Le schopenhaueriste est un personnage de vers 1880. Albert Millaud (1844-1892) occupe un chapitre de ses
Physiologies parisiennes (1886) sur lui : « Un type nouveau. C'est le philosophe homme du monde, aimant le plaisir, fréquentant les salons et les théâtres, ayant bon estomac ; mais
jouant au blasé, au désillusionné, au dégoûté. Le nom de Schopenhauer [1788 – 1860] lui a plu ; il l'a adopté et mis à la mode. Schopenhauer est devenu pour lui comme une espèce de tailleur
moral, de chapelier transcendant, de bottier métaphysique. [...] S'il mange des truffes, il vous dit qu'il en aura du mal à l'estomac. S'il boit du vieux vin, il est sûr d'en garder une
abominable migraine. Dans le mariage il ne voit que le divorce, dans l'amour il ne voit que la trahison. De tout cela il ne pense pas un mot et il serait incapable d'expliquer ses idées. Mais il
est de chic d'être triste, maussade et d'être en proie aux blue devils, comme disent les Anglais, Schopenhauer lui fournit les éléments nécessaires pour affecter ces façons lugubres. [...] Règle
générale : Le Schopenhaueriste n'a jamais lu Schopenhauer. »
On peut lire sur cette « mode » : Lettres-et-arts.net.
© Article LM