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Critique Ciné : Holy Motors, cinéma vérité...

Par Delromainzika @cabreakingnews

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Holy Motors // De Leos Carax. Avec Denis Lavant, Edith Scob et Eva Mendes.


Salué au dernier Festival Cannes, je devais me pencher sur le cas de Holy Motors, un film curieux et étrange. Ce cinéma-réalité déconstruit tente surtout de satisfaire le palais des grands fans de cinéma. C'est en tout cas de cette façon que Holy Motors est parvenu à m'emporter. Sans être le film de l'année de mon point de vue, il n'en reste pas moins d'une beauté et d'une intelligence incomparable. C'est ce genre de film, hors du temps et cassant les codes que je trouve les plus fascinants. Ce cinéma est enchanteur et nourrissant. Il fait rêver le spectateur et c'est un peu ce qui arrive avec Holy Motors malgré le propos plus que dramatique du film. Tout débute de manière assez pure et simpliste afin de complexifier le propos petit à petit en nous faisant voyager dans bon nombre de genres cinématographiques (de la comédie musicale avec une Kylie Minogue méconnaissable et naturelle au film d'horreur en passant par le film d'action et le porno en images de synthèse). On ne sait jamais si nous sommes dans la réalité ou dans la fiction avec pour seul maitre d'orchestre Monsieur Oscar.
De l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille... M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier - mais où sont les caméras ? Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue dame blonde aux commandes de l'immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage. À la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l'action. Des femmes et des fantômes de sa vie. Mais où est sa maison, sa famille, son repos ?
Leos Carax se permet de nous plonger dans un cinéma que l'on connait mais construit de manière inconnue. C'est un film électrisant qui fait vivre au fond de lui un monde étrange. Tout cela est bien évidemment très soigné grâce à un Denis Lavant plus que surprenant dans ces milles et un rôle qu'il incarne avec vigueur, réalisme et force. On sent le poids de la réalisation, certes parfois décevante (dans le sens où je m'attendais à quelque chose de tellement évanouissant - il faut dire que la presse en avait beaucoup trop fait, ce qui est généralement source de déception -). Mais ce n'est pas grave, globalement je suis plus que satisfait du résultat, aussi surprenant soit-il. Jouant sur un ton assez apocalyptique (la mort est partout aussi bien sous forme vivante que sous forme suggérée - le cimetière -). Quelques scènes plus joyeuses (comme celle de l'accordéon dans l'église par exemple) viennent teinter le film d'un sentiment différent. Mais finalement, Holy Motors est surtout un film inclassable mais aussi étrangement décousu.
On ne sait jamais sur quel pied danser avec les personnages de Holy Motors, et notamment de cette femme incarnée par Edith Scob. Son personnage étrange et mystérieux jusqu'au bout tente alors d'apporter une once de complexité au film. Quelques belles apparitions comme celle d'Eva Mendes que je n'attendais pas du tout, ou encore celle de Kylie Minogue, nous avons donc avec Holy Motors un film qui mérite pleinement ses bonnes critiques mais qui pourrait également devenir un vrai joyaux en rendant une sorte d'hommage au cinéma de façon subjective et totalement imagée. Holy Motors c'est un film délirant, qui parfois peut être se prend un peu trop la tête avec son histoire qui manque de liens mais ce n'est pas grave, l'une des vraies surprises de 2012 c'est tout de même ce film.
Note : 8/10. En bref, une curiosité cinématographique euphorique, apocalyptique et emportée.


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