Flashback : « eXistenZ » de David Cronenberg

Quinzième film du réalisateur canadien David Cronenberg, « eXistenZ » se présente comme un film d’anticipation avec comme thème principal un jeu vidéo à l’allure de réalité. Jude Law et Jennifer Jason Leigh interprètent les personnages principaux. Le film sortait en France le 14 avril 1999. Le film reçu la Silver Scream Award au Festival du film fantastique d’Amsterdam.

Synopsis : Dans un avenir proche, une créatrice de génie, Allegra Geller, a inventé une nouvelle génération de jeu qui se connecte directement au système nerveux : eXistenZ. Lors de la séance de présentation du jeu, un fanatique cherche à la tuer. Un jeune stagiaire en marketing, Ted Pikul, sauve la vie d’Allegra. Une poursuite effrénée s’engage autant dans la réalité que dans l’univers trouble et mystérieux du jeu.

« eXistenZ » fait parti de ces films qui jouent avec les spectateurs, leurs faisant perdre tous repères et, alors que le film se déroule dans un futur proche, il enlève des éléments de notre époque comme les écrans, les téléphones ou même les cravates. Il le dit lui-même : « Plutôt que de recourir aux astuces habituelles du cinéma de Science-Fiction, qui consistent à ajouter des choses étiquetées « futuristes », j’ai procédé par soustraction. ». Cela marche très bien car dans les trente premières minutes nous ne savons pas très bien où nous sommes et quand nous croyons le savoir, David Cronenberg ne peut s’empêcher de nous faire douter de cela dans la minute qui suit. Il en sera ainsi durant les une heure et trente-six minutes de film, car même l’épilogue nous laisse dans ce doute permanent. Pendant qu’il s’amuse à nous désorienter, David Cronenberg nous parle de jeu vidéo, plus vrai que vrai, faisant aujourd’hui échos à cette génération plus intéressée par leurs vies virtuelles que réelles. Il est vrai que le message à l’époque relève plus du délire futuriste que du message profond sur ces gamers, étant donné qu’à l’époque les jeux vidéo n’avait pas l’ampleur qu’ils ont aujourd’hui. David Cronenberg va même jusqu’à donner « vie » à ce jeu vidéo en lui offrant des ensembles organiques. Ainsi, les consoles ressemblent à des fœtus et les câbles à des cordons ombilicaux, permettant au cinéaste d’aborder un thème qui lui est cher : l’organique. D’ailleurs, tous les thèmes traités dans les films de David Cronenberg sont présents que ce soit l’organique, la science, l’épidémique et bien sûr le sexe. Tout cela crée une atmosphère bien propre au cinéaste canadien et, avec elle, un film que lui seul peut assumer : à la fois inventif et complètement barré ! Les acteurs, que ce soit Jude Law, Jennifer Jason Leigh ou même Ian Holm, sont tous très justes et servent un scénario malin et travaillé. Justement, lorsque j’ai vu le scénario de « eXistenZ », je n’ai pas pu m’empêcher de faire le lien avec « Inception » de Christopher Nolan et remarquer les différentes similitudes. Mr. Nolan aurait-il piqué les bases du scénario de « eXistenZ » pour faire son « Inception » ? Je crois bien que oui. Je n’aurais pas tant apprécié « Inception » si j’avais vu « eXistenZ » avant. Cela n’enlève rien à la force de « eXistenZ » qui reste très bon !

« eXistenZ » est une œuvre un peu déroutante mais très forte, qui s’inscrit parfaitement dans la filmographie de David Cronenberg. À voir absolument pour tout cinéphile qui se respecte … et pour les autres aussi !

eXistenZ. De David Cronenberg. Avec Jude Law, Jennifer Jason Leigh, Ian Holm, Willem Dafoe, Don McKellar, Christopher Eccleston, Sarah Polley, …

Sortie en France le 14 avril 1999.