La période des cadeaux n’est pas finie pour tout le monde. Après Noël, voici venu le temps des étrennes et l’envie de se faire plaisir… Car c’est bien de plaisir qu’il s’agit pour cette première chronique de l’année.
Paru à la mi-novembre chez Glénat, Les histoires d’amour au Japon, Des mythes fondateurs aux fables contemporaines, est un véritable petit bijou d’esthétisme et d’ érudition. Il est signé Agnès Giard. Journaliste, écrivain spécialiste du Japon et blogueuse ( son blog Les 400 culs hébergé par le quotidien Libération est très couru…)
Après L’imaginaire érotique au Japon, Le dictionnaire de l’amour et du plaisir au Japon, Les objets du désir au Japon, elle nous entraîne au fil de ces 800 pages illustrées de plus de 1.000 oeuvres d’art à la découverte des grands mythes fondateurs de l’empire du soleil levant…
« On ne dit pas je t’aime »
Dans ce pays qu’on dit matérialiste, où les citoyens ne prennent que peu de vacances, quelles peuvent être la place du plaisir et du sentiment amoureux? Que signifie l’amour? « Au Japon, l’émotion prime sur tout, nous dit l’auteure, mais dire je t’aime est est une notion abstraite et vulgaire; d’ailleurs on ne dit pas je t’aime mais la lune est belle. »
Et au commencement? On dit qu’il n’y avait pas un mais bien deux dieux. Izanagi (l’homme) et Izanami ( la femme) furent au départ de tout. Le monde, dans la Genèse japonaise, a été le résultat d’un acte d’amour entre deux êtres. Puis ces derniers, au cours de leurs multiples étreintes ont donné naissance à tout ce qui existe, y compris les êtres humains, tous issus de ce désir qui a porté la première femme vers le premier homme.
Ce luxueux ouvrage recense donc les cent histoires d’amour les plus connues du Japon, décryptées et commentées par des artistes, des anthropologues, des historiens. Dans les drames, comédies, contes, films, épopées, mangas, bandes dessinées, chants populaires, danses, l’amour est partout…Mais au Japon, nous dit encore Agnès Giard, les histoires d’amour finissent mal : « Les héros meurent trop tôt ou se suicident ». Peut-être parce que sur cette terre secouée par les typhons et les tsunamis, on acquiert vite le sentiment de sa propre fragilité, de l’éphémère…
Alors l’amour est souvent sacralisé, vécu sur un mode sismique. Mais c’est aussi le pays où l’on a institué un jour férié pour l’amour, le septième jour du septième mois, la « fête des étoiles ».
Véritable invitation au voyage et à la découverte de l’autre, ce beau livre se dévore à petites touches, en douceur, comme une caresse…
- Les Histoires d’amour au Japon, Des mythes fondateurs aux fables contemporaines.
- Auteur: Agnès Giard
- Editeur: Glénat, collection Hors collection
- Prix: 45, 75 euros.