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Comédie décevante

Par Borokoff

A propos de Main dans la Main de et avec Valérie Donzelli ★☆☆☆☆

Jérémie Elkaïm - Main dans la Main de et avec Valérie Donzelli - Borokoff / Blog de critique cinéma

Jérémie Elkaïm

Joachim Fox (Jérémie Elkaïm) travaille comme ouvrier dans une petite miroiterie de la Meuse. Envoyé à l’Opéra Garnier de Paris pour un travail urgent, il y rencontre Hélène Marchal (Valérie Lemercier), la directrice de la prestigieuse école de danseuses étoiles. Entre eux, le coup de foudre est immédiat. A tel point qu’Hélène et Joachim deviennent inséparables, au plus grand désarroi de leurs proches…

L’idée de départ et le « pitch » étaient alléchants dans le troisième-long métrage de Valérie Donzelli. Partant d’une idée saugrenue, autant que la rencontre entre un petit ouvrier et la grande directrice de l’Opéra de Paris, le scénario fantaisiste (co-)concocté par la réalisatrice de La guerre est déclarée laissait entrevoir de belles promesses. Celle d’une comédie à l’univers décalé et onirique, dont le lyrisme magique renvoyait exactement aux Chaussons rouges de Powell dont il se faisait le pendant comique.

Valérie Lemercier et Jérémie Elkaïm - Main dans la Main de et avec Valérie Donzelli - Borokoff / Blog de critique cinéma

Valérie Lemercier et Jérémie Elkaïm

Mais assez vite, faute d’un vrai scénario et d’une histoire à raconter, le film s’embourbe. L’histoire manque de développement, les personnages d’épaisseur. Tout y est un peu caricatural, à l’image de la province aussi stéréotypée que le petit microcosme parisien (les soirées auxquelles participe Hélène Marcham donnent l’impression d’évoluer dans les « années folles ») que Donzelli nous décrit. Cette analyse tout en ironie de deux univers antinomiques aurait été drôle et mordante si Donzelli ne s’était pas encombrée de plans « parasites », d’images qui viennent « bourrer » la pellicule comme pour mieux masquer le vide des dialogues et du scénario.

Qu’apportent en effet à l’intrigue ces paysages de campagne filmés en super 8 depuis le point de vue de la sœur de Fox (Donzelli herself) et de la fenêtre d’un train en marche ? Quel rapport avec l’histoire et l’univers de départ ont ces plans au gain épais et « sale » des toits de New-York ? A part nous distraire et permettre au film de durer 1 h 25, on ne voit pas trop l’intérêt de ces images ni leur enjeu. Un autre problème vient de la voix-off qui surligne lourdement le contenu de l’action déjà en train de se dérouler. Cet effet de double narration est un défaut récurrent chez Donzelli, djà présent dans La guerre est déclarée

Serge Bozon et Valérie Donzelli - Main dans la Main de et avec Valérie Donzelli - Borokoff / Blog de critique cinéma

Serge Bozon et Valérie Donzelli

Les clichés s’amoncellent donc rapidement, cristallisés par une fin des plus plates et des plus « niaiseuses » (on n’est pas loin du kitsch) sur les toits de New-York (sans blague, ils s’embrassent !). La comédie s »enlise au bout d’une demi-heure, patine faute d’ingrédients et de scénario. Et le plus étrange, c’est que malgré tous les efforts désespérés d’Elkaïm et de Lemercier (irrépochables sur ce coup-là), l’émotion est étrangement absente de Main dans la Main. On dit qu’un film doit d’abord être un corps. Rarement, un long-métrage aura donné l’impression d’être aussi décousu et effiloché que cette comédie. Un court-métrage aurait largement suffi au final à ce Main dans la main. Car si tout n’est pas à jeter dans cette comédie, Main dans la main donne l’impression, non pas d’avoir été bâclé, mais d’avoir été réalisé trop rapidement. Pas assez travaillé ni fouillé donc.

La fantaisie que Main dans la main déploie supposait une étude de caractères assez sommaire, sous peine de tout mélanger et de gâcher le merveilleux burlesque, la finesse et la légèreté comique des situations. Or Donzelli s’est échinée à partir dans tous les sens sans en privilégier une vraiment. Son étude psychologique du personnage de Marchal (traumatisée par une mère tyrannique) par exemple sied mal pour ne pas dire gâche le burlesque féérique des situations.

Un court-métrage aurait donc suffi à notre bonheur et convenu à ce film qui fait penser à Je sens le beat qui monte en moi de Yann Le Quellec (pas un hasard si Serge Bozon apparaît dans le film de Donzelli). La légèreté en moins…

http://www.youtube.com/watch?v=SPDRam5Slmo

Film français de et avec Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Valérie Lemercier… (01 h 25)

Scénario de Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm et Gilles Marchand :

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Mise en scène :

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Acteurs :

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Dialogues :

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Compositions de Peter Van Poehl, Ennio Morricone, Dominique A… :

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