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Meilleurs voeux BD75011 & Cie - l'état de la #BD

Par Manuel Picaud
Meilleurs voeux BD75011 & Cie - l'état de la #BD Où en est la BD aujourd'hui ? L'occasion de ce premier billet de l'année pour vous présenter mes vœux et livrer quelques réflexions et interrogations sur le marché du neuvième art...
Une nouvelle année commence. Et il est d'usage de conclure sur l'année précédente et de s'adresser les meilleurs souhaits pour la nouvelle année pleine de promesses. Ne voyez aucun état d'âme dans ce billet, je me porte à merveille dans mon nouveau cadre à Vincennes. J'essaye d'avoir un regard distancié et ce recul devrait être propice à une année d'écriture. Comme je l'ai déjà annoncé, mon blog va prendre vraiment des vacances pendant quelques semaines au minimum. Vous trouverez toujours des chroniques sur Auracan.com et quelques billets ou clins d’œil de temps en temps sans m'y contraindre. Après cinq année d'intense activité sur ce blog en solo ou avec quelques chroniqueurs de mes amis (qu'ils en soient remerciés chaleureusement !) avec un ou plusieurs billets publiés chaque jour (soit plus de 4000 !), je m'apprête donc à un nouveau départ. J'ai plusieurs projets à mener à bien et ils me prendront toute mon énergie. Du coup, après des absences remarquées à Saint-Malo, et une courte apparition à Blois et au Salon sur les Ouvrages de Bande Dessinée, je ne serai malheureusement pas non plus présent à Angoulême et ne fréquenterai que très rarement les vernissages des galeries de bande dessinée. Je regarde toujours l'actualité et continue de lire beaucoup. Je reprendrai aussi vite que mon possible mon rythme habituel. Restez à l'écoute ici, sur mes comptes facebook, Google + ou twitter.

Meilleurs voeux BD75011 & Cie - l'état de la #BD

Infographie © Manuel F. Picaud / ACBD 2012


Le rapport annuel de l'ACBD coordonné par Gilles Ratier auquel j'apporte ma petite contribution vient de paraître et montre combien le secteur de la bande dessiner continue de crouler devant les nouveautés (plus de 4000 !). Difficile pourtant de bien mesurer la santé du secteur économique du neuvième art sans connaître la rentabilité et les chiffres d'affaires des éditeurs. Goguenards, ils me répondent que c'est dans le bilan "qu'il faut savoir lire". En tant qu'ancien banquier de la vieille école (je ne le dis plus trop, ce n'est plus très tendance, ni une fierté particulière !), j'en surprendrais plus d'un en leur expliquant leurs bilans, mais le problème c'est qu'ils les sortent avec de longs mois de retard et ne les déposent pas toujours aux greffes du tribunal pour permettre leur consultation. Ils préfèrent cultiver le secret car les seuls outils possibles du genre GFK sont chers et donc inaccessibles sans budget conséquent. Arrivée à maturation, l'édition se développe en se concentrant, même si de nombreuses maisons continuent de tenter leur chance dans ce qui est encore considéré comme un eldorado. Faut-il s'en réjouir ou craindre une course en avant non maîtrisée ? C'est d'ailleurs pareil pour tous les professionnels du secteur. Les galeries tellement nombreuses arrivent-elles enfin à être rentables ? Et malgré les nouvelles installations, les librairies arrivent-elles à dépasser la simple manipulation des mises en place et des retours ? De nombreuses librairies ont encore fermé en 2012 et même les plus grands comme Gibert Joseph, Virgin et FNAC souffrent. Les auteurs dont environ 1500 essayent de vivre de leur métier y arrivent-ils encore sans avoir recours à un autre job en parallèle ? Les témoignages que je reçois sont de plus en plus alarmants : les prix à la page baissent, les forfaits fleurissent, les projets se signent difficilement, les séries s'arrêtent prématurément... La libre concurrence joue vers la paupérisation de la profession. Les festivals toujours plus nombreux ne gagneraient-ils pas aussi à se concentrer pour offrir vraiment une expérience riche de la bande dessinée plutôt que de se glorifier de leur fête de la BD du village avec des accueils d'auteurs très variables et une offre très limités ? Les médias sur la BD offrent-ils vraiment un regard pertinent et suffisamment critique ? En 2012, alors que la BD est vraiment reconnue - même la ministre de la Culture a salué l'attribution du Grand Prix de l'ACBD 2013 - les observateurs croient en général devoir défendre le genre. Et finalement, on oublie qu'une critique constructive permet à tous les acteurs de progresser. Certes le travail n'est pas facile car comment parler de plus de 5500 albums par an dont plus de 4000 nouveautés ? Qui paye ce travail quand les principaux organes marginalisent le travail de critique dans leurs colonnes ? Il suffit de voir le pauvre encart dont bénéficie Laure Garcia dans le Nouvel Observateur. La plupart des sites Internet ne comporte pour la BD aucun salarié...

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Infographie © Manuel F. Picaud / ACBD 2012


Meilleurs voeux BD75011 & Cie - l'état de la #BD
Faut-il en même temps assombrir le tableau ?
Assurément non. Même si le marché semble engorgé, la variété des sujets, de leur traitement, des styles et des narrations n'a jamais été aussi riche. Beaucoup d'auteurs développent des projets qui ont du sens et réinventent chaque jour leur art. Certains se sont lancés dans des projets ambitieux de BD Numérique qui ont déjà trouvé leur place comme Les Autres Gens de Thomas Cadène ou qui éclosent sous forme de magazine numérique de bande dessinée, une tendance que j'ai relevé dans ma partie du rapport sur la mutation du secteur. L'offre numérique a beau être encore marginale et souvent essentiellement pirate, l'année 2013 s'annonce comme celle de la croissance numérique avec une offre vraiment élargie dès la fin janvier. Il est aussi question d'une réflexion européenne et d'une loi régissant les relations entre éditeurs et auteurs sur le digital, et un arbitrage sur les indisponibles... Le tout doit permettre de faire évoluer le modèle économique non plus au seul détriment de la majorité des auteurs. Question visibilité, il n'a jamais été autant possible de voir de grandes expositions de bande dessinée, y compris dans des lieux où elle n'avait pas encore accès. Cette tendance est durable. Le marché secondaire a aussi pris des proportions jamais atteintes et les ventes aux enchères toujours plus nombreuses continuent de battre des records et la BD apparaît comme une valeur refuge. Les plus grands festivals dont le principal fête sa 40e édition à Angoulême offrent de plus en plus des programmations riches, passionnantes et renouvelées. Aix-en-Provence, Blois, Lausanne et Saint-Malo sont notamment des rendez-vous culturels de haut niveau. Côté distribution, des alliances comme Canal BD montrent une autre voie de réussite. Si la distribution traditionnelle souffre, les sites de vente par internet continuent de croître et occuperaient déjà plus de 10% du marché. Enfin, l'offre couvre véritablement toutes les cibles, tous les thèmes et tous les genres, ce qui ne peut manquer de pouvoir toucher un public encore plus large. Il est possible d'être optimiste. Mais il faut rester vigilant...
Le bilan est forcément rapide donc partial et incomplet. Vous pouvez donner votre avis et vos vœux dans les commentaires. Souhaitons nous donc une année 2013 particulièrement riche pour les lecteurs, les auteurs et tous les professionnels du secteur. Que soient corrigés tous les excès et que chacun puisse continuer à progresser pour monter encore plus haut les couleurs du neuvième art. Très belle année à vous et vos proches !
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Bilan ACBD 2012 + annexes 2012 - Une année de bandes dessinées sur le territoire francophone européen © Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD / www.acbd.fr

Carte de vœux réalisée à partir d'un dessin dédicacé par Éric Cartier au Festival BD Bulles en Seyne à  La Seyne-sur-mer au printemps 2012
Photo Manuel F. Picaud © DR 

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