Gaëlle est soudain libérée par Vincent, son ravisseur, après huit années d’enfermement, où chacun a été « tout » pour l’autre.Cette liberté gagnée jour après jour contre Vincent, Gaëlle doit à nouveau se l’approprier dehors, face à ses parents et au monde qu’elle découvre.
"A moi seule" de Frédéric Videau
Avec : Agathe Bonitzer, Reda Kateb, Hélène Fillières Sortie le 2 janvier 2013 Distribué par Pyramide Vidéo Durée : 91 minutes Nombre de : 1 Film classé : Le film : Les bonus : |
Bien évidemment, à la lecture du scénario, l’histoire de Natascha Kampusch, risque de remonter dans vos souvenirs. Une Autrichienne séquestrée pendant 3096 jours, dès l’âge de dix ans. Mais le réalisateur Frédéric Videau botte en touche : « Je sais d’où vient le film, je ne le dissimule pas, mais je ne raconte pas l’histoire de Natascha Kampusch. […] Le point de vue de Wolfgang Priklopil, son ravisseur, m’importait tout autant. Cet homme étant mort, ce film-là devenait impossible. »
Pour importante qu’elle soit, la mise en garde demeure secondaire, tant l’évidence du propos du réalisateur s’impose dès les premières images. Il prend les devants, et se débarrasse du fait-divers classique (enquêtes, voisinage, rumeurs, médias…) qui voit ici la captive prendre la clé des champs.
Il n’y a donc pas de suspense, au sens traditionnel : dès les premières images, le dénouement est connu. Suprême habileté du réalisateur qui donne ainsi encore plus de poids à son intrigue ; elle prend maintenant la forme de cette attente incroyable dans laquelle nous plongent la victime et son ravisseur (Agathe Bonitzer, Reda Kateb, en tout point, exemplaires), confrontés aux vicissitudes de leur étrange situation.
Cloîtrée dans cette minuscule chambre aménagée en sous-sol, elle va et vient, quasiment à sa guise, la quitte pour gagner la cuisine et y retourne sur un coup de gueule, un coup d’éclat. Si le procédé narratif est assez perturbant, bien que formellement très classique, c’est que le réalisateur nous balade entre passé et présent, dehors et dedans, de la prison à la cellule familiale, lentement reconstituée.
L’héroïne apprend ainsi ce que la vie fut sans elle (« Tu peux arrêter de souffrir maintenant » dit-elle à sa mère « je suis vivante ») alors que son calvaire se révèle dans un effet boomerang, inusuel au cinéma.
Ce procédé insuffle un élan magnifique à ce qui devient une rencontre, un autre point de vue sur une tragédie filmée à travers le prisme de nos vérités. Je ne sais si l’on peut évoquer le syndrome de Stockholm (l’homme est très attentionné à son égard), mais les rapports ici entre dominant et dominé figurent un tout autre dilemme.
Comme une aspiration au cœur de l’intime, un ressenti très particulier des êtres que l’on rencontre dans les romans de Laurent Mauvignier.
Des personnages qui se racontent de l’intérieur, à l’image de Gaëlle, recluse, soumise, rebelle. Une victime certes, une combattante, assurément.
- L’enregistrement de la bande-son ( 25 mn )
J’ai personnellement beaucoup apprécié ce seul bonus, car on suit à la note près le travail minutieux des musiciens en studio. Ca fatiguera peut-être certains , mais quand on s’intéresse à la musique , ça vaut vraiment le coup de voir Florent Marchet et Frédéric Videau au coude à coude sur un même clavier.
- Mais encore
Le titre du film « A moi seule » est le fait d’une observation du réalisateur qui en découvrant le témoignage de Natascha Kampusch, a remarqué « qu’elle n’a pas un mot de colère, de haine, à l’égard de Priklopil. Ça veut dire que Priklopil, c’est pour elle, c’est « à elle seule ». Elle en fait son affaire, et le monde extérieur peut dire ce qu’il veut, c’est une histoire de elle à elle », explique-t-il.
Dès la conception du scénario, réalisateur et scénariste, Frédéric Videau avait en tête une représentation précise de son héroïne, Gaëlle. Il a tout de suite pensé à l’actrice Agathe Bonitzer : » Quand je la vois, je me rends compte qu’elle est au moins aussi froide que moi, qu’en deux heures de temps, on a réussi à échanger une grande vingtaine de phrases, qu’elle ne fait aucun effort pour en dire davantage et moi non plus. Je suis d’abord assez dubitatif, sauf sur le physique et ses talents d’actrice. Dix jours passent, et je la rappelle pour lui dire que c’est elle. »