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Un souffle

Publié le 04 avril 2008 par Didier T.

D’où viens-je ?
Question qui anime de façon permanente et universelle les écrivains.
Certains commencent par là, d’autres finissent par là, mais rares sont ceux qui échappent à cette question, oui rares sont ceux qui bénéficient du luxe ne pas avoir à tripatouiller et triturer dans les toiles d’araignée du passé.
Pourquoi suis-je là ? Pourquoi cela n’a t-il pas pu être autrement ? 
Répondre à tout cela n’est pas aisé. Je dirais même il faut oser aller chercher les réponses et mettre le nez dans des affaires de famille et d’histoire. Que nous le voulions ou pas, notre nombril n’est pas seulement notre nombril, je veux dire, il ne nous relie pas seulement pas à l’intérieur de nous-mêmes mais aussi à l’extérieur. Que nous l'admettions ou pas, nous sommes liés à un milieu social, à un milieu culturel, à un contexte historique et politique.
Certains prennent conscience très tôt de cette vie extérieure peuplée de gentils et de méchants fantômes, certains les connaissent parfaitement, souvent aidés, il faut dire, par des familles où l’arbre généalogique est brandi avec fierté. Il me semble que chez ceux qui ont souffert, beaucoup souffert, le secret est un bien précieux mais dangereux - comme tout ce qui est précieux-. Alors il n’est pas rare qu’on se mette à faire connaissance avec les fantômes plus tard, après une vie d’homme accomplie.
C’est comme ça que je prends le roman de Didier Torossian. Pour moi, le narrateur a toujours vécu avec les fantômes mais il ne les connaît pas intimement, et un Jour, il va à leur rencontre. Ce n’est pas facile, tout ça, il y a des larmes -les génocides charrient des larmes sèches c'est comme ça- et puis il y a des petites histoires, dîtes ou tues, de famille, moins graves, plus communes, mais qui vous construisent un homme aussi.
Le roman Les yeux ouverts est un mélange entre " un exceptionnel", la fuite cruelle d’Hagop et de Yughapèr vers une terre d’exil définitif, et le "banal", un homme qui reconstitue sa place dans une famille française.
Voilà. J’en dirais pas plus parce ça me coûte (je sens que mon écriture est poussive et maladroite, pardon) et ça me gêne finalement de parler du livre d’Uusulu (je suis désolée, je n'arrive pas à être dans le "c'est génial, j'adore ce que tu fais, je t'adore, mon ami chéri" (ce ne serait pas moi)). En tout cas, un roman sobre, simple et universel, un bout d’histoire d’Arménie est là, certainement parce que le récit vaut témoignage, mais c’est aussi une histoire sur la famille, sur l’identité, sur la quête de soi, les grandes questions de toutes les littératures du monde.
Cette lecture m’a réconciliée, tiens, avec la littérature française. Un souffle. Je viens de commencer « La belle maison » de Franz Bartelt . Et sur les conseils de ma mère, chère mère, je me suis offert « Beau rôle » de Nicolas Fargues.
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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