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Chronique ontarienne, par Jean-François Tremblay…

Publié le 30 décembre 2012 par Chatquilouche @chatquilouche

(C’est avec un immense plaisir que nous saluons le retour du chroniqueur Jan-François Tremblay. A.G.)

Je ne suis pas gros !

« Je ne suis pas gros, je suis juste un peu enveloppé » — Obélix

En fait, pour être exact, je ne suis plus gros.  Nuance.

J’ai vécu près de vingt ans au-delà des limites de mon poids santé.  Et j’y suis encore, à l’heure actuelle.  Mais plus pour très longtemps.

Chronique ontarienne, par Jean-François Tremblay…

Je n’ai pas été un enfant rondelet, au contraire.  Ce n’est qu’à l’adolescence que j’ai adopté un mode de vie sédentaire.  Accro au cinéma et à la malbouffe de fin de soirée, les yeux rivés à mon téléviseur, les mauvaises habitudes sont rapidement devenues un mode de vie.  Ajoutez à cela les beuveries entre amis à l’époque du Cégep, et vous obtenez un jeune adulte qui commençait à avoir un ventre et qui se laissait aller peu à peu.

Le sport ?  Bof, pas pour moi.  J’aimais bien le vélo, mais je préférais davantage faire aller mes méninges en élargissant ma culture cinématographique.  Si je n’étais pas destiné à avoir un corps d’athlète, alors je deviendrais un intello grassouillet.  Mon père avait lui aussi un ventre, c’était donc dans les gènes.  Non ?

Non.  J’aurais pu faire quelque chose pour l’éviter.  Je suis juste très doué pour trouver des excuses.

Je m’étais résigné à vivre ainsi.  À être le « bedonnant » parmi mes amis.  Celui qui aime beaucoup manger, qui incite ses amis à aller prendre une dernière poutine après une sortie dans les bars.  Sans que je m’en rende compte, mon cerveau s’était mis à fermer des portes à ma place.   Le nombre des opportunités s’est amenuisé peu à peu.

Et j’ai longtemps évité les plages.  Ces « stretch marks » de chaque côté de mon corps, ce ventre proéminent, ces seins tombants, tout me déplaisait.  J’avais ces mêmes problèmes d’estime dont on parle constamment chez les femmes.  Mais je suis un homme, et on ne parle pratiquement jamais des problèmes d’estime des hommes face à leur corps.  Les hommes ont des bedaines, c’est devenu normal à nos yeux.  Même le père Noël en a une, et ça ne l’empêche pas de remplir sa tâche année après année, alors…

Mais au fond de moi j’étais malheureux.  Sans m’en rendre totalement compte, cet état auquel je m’étais résigné m’empoisonnait la vie.  Pourquoi ne pas me reprendre en main, me demanderez-vous ?  La réponse est simple et idiote à la fois : j’ignorais comment.

J’ai bien essayé d’aller au gym pendant toute une session universitaire.  Un peu de vélo stationnaire, des elliptiques, des machines pour la musculature…  Je voyais quelques changements, mais rien de significatif.  Je regardais de loin ces gens qui couraient sur les tapis roulants, ou sur la piste de course, mais à mes yeux, il s’agissait d’athlètes avancés, rendus à un point que je n’atteindrais jamais.

Pour ce qui est de la bouffe, et bien…  Lorsqu’on vit entouré de gens qui se nourrissent mal, il est difficile de changer les habitudes.  Et surtout, il y a une question d’éducation alimentaire.  Lorsqu’on ne sait pas comment ni quoi changer, il est quasiment impossible de le faire.

C’est avec ma copine, historienne de la nutrition, que j’ai commencé à changer graduellement mes habitudes alimentaires, il y a plus de trois ans.  Petit à petit, j’ai introduit des changements.  Rien de trop drastique.  Tout en douceur, comme ça doit se faire pour que ça dure.

Chronique ontarienne, par Jean-François Tremblay…
Ma copine est une coureuse depuis plusieurs années.  Je le regardais faire avec une certaine forme d’envie.  Pour la première fois, je voyais quelqu’un de mon entourage courir.  Et je me disais : « Tiens, tiens… se pourrait-il que cela me soit accessible ? »  Mais j’ai longtemps hésité à la suivre.  Ça semblait demander trop d’efforts.  Le paresseux que je suis n’osait pas faire le premier pas.

Mon déménagement en Ontario, en juin dernier, m’a finalement incité à le faire.  J’arrivais dans une ville où absolument personne ne me connaissait.  Pas besoin de craindre d’être reconnu, de faire rire de moi parce que je suis gros et qu’on voit mes bourrelets sautiller pendant que je cours – du moins, pas par quelqu’un qui pourrait le faire en ma présence.  J’avais enfin ma chance.  Celle d’essayer.

Et j’ai ainsi commencé à courir.  Le 29 juin 2012, au petit matin, je suis allé courir en compagnie de ma copine.  Un petit jogging lent, et court.  Mes poumons voulaient sortir de ma poitrine.  Mais j’ai persévéré.

Je suis rapidement tombé en amour avec cette activité dont je ne connaissais rien.

Si j’avais pensé à me peser en juin, j’aurais probablement vu sur la balance que mon poids tournait autour des 230 livres.  Pour un gars de 5 pieds et 11 pouces, c’est beaucoup.  Aujourd’hui, alors que j’écris ces lignes à la mi-décembre, je suis légèrement en dessous des 195 livres.  Mon objectif est d’atteindre mon poids santé, soit environ 180.

Et c’est tout près.  J’y suis presque.

Au cours des six derniers mois, j’ai changé un peu plus drastiquement mon alimentation.  J’ai coupé beaucoup de choses.  Mais je ne me sens pas en manque.  Au contraire, je me sens léger, en santé, et plus jeune que je ne l’ai été depuis très, très longtemps.

La course fut pour moi extrêmement bénéfique.  Je vais courir tous les deux jours.  Et je prévois continuer ma routine au cours des Fêtes.  J’aime le défi de devoir me contrôler.  J’aime avoir des objectifs précis.

Et si vous saviez les effets psychologiques d’une telle perte de poids.  J’ai l’impression que tout m’est possible.

Non, je ne suis plus gros.

Je suis encore un peu enveloppé, mais plus pour longtemps.

Et j’ai maintenant très hâte à l’été prochain, la plage, etc.  Je sais que j’aurais toujours mes « stretch marks », mais c’est positif.  Elles me rappelleront constamment qui j’ai été, et ce que je ne veux plus être.

Joyeux temps des Fêtes, en santé.  Et si vous en avez le temps, allez voir cette émission en ligne, « Champions Grisonnants ».  C’est très inspirant.

http://www.tv5.ca/emissions/emission/champions-grisonnants-100159351.html

Notice biographique
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Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de cinéma.  Il a fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger par la suite vers les Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma.  Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent.  Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise.  Jean-François habite maintenant Peterborough.   Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.


Filed under: Jean-François Tremblay Tagged: apparence, embompoint, humour, Jean-François Tremblay, obésité

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