Les bêtes du sud sauvage.
(réalisé par Benh Zeitlin)
O.F.N.I.
Les bêtes du sud sauvage ne ressemble à aucun autre film existant. Il a son identité propre, étonnante, fascinante, onirique qui vous prend aux tripes. Ce premier long pour Benh Zeitlin (oui oui) qui a fait sensation dans les festivals exerce un pouvoir d'attraction sur le spectateur dès les premières minutes. Hélas, cet état de fait ne tient pas tout le film et sa singularité devient vite sa plus grande faiblesse...
Hushpuppy, 6 ans, vit dans le bayou avec son père. Brusquement, la nature s'emballe, la température monte, les glaciers fondent, libérant une armée d'aurochs.
Avec la montée des eaux, l'irruption des aurochs et la santé de son père qui décline, Hushpuppy décide de partir à la recherche de sa mère disparue...
Les bêtes du sud sauvage fait appel à votre imaginaire et réquisitionne votre capacité à appréhender le monde comme le ferait un enfant de 6 ans. En effet, le réalisateur adopte le point de vue de la fillette et transpose à l'écran la vision que celle-ci se fait de son environnement. Et lorsque celui-ci déraille, l'imagination débordante de la jeune fille s'évertue de camoufler la gravité de la situation derrière un onirisme de façade.
Le réalisateur en profite pour laisser libre cours à ses délires visuels et métaphoriques. Avec le fantôme de l'ouragan Katrina qui imprègne la pellicule d'une marque indélébile, le bayou n'est jamais apparu aussi magnétique. Ces magnifiques plans sur une nature sauvage qui reprend ses droits, à l'image de ces gigantesques animaux préhistoriques qui avancent inexorablement vers Hushpuppy. Tels la mort qui vient chercher son père.
La difficulté pour apprécier ce film est notre capacité à occulter notre envie de construction, de logique. Décousu de bout en bout, ce premier long-métrage est épuisant. Il ne tient pas sur la durée car il nous perd à force de nous entraîner toujours plus loin dans la psyché de son personnage principal.
Pourtant, c'est assurément une expérience à vivre tant il offre quelque chose de différent. Ne serait-ce aussi que pour le jeu exceptionnel de cette gamine: Quvenzhané Wallis, illuminée et radieuse. Œuvre apocalyptique et poétique, elle mériterait une étude bien plus creusée que seul quelqu'un de plus intelligent que moi serait capable de vous offrir.
A la fin de la séance, on est épuisé mais satisfait. Épuisé car le film a mis notre patience à rude épreuve et satisfait car on sait qu'on a vu quelque chose de différent, un O.F.N.I, servi par un réalisateur à surveiller de près.
Note:
à mon sens impossible à noter.