S’il est une fonction à laquelle le cinéma est attaché, c’est bien celle qui consiste à forcer le spectateur à rêver et s’imaginer l’inimaginable. C’est en cela que l’Odyssée de Pi est intéressant. Un seul conseil : résister à l’introduction, longue et éprouvante, remplie d’intentions guimauves et lourdes. Ainsi Piscine Molitor (oui c’est son nom, c’est ça le drame du film) fait l’objet d’un prologue fatiguant sur son parcours scolaire et sa quête d’un Dieu. Présentation de sa famille, du zoo, de Richard Parker (le tigre) et de l’amour de sa courte vie.
Le récit devient passionnant lors du naufrage du cargo sur lequel embarquait la petite famille avec son zoo. La scène est grandiose, intimidante. Impressionnante. Nous sortons enfin de notre léthargie. Le gamin est orphelin. Le film peut commencer tandis que sombre le bateau autour duquel rodent les requins.
Tout se déroule dès lors dans une barque entre Pi et son tigre du Bengale (et 3 autres animaux). Et à Ang Lee de nous offrir des scènes de toute beauté. L’océan devient le lieu de tout les dangers et de toutes les splendeurs. La 3D prend alors tout son sens lors d’une scène de pluie de poissons volants. La scène de la baleine et de la mer phosphorescente est également un délice pour les yeux. Tout est subjuguant. Durant les différentes épreuves qu’il devra traverser (tempête, requins, île carnivore, hyène) Pi va faire équipe avec un lion qui, sans jamais réussir à le dompter, arrivera à survivre avec.
Ang Lee nous dédie un bijou visuel, parfois kitch, mais souvent artistique (quand on ne voit plus la différence entre le ciel étoilé et le reflet dans l’océan) qui prouve que la nouvelle technologie peut se mettre au service d’une bonne histoire (n’est ce pas James Cameron (sic)). Surtout quand à la fin, le film surprend le spectateur qui, convaincu ou sceptique, pourra se faire sa propre histoire. Sans trop en dire, sachez que cela donne une puissance au cinéma : Le réalisateur peut montrer l’inimaginable et le spectateur peut croire l’irrationnel.