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Les Aventuriers de la messe perdue !

Publié le 30 décembre 2012 par Halleyjc

Le sommet de la Culture orientale.

Les Aventuriers de la messe perdue !
Diplomate de haute naissance, serviteur des Médicis
Alessandro Striggio affirme un talent exceptionnel à la mesure d'un Michel-Ange :
ses facultés créatrices sont restées in-dépassées à ce jour.
Le musicien a été aussi voyageur à Vienne, Munich, Paris
où il joua de son immense viole (lira da gamba à 10 cordes) devant Charles IX.

Une cathédrale musicale qui étonne, captive, saisit par sa structure, son caractère dramatique, son inspiration et sa justesse.

Une Sixtine Musicale, dans laquelle l'hyperactivité et le colossal ne signifient ni dilution ni confusion mais vitalité, lumière, élévation ; c'est une prodigieuse énergie collective, de surcroît finement caractérisée en liaison avec  toutes les voix particularisées d'une partition monstrueuse et palpitante, collective et individuelle : c'est à la fois un fleuve et aussi de la  dentelle.

Les Aventuriers de la messe perdue !
L'orchestration précise originelle est perdue mais il a été possible de la restituer dans sa flamboyante diversité elle aussi, dans le sillon de l'australien Robert hollingworth qui s'inspire de l'exubérance en vogue à la Cour de Munich que Striggio a visité.

Hervé Niquet en restitue la puissante structure, les étagements et la spatialisation en inscrivant au centre, le cœur et le souffle humain. Vertigineux.

Les Aventuriers de la messe perdue !
Nos amis Bourguignons ont été des privilégiés pour recevoir en concert ces extravagances de la Renaissance et du Baroque italiens. L'Opéra de Dijon continuait ainsi son voyage au cœur de la polyphonie en permettant à Hervé Niquet et Le Concert Spirituel de présenter cette messe d’Alessandro Striggio à « quarante voix solistes »… rien de moins !

Étranges destins que ceux de cette messe et de son compositeur ! De ce dernier, on sait peu de chose, sinon qu’il naît à Mantoue, en 1537 ou 1538, des amours illégitimes d’un noble qui en fait son légataire universel en 1547. Cette reconnaissance lui permet de s’introduire à la Cour de Cosme I erde Toscane, Duc de Florence. Courtisan habile, il porte à sa mort, le 29 février 1592, le titre envié de Grand Chancelier de la Cour des Gonzague.

Elégance de style

Cette brillante ascension ne saurait cependant masquer ses qualités de musicien. Pendant quelque 25 années, de 1559 à 1594 environ, il est le principal compositeur de la Cour des Médicis, à Florence. Violoniste réputé, l’élégance de son style et la plénitude de ses sonorités enchantent son auditoire. Mais, surtout, il signe sept livres de madrigaux qui traduisent tous son souci de mettre les paroles en valeur et de diversifier leur rythme.

Son œuvre la plus remarquable est, assurément, la Missa sopra. Ecco si beato giorno, dédiée aux Médicis, qu’il présente à travers toute l’Europe à partir de 1566. Il l’écrit « pour quarante voix solistes », c’est-à-dire quarante voix qui chantent, chacune, une ligne indépendante, créant un immense contrepoint.

L’aspect gigantesque de la partition aurait dû suffire à asseoir la notoriété de Striggio au travers des siècles, mais le destin en décida autrement. L’erreur de copistes, qui estropièrent son nom et cataloguèrent l’ouvrage dans les « messes à quatre voix », est à l’origine de sa disparition jusqu’à la fin du XX e siècle !

Il faut toute la curiosité et l’opiniâtreté du chanteur Dominique Visse pour parvenir à l’identifier, à Paris, à la Bibliothèque Nationale.

Il faut également qu’Hervé Niquet, dont la réputation de chef d’orchestre et de grand spécialiste de la musique baroque est bien établie, décide de s’attaquer, avec Le Concert Spirituel, à cette œuvre hors norme et de la remonter dans les conditions de sa création. C’est le résultat de ces recherches et de ce travail qu’ils ont livrés au public, le 17 avril à Dijon. Il s’est agit d’un moment exceptionnel qui a vu une partition gigantesque renaître à la vie après 446 années d’oubli !

Polyphonie

Et, pour entourer ce qu’il n’hésite pas à qualifier de « musique contrapuntique la plus immense jamais écrite en Occident entre 1500 et 2000 », Hervé Niquet fait appel à trois autres compositeurs baroques : Monteverdi, à travers quelques Motets, Orazio Benevoli, et Stefanio Fabri.

Le point commun de Benevoli et de Fabri est d’avoir été Maîtres de chapelle, de 1617 à 1623, pour le premier, et, de 1638 à 1644, pour le second, à l’Eglise Saint-Louis des Français de Rome, qui fut construite par le Pape Jules II à la gloire des Médicis.


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