avec le dernier Narnia. Cette saga fut assez décriée dans ces colonnes et vous savez donc mon opinion là-dessus (pour les retardaires, je vous réfaire au sommaire). Mais curieusement, ce troisième volet fut beaucoup accueilli et notamment par les réfractaires des deux premiers volets. C'est donc avec un peu de réserve que je l'ai vu et il faut bien avouer que c'est le meilleur de la saga, mais aussi à dépasser la moyenne. Aux commandes, ce n'est plus Disney qui tire les ficelles vu que Le prince Caspian n'a pas très bien marché. On ne retrouve pas non plus Andrew Adamson, vraissemblablement peu inspiré depuis l'innénarable Shrek 2. C'est donc la Fox qui reprend la poule aux oeufs d'or de Walden Media. Le studio a déjà fait dans la fantasy avec plus (Willow et dans une moindre mesure Legend) ou moins (Les portes du temps, Eragon) de réussite et comptait bien s'engager dans le marché galvanisé par la Warner (juste Harry Potter et Le seigneur des anneaux réunis).

Malheureusement, L'odyssée du Passeur d'aurore fera encore moins bien que le précédant et la saga de devenir maudite. Il faut dire aussi que le studio a ruiné ses propres chances de réussite avec une autre de ses productions. Sortir Narnia une semaine avant Avatar relevait soit du hasard (le studio espérait peut être faire d'une pierre de coup), soit de la totale inconscience, soit qu'il s'en foutait pas mal. Qui plus est en 3D, donc la date de sortie paraît vraiment étrange. Reste que depuis, il a pu trouver son public en DVD et BR, d'autant que les éditions sont garnies. Au casting, on retrouve quelques acteurs des précédants comme Georgie Henley, Skandar Keynes, Ben Barnes, Tilda Swinton et Liam Neeson reprend la voix d'Aslan (donc oui, le lion star est de retour); les rejoignent Simon Pegg (il double la souris star) et Will Poulter. A la réalisation, on retrouve Michael Apted, un bonhomme loin d'être un tocard puisqu'il a réalisé le très bon Coeur de tonnerre avec Val Kilmer et aussi le très mauvais Le monde ne suffit pas. Commençons par les mauvais points qui sont tout de même présents. Même si Disney n'est plus de la partie (on ne pourra pas les critiquer pour le coup), on retrouve toujours un aspect trop pour enfants, empêchant l'adolescent ou l'adulte de plus s'impliquer, quand les Harry Potter ou Le seigneur des anneaux permettaient de réunir plusieurs générations de spectateurs. Un peu dommage donc.

Par moments, la réalisation d'Apted fait peut être trop télévisée ou tout du moins, les scènes concernées semblent tournées en DV. C'est le cas de la scène avec les pirates ou certaines se déroulant sur le bâteau. Pour le reste, les personnages des Pevensie sont bien moins pénibles qu'à l'acoutumé, même la chouineuse Lucy se révèle moins tâche que les précédantes fois. C'est plutôt le cousin Eustache qui fait office de tête à claques absolue. D'autant qu'Apted le met en scène très souvent et le jeune acteur Will Poulter y va de son cabotinnage. Il faudra que son personnage finisse en dragon pour non seulement lui trouver de l'intérêt, mais aussi lui donner de la chair. Et puis au moins en dragon, il ne cause pas! On n'évitera pas le happy end des familles également, mais bon, étant donné que c'est le dernier avec les Peventie (voire le dernier tout court), on sera moins regardant pour le coup. Etonnament c'est le moins épique de la saga qui s'avère le plus intéressant. Pas de grande bataille à l'horizon, mais un périple vers l'inconnu où les héros seront mis à l'épreuve. Une mise en abîme qui permet de revoir des personnages du passé comme la Sorcière Blanche ou les frères et soeurs plus âgés de la famille, mais aussi d'évoquer des failles absentes des deux précédants films.

On apprend donc que Lucy veut ressembler à sa grande soeur, ce qui renvoie à un complexe familial moins bête qu'il n'y paraît. Idem pour Edmund qui va voir en Caspian non pas un adversaire (un passage les fait s'affronter), mais un frère guerrier. Visuellement, L'odyssée du passeur d'aurore est le volet le mieux maîtrisé. Certes, le bâteau montre parfois des signes artificiels et les décors sont parfois sur fond vert, mais la magie opère et on se prend au jeu. D'autant que le réalisateur ne s'est pas embourbé à tourner tout sur l'eau, ce qui évite des catastrophes industrielles comme Waterworld (ou comment ruiner une carrière de succès, Kevin Costner peut vous en parler pendant des heures). Je vous parlais tout à l'heure de dragon, ce dernier étant magnifique et n'a strictement rien à voir avec le machin hideux d'Eragon. Une beauté pleine d'écaille et qui crache du feu naturel. La petite souris se révèle toujours aussi amusante et se révèle un bon point de plus à cette suite plutôt étonnante. Comme quoi, quand on veut, on peut. Apted sert donc bien le récit, mettant en scène une certaine fantaisie là où Adamson faisait dans la guimauve. Ce Narnia 3 peut se voir comme un bon petit divertissement de noël et sûr que ça marchera mieux que de revoir ses prédecesseurs.

Une bien bonne surprise que cette troisième aventure qui, si elle n'est pas sans défaut, se révèle plutôt étonnante dans son contenu.

Note: 14/20