Homeland.
(crée par Howard Gordon et Alex Gansa)
Saison 2.
Saison bâtarde.
Homeland, l'an passé, avait fait sensation. Des personnages à la psychologie creusée interprétés par des acteurs inspirés et donc au top de leur forme (Damian Lewis, Claire Danes et Mandy Patinkin) et une histoire prenante qui renouvelait les scénarios paranoïaques post-11 Septembre qui pullulent depuis les attentats. Si la deuxième partie de la saison laissait déjà apparaître quelques carences dans la cohérence de l'ensemble, l'espoir placé en la saison 2 était grand...
Huit ans après la disparition de deux soldats américains lors de l'invasion de Bagdad, l'un d'entre eux réapparaît, seul survivant alors que tout le monde le pensait mort depuis longtemps. Rapatrié aux États-Unis, il est accueilli chaleureusement par sa famille, ses amis et le gouvernement. Seule contre tous, l'agent de la CIA Carrie Mathison, qui a passé plusieurs années en Afghanistan, est persuadée que le héros est en réalité devenu un espion à la solde de l'ennemi, préparant la prochaine attaque terroriste sur le sol américain. Sans réelle preuve et montrée du doigt suite à un incident diplomatique qu'elle a déclenché quelques mois plus tôt, Carrie va devoir se battre pour prouver que ce qu'elle avance est la réalité... Ça c'était la saison 1. Il n'y a pas grand chose à ajouter pour le synopsis initial de la saison 2. Sauf que nous, à présent, on sait que Brody a été retourné par Abu Nazir. Encore faut-il que les autres connectent leur neurones...
Hélas, les scénaristes n'ont pas été capables de transformer l'essai. Le plus gros problème de la saison 2 est certainement qu'elle a été incapable de renouveler l'intérêt de l'histoire. A chaque fois qu'un épisode se finissait, je me disais: oui, c'est cool mais je n'ai pas besoin de voir la suite. Il manque à Homeland un ingrédient essentiel à la survie d'une série: l'envie de voir la suite, l'addiction. A aucun moment, ici on a besoin de revenir.
De ce triste constat, les épisodes s'enchaînent et les rebondissements rebondissent sans qu'on se sente réellement impliqué. C'est dommage, car tout est réuni pour donner une excellente série. Mais la mayonnaise ne prend plus totalement, comme dans la deuxième partie de la première saison. Et on s'ennuie à plusieurs reprises. Lorsque Brody va chez le tailleur, tout se qui touche à la maisonnée ou l'intrigue à la Kim Bauer réservée à cette pauvre Dana, on se demande si on regarde vraiment une série qui rafle toutes les récompenses.
A côté de ça, certaines scènes valent à elles seules le détour. Je pense évidemment à l'interrogatoire de Brody, quinze minutes d'une rare intensité où les les acteurs se livrent corps et âme et assurent leur récompense respective de l'an prochain. Il y a aussi la scène de rupture entre Brody et sa femme (il était grand temps). Prouvant ainsi que Homeland ne réussit rien de mieux que les scènes intimistes. Pour une série sur un complot c'est assez handicapant...
Que reste-t-il pour la saison prochaine? Car il est évident que la série va suivre la voie de sa consœur Dexter. Avant qu'ils ne relancent artificiellement la machine au milieu du season finale avec une explosion (comme dans celui de l'an passé où ironiquement l'absence d'explosion nous faisait gober la nécessité d'une suite), on aurait pu dire pas grand chose. Mais puisqu'ils veulent continuer, il faut avouer que la nouvelle situation (Brody ennemi numéro 1, Carrie et Saul seuls maîtres d'une CIA en ruine) peut donner quelque chose de bon. Ou non. En fait, la série en est toujours au même point. Elle peut devenir excellente ou sombrer totalement. En tout cas, ce n'est pas l'attente qui va nous tuer...
Note: