Les bêtes du sud sauvage de benh zeitlin : un grand film a petit budget

« Un jour, la tempête va souffler, le sol va s’enfoncer et l’eau va monter tellement haut qu’y aura plus de Bassin, juste tout plein d’eau ».

Après Sundance, Deauville et Cannes, les Oscars ?

Que dire de ce film, sorti en le 12 décembre, si ce n’est que c’est une réussite en tout point. Signé Benh Zeitlin, un jeune cinéaste américain (complètement inconnu), le film a remporté la Caméra d’Or à Cannes, le Grand Prix du Jury au Festival de Deauville et une dizaine d’autres prix, à Londres, à Stockholm, à New-York ou encore au Sundance Festival (Grand Prix du Jury). Tout ça pour vous dire qu’il faut obligatoirement foncer dans la salle de cinéma la plus proche de chez vous pour le voir. Croyez-moi ça en vaut le détour.

L’histoire est toute simple, celle de Hushpuppy, une jeune fille de six ans qui vit avec son père, dans le bayou. Isolés du reste du monde, ils vont bientôt devoir faire face à la montée des eaux et aux problèmes de santé du père. Hushpuppy ne rêve que d’une chose : retrouver sa maman et enfin pouvoir vivre heureuse dans ce dangereux monde. Les Bêtes du Sud Sauvage est l’occasion pour Zeitlin de dresser un portrait d’une Amérique ravagée, au travers d’une histoire émouvante portée par la jeune Quvenzhané Wallis (fée en Swahili, groupe de langue de l’Afrique de l’Est), qui pourrait être récompensée aux Oscars 2013 – ce qui en ferait la plus jeune actrice jamais recompensée aux Oscars.

Hushpuppy

Comme je le disais juste avant, l’essentiel de la réussite du film repose sur la performance de la jeune actrice américaine Quvenzahné Wallis, qui interprète la petite Hushpuppy. Un personnage très attachant, débrouillard, et qui a du caractère. Sa relation avec son père est très forte, même si elle peut paraître fragile par moments. Difficile de se dire que les deux comédiens sont amateurs, et même totalement puisque Dwight Henry (qui joue le père) est boulanger dans le quartier où se situe les bureaux de la production, tout comme Quvenzhané qui est à l’école primaire voisine.

Les Bêtes du Sud Sauvage est un hommage à la région dévastée par l’ouragan Katrina en 2005. Dans le film, les habitants sont sommés d’abandonner leurs habitations mais le père d’Hushpuppy refuse. Cependant, même si le film fait très évidemment référence à la Louisiane, on semble être dans un monde à part, éloigné de toute civilisation. Ici, on fait plutôt dans le style cabane en tôle.

Wasn’t no time for crying

Plus qu’une histoire émouvante, Les Bêtes du Sud Sauvage est aussi un film qui porte un message d’espoir de solidarité. Dans une région totalement anéantie par l’inondation, défigurée par l’ouragan, l’entraide entre les habitants est plus présente que jamais. Même si le film est très optimiste globalement, cela n’empêche pas la présence de certaines scènes un peu dures, pleines d’émotion.

Les Bêtes du Sud Sauvage, c’est aussi un film spectaculaire, visuellement très saisissant (même si les plans caméra à l’épaule demande un court moment d’acclimatation) : beaucoup de plans avec une courte profondeur de champ qui donne un rendu artistique très appréciable, même si l’image est dotée d’un grain assez étrange. Du point de vue du son, une bande-originale exceptionnelle, très entraînante, signée Dan Romer et Benh Zeitlin, qui peut passer du morceau de jazz assez calme à un son plus country très prenant.

Benh Zeitlin a expliqué que, avec un budget d’1.8m$, son directeur artistique avait interdiction d’utiliser le moindre effet spécial. Même si la présence des aurochs, espèce disparue depuis la préhistoire, donne un côté fantastique au film, elle n’est pas essentielle selon moi. Et c’est bien dommage, notamment pour la scène où Hushpuppy rencontre l’auroch, qui fait plus parodie de film qu’autre chose.