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Le muscadin

Par Richard Le Menn

Le muscadin est une « Petite pastille de bouche composée de musc & d'ambre. » lit-on dans la première édition (1694) du Dictionnaire de l'Académie Français. Jean-François Féraud écrit dans son Dictionnaire critique de la langue française (Marseille, Mossy, 1787-1788) : « Petite dragée ou pastille, où il entre du musc. On a dit autrefois muscardin, et on le dit encore en quelques Provinces. »
Si ce mot désigne une petite pastille qu’on mange pour avoir bonne haleine, par extension, on appelle alors ‘muscadins’ certains élégants sentant le musc et à l’apparence soignée. C'est aussi ainsi qu'on nomme sous la Révolution certains royalistes qui se distinguent par leur élégance recherchée. En ce sens, ce mot est utilisé à cette époque au féminin et de façon péjorative : « muscadine ». Louis-Sébastien (1740-1814) insiste sur cet aspect dans sa définition des muscadins donnée au tome III de Le Nouveau Paris, Gênes, Impr. de la 'Gazette nationale », An III, 1794 : « Muscadins. Espèce d’hommes occupés d’une parure élégante ou ridicule, qu’un coup de tambour métamorphose en femmes.  « Le fils du Czar  Pierre I s’est brûlé les doigts, dit un de nos écrivains, pour n’être point forcé au travail que son père exigeait de lui ». Nous avons vu un Muscadin se résoudre à se faire couper l’index, pour éviter de porter les armes contre l’ennemi. Il aurait dû le conserver pour manier l’aiguille ou la quenouille. Ils formèrent l’opposé des sales Jacobins. On aurait cru qu’une jeunesse ardente allait embrasser les principes républicains ; mais cette jeunesse était riche, efféminée, et voulut se distinguer partout de ceux qu’elle appelait les habits bleus. Les muscadins furent moqués, rossés, battus, quand ils voulurent, avec leurs oreilles de chiens et leurs cadenettes, narguer les républicains. S’ils étaient les plus forts, c’était bien rarement, et quand ils se trouvaient quatre contre un. Ils font les royalistes à bas bruit ; mais les émigrés les méprisent encore plus qu’ils détestent les patriotes. »  La coiffure en « oreilles de chien » est décrite dans cet article : Café des Incroyables. Ma parole d'honneur ils le plaisante. 1797.  http://www.lamesure.org/article-12579744.html et la cadenette ici : Les oublies. http://www.lamesure.org/article-13345430.html Le terme de muscadin est encore utilisé dans la seconde moitié du XIXe siècle pour parler d’un « Fat, dandy plus ou moins authentique, - dans l’argot du peuple, qui a conservé le souvenir des gandins d’il y a soixante-dix ans. » Delvau, Alfred, Dictionnaire de la langue verte (deuxième édition, Paris, E. Dentu, 1867).
http://lemoinebouchard.com/89-antoine-trignart-m-lamy-en-tenue-de-muscadin.html
© Article et photographies LM


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