Magazine Cinéma

Les tendances de 2012

Par Blended @blendedph

Sans titre

Tous accrochés au même globe lancé à des vitesses vertigineuses dans le silence et le noir de l’espace. Tous militant pour notre propre individualité, et pourtant tous liés et portés par les mêmes flots créatifs.
L’année 2012 a été traversée par ses chemins que l’on emprunte ensemble pensant nous promener seuls. Ces grandes tendances qui naissent comme nait l’émotion fugace avant de devenir passion.
Dès la fin de l’année 2011, nous avions listé 7 grands mouvements dans la création. Un cahier de tendance à retrouver dans les pages centrale de notre magazine (près de 100.000 vues déjà, merci). Certaines tendances perdureront, d’autres évolueront et certaines mourront.
Retour sur boule de cristal blended.

Sans titre

Obsession
L’obsession est le premier pas vers la folie, l’entrée irréversible vers un monde sans cohérence. Les obsessions, « ces démons d’un monde sans foi » comme les appelle Emile Cioran, ont toujours été considérées comme le chant des sirènes menant l’esprit humain sur les rochers de la déraison. Et sans raison, l’être humain redevient animal.
L’esprit obsédé est esprit possédé.
Mais, comme toujours, les choses changent. Et une fois de plus, notre époque se démarque par le renversement des valeurs. Aujourd’hui, en effet, l’obsession est louée. Ou du moins, l’obsession fascine. Au point que lorsque l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur, institution on ne pet plus sérieuse de l’après-guerre, sort son magazine, elle le nomme, justement et simplement, Obsession. Ce qui, au-delà du jeu de mot et de la double lecture, en dit long sur cette nouvelle tendance.
De Michael Fassbender en obsédé sexuel, à Michael Shannon en obsédé de la fin du monde dans Take Shelter, ou Natalie Portman en danseuses obsédée jusqu’à la folie et la mort par son rôle, le cinéma nous a dernièrement largement nourrit d’obsession.

1

C’est que l’obsession fascine, l’esprit qui sombre fascine. Et dans une société du spectacle, la fascination est la valeur ultime. Ce qui fascine fait vendre, même s’il s’agit de montrer la destruction lente d’un esprit.
Si la téléréalité et toutes ses dérives d’élimination de candidats sont les fruits malsains de notre nature morbide, alors l’obsession en est son pendant artistique et esthétique.
Il faut lire, pour réellement comprendre ce qu’est l’obsession et surtout comprendre l’esthétique de la folie, le chapitre dédié au rangement et au nettoyage, dans l’autobiographie d’Andy Warhol, Ma Philosophie de A à B et vice-versa.
Évidemment, la publicité se rue sur cette tendance. Montrer des individus obsédés par des produits est un summum pour un publicitaire. Malheureusement, impossible tant que l’obsession est vue pour ce qu’elle est : une destruction. Trop anxiogène. Mais extraordinairement efficace lorsque l’obsession devient un comportement accepté.
Les nymphes d’Axe perdant le contrôle de leur désir, l’abonné de Canal Plus prêt à tout pour la qualité de ses programmes… l’obsession est détournée, allégée. Il n’en existe plus que sa face théâtralisée et drôle. Mais ne nous trompons pas, cela reste toujours de l’obsession.
Que nous dit cette tendance obsession sur notre époque ? Si l’on revient à la phrase de Cioran, il s’agit du signe d’un monde sans foi et donc sans moral. Sans espoir et sans vision d’avenir. Dans un monde sans repère, l’obsédé apparaît comme un chanceux, il est le pendant athéiste de l’individu mu par sa destinée (nombreux au cinéma aux débuts des années 2000 avec les trilogies Matrix et Seigneurs des Anneaux, et en quelques sortes, père de l’obsédé).
Ou, au contraire, on peut imaginer l’obsession comme le signe du retour de la morale. L’obsession est une sorte de pré-folie. Et si les sérial killer ont envahi nos écrans et nos livres pendant des années, leur comportement amoral et inacceptable est aujourd’hui refoulé, au profit du simple obsédé. Tout aussi fou, mais pas encore criminel.

Sans titre

Pré-apocalypse
Le 21 décembre 2012 selon les Mayas. Dans les années à venir selon la crise économique. Dans quelques décennies selon la crise écologique.
A priori, nous avons du mal à fixer une date commune, mais l’événement semble inéluctable. Notre monde est entré en soin palliatif et les spécialistes sont très pessimistes. Nous nageons en pleine ère pré-apocalyptique.
La fin du monde. Un sujet extrêmement porteur pour les vendeurs de mots, d’images, de concepts. Porteur parce que fédérateur. Quoi de plus rassembleur en effet qu’une mort commune ? Qu’un grand embrasement de l’humanité ? Que le dépérissement de notre Terre ?
Nous pourrions marquer le débarquement de la fin du monde sur nos écrans courant 2008. Un an avant la sortie du film 2012, au moment où l’équipe de marketing viral du film exhume une réinterprétation du calendrier maya. Une liste impressionnante d’arguments sans rapport et bancals, mais tellement nombreux qu’ils s’auto justifient. Le tout enrichit et colporté par notre inconscient collectif : internet.
Bien alimenté par la sinistrose médiatique, nous voilà abreuvés de prédictions aussi noires qu’inévitables. Take Shelter, Melancholia, 4.44 ou Tree of Life, chacun à sa manière, ces films nous annoncent notre fin. Et nous ne parlons pas ici d’un cinéma de seconde zone, des réalisateurs de série B, mais bien de quelque uns des plus grands réals du moment.

2

Même la littérature, d’habitude moins sujette que les autres médias à succomber aux tendances, même la littérature s’est vautrée dans notre fin annoncée. A commencer, en un sens, par la plus belle vente de 2011, l’Indignez-vous ! de Stéphane Hessel, ou comment combattre la décadence. L’art français de la guerre, le Prix Goncourt accordé à Alexis Jenni, nous plonge dans un désespoir de guerre internationale. Sans oublier le très cash Premier bilan après l’apocalypse de Frédéric Beigbeder.
La publicité n’est pas en reste. Axe a fait de la fin du monde sont thème central de campagne. Quel rapport avec un déo ? Aucun. Et alors ?
Nike, Lotus, Pepsi… toutes les plus grandes marques s’y sont mises.
Pendant des décennies, les publicitaires ont frémi à la seule écoute du mot « anxiogène ». La limite absolue. Ne pas faire peur. Alors, qu’est-il arrivé à nos chers pubards ? C’est assez simple, la fin du monde, c’est la porte grande ouverte à l’hédonisme. A la satisfaction des désirs et à la mise à mort des frustrations.
Connaissant la propension naturelle de l’homme à prendre le contre-pied de ses propres principes, nous pouvons annoncer l’arrivée d’une tendance d’optimisme, de renaissance, de nouveau monde.
Après tout, apocalypse nous vient d’un mot latin voulant dire « révélation ». On retrouve aussi une origine grecque, « découverte ». Quelle découverte ? Quelle révélation ? Plutôt une confirmation. Celle que l’homme capitaliste peut produire à partir de tout, même de sa propre fin.

Sans titre

Punk
Gustave de Kervern s’incruste au photo call au côté de Brad Pitt, l’enlace avant de lui adresser un somptueux majeur. Geste qu’il répétera toute la journée sur la croisette cannoise.
Pendant quelques jours, les deux réalisateurs du Grand Soir ont rappelé au monde entier ce qu’était l’irrévérence. La vraie. Pas une rébellion markétée. Pas une contestation orchestrée. Non, une vraie attitude anarchiste. Celle qui dérange, celle qui emmerde vraiment les responsables. Bref, une attitude punk.
C’est que ça couvait depuis un moment. Depuis trois ans environ, le cinéma a commencé à sombrer dans le rock’n’roll. Le superbe documentaire When we were strange, Nowhere Boy, Les Runaways, Bus Palladium, Good Morning England, Shine a Light, The Other F Word,… Mais le rock’n’roll est encore trop gentillet, et c’est le punk qui vient foutre le bordel. Un mouvement dont le cri de guerre fut No Future qui débarque en pleine période de désespoir, en pleine sinistrose. Au milieu des crises et des sociétés nihilisto-cyniques. Un être anticonsumériste. Apolitique. Anticapitaliste. Athée. Une surprise ? Vraiment ?

3

Mais le phénomène est récent et dangereux. Le punk veut détruire. Et détruire sans raison. Le monde de la communication doit utiliser des pincettes pour s’en servir. Il faut attendre que la fréquence des messages et que leurs nombres ait vidé le mouvement de son idéologie.
La littérature, moins frileuse, a déjà fourni quelques succès, à commencer par la bibliographie de Virginie Despentes. Dans la culture populaire et ses mouvements underground, des icônes telles que Hunter S. Thompson refont leur apparition.
Le Che Guevara, Gandhi, Martin Luther King étaient de grands hommes. Qui se battaient pour une cause. Mais leurs causes ont disparu. Et eux avec. Bob Marley va être détrôné par Kurt Cobain.
La mode, la musique, les arts en général, ont été très largement influencés cette dernière décennie par un retour du mouvement beatnik et hippie. Un mouvement qui ne croit plus en son présent, mais se bat pour son avenir. Et quand l’avenir s’assombrit, que se passe-t-il ? Le beatnik devient punk. Le nihilisme et le cynisme l’emportent. La skin party devient la norme devant le pétard convivial.
Tout doucement, le mouvement punk s’impose dans tous les compartiments de la création. Un mouvement de violence sans cible, mais aussi de rire et de partage. Un mouvement qui ne cherche à détruire personne, si ce n’est soi-même. Comme un roman de Chuck Palahniuk. Comme un pogo.
Et si c’était ça l’apocalypse : un immense pogo planétaire.

Sans titre

Do It Yourself
Système D comme Débrouille, Démerde, Do It Yourself. Comme Donoma aussi. Ce film réalisé, dit-on, pour 150 euros et qui est en passe de devenir le représentant d’un nouveau cinéma.
C’est que le cheap, le bricolage, le fait maison a le vent en poupe. Donoma donc, mais aussi Malvivienda, la série espagnole qui cartonne. La nostalgie de la Super 8 bien soulignée par J.J. Abrams et Steven Spielberg, lors de la sortie du film du même nom. Les réalisations de Maïwenn. Les premiers films de Michel Gondry. Le succès de festivals comme le 48 Hours Film Project. Les réalisations coopératives comme le Life In A Day de Ridley Scott.
Bref, le cheap est aujourd’hui partout. La faute à la crise et aux manques de moyens ? Plutôt, un changement profond de la production visuelle grâce à l’évolution technologique. Tout le monde peut aujourd’hui s’improviser réalisateur en deux clics. Depuis une décennie, les œuvres de qualités, signées par des inconnus, fleurissent sur la toile. D’abord épiphénomène à la fin des 90′s, puis marché à part entière aux débuts des années 2000, c’est aujourd’hui une vraie référence. Une influence majeure. Au point donc, que le cinéma, pour coller à la demande, revienne à cette forme d’artisanat. Et donc se rapproche de l’art. En tout cas, plus prêt de Georges Méliès que du blockbuster.
Les productions trop propres sont cataloguées industrielles et couteuses. Des valeurs négatives à l’heure des crises économiques et écologiques. La planète entière entame un retour à la terre, aux « vraies valeurs », au fait-main. Il faut sentir le vrai, la sueur et les larmes. L’indé, que ce soit en musique ou en ciné, est devenu mainstream. Qui pourrait encore dire que le festival de Sundance est underground ?

4

Quand il y a les moyens financiers, c’est douteux. Bienvenu dans un monde qui ne croit plus les riches.
Un Canon 7d, un 5d, même un smartphone. Une postprod avec Adobe After Effects. Tout le monde peut faire un film. Mais plus qu’une simple conséquence des avancées techniques, c’est une demande de fond. Cette fameuse génération Y, qui a grandit avec la communication, qui en connaît les rouages, ne veut plus d’artifice (ce qui mène doucement vers une nouvelle tendance, la mort de l’imagination).
Est-ce la mort de l’image léchée, de la réalisation couteuse pour autant? Non bien sur. Mais elle se déplace. Divorcée du cinéma, elle épouse les séries télé, la publicité, les clips. Les grands noms du ciné se tournent un par un vers la télé. Même le très récalcitrant Martin Scorsese. Alors que la pub n’était qu’un tremplin, elle est devenue un refuge pour certains. Innarritu. Fincher.
Quel est l’avenir du Do It Yourself ? Si les studios, les décisionnaires ne veulent pas voir le pouvoir se répartir derrière les MacBooks de la terre entière, ils vont devoir récupérer le phénomène. Nous allons voir naître des productions faussement cheaps, ou comment faire pauvre quand on est riche. Une illusion dont le public se lassera rapidement.
Puisque la règle immuable veut que chaque tendance fasse naître son contraire en réaction, nous voyons apparaître de plus en plus de films très grand spectacle (particulièrement la mythologie et les super héros), réaction du cinéma face à un marché laissé vacant dans un capitalisme qui ne hait rien tant que le vide.
Mais pour la majorité des productions, l’ultra réalisme qui accompagne le Do It Yourself va lasser. Il faut donc s’attendre à une déferlante de l’onirisme, de la magie, du rêve cheap, mais du rêve. Monsieur Méliès, ce temps est à vous.

Sans titre

Récupération
Reformations, remixes, reprises, revivals, remakes, recyclages, rééditions, rétrospectives… Nous voilà bel et bien implantés dans l’air de la récupération. De la réinvention diraient certains, ou comment faire du neuf avec du vieux, oui, mais il faut détruire pour construire. Et que détruit-on dans ce monde de révérence, de mode du rétro, de contrition ? Dans ce monde où l’ancien est représenté par la génération la plus importante que le monde occidental ait connue ? Dans un monde où l’avenir est présenté comme une impasse ? Comme dans toute impasse, on fait demi-tour.
Le cinéma est le premier frappé par le phénomène. Logique. L’industrie du cinéma est une vieille dame frileuse. Elle a abandonné la création à la télé et à ses séries, se contentant de remakes et de reboots sans risque. La musique multiplie les reprises, préférant payer les droits des chansons plutôt que de prendre le risque de lancer un jeune songwritter. La littérature réédite à tour de bras. Et même si la publicité n’a pas ressorti ses vieilles égéries, la nouveauté repose sur le changement de support, basant aujourd’hui la communication sur les happenings, flashmob et déclinaison du street art.
Mais au delà d’un ennui certain, il y a là le symptôme d’un occident vieillissant. Car, le reste du monde, Brésil, Inde et Maghreb en tête, continue de proposer du neuf. Signe d’une population jeune. Car, que se passe-t-il quand une population compte une personne sur deux de moins de 25 ans comme c’est le cas en Tunisie ? Une révolution historique y prend naissance.
Mais pas de soucis, le neuf trouve toujours un chemin pour se faire entendre. Le Do It Yourself en est l’expression la plus directe. Si les décisionnaires, les argentés sont frileux, alors la jeunesse, la nouveauté fera sans argent.
Aux premiers qui oseront laisser réellement les mains libres aux nouvelles propositions, nous prédisons une déferlante de succès.

Sans titre

Rétro
C’est certainement parce qu’on nous promettait des voitures volantes pour l’an 2000 et qu’on a eu que des trottinettes qu’aujourd’hui les gens se tournent vers le passé plutôt que l’avenir. Peut-être aussi parce que le futur nous est dépeint sans argent, sans nature, sans espoir en fait. Devant un demain qui effraie, courage fuyons, dans un hier, voir un avant-hier.
Les hippies ont eu leur revival, en 2011, nous nous sommes immergés dans les 50/60’s. La période de la pleine croissance, de la candeur économique et écologique. Peut-être la période qui a nourrit les problèmes que nous connaissons aujourd’hui, mais peu importe.
Le premier phénomène de cette tendance, c’est évidemment Mad Men. Société phallocratique, cigarettes pour tout le monde, jouissance de la communication… un vrai paradis. On pensait alors à un épiphénomène. Pas du tout. Tous les magazines, les journaux, les livres se sont fait dernièrement les critiques de cette tendance. Tout en en étant aussi les principaux vecteurs.

5

2011 aura vu l’émergence de Lana Del Rey, le sacre historique de The Artist (qui remonte un peu plus loin que l’après-guerre, il est vrai), le rock retro de Mustang, la mode hipsters. Le cinéma frappé de plein fouet par le phénomène : Super 8, Drive, Cloclo, My week with Marylin.
Certains, comme Simon Reynolds auteur de l’excellent Rétromania, avance un possible effet de l’internet. L’ouverture d’une bibliothèque géante où tout se mélange, les nouveautés comme le passé. Sauf que le temps a déjà fait le tri du passé, alors que nous sommes tous pris de vertige devant le nombre de nouveautés auxquelles nous avons accès. En même le temps, le numérique, qui permet de copier l’existant sans perdre en qualité et de le diffuser à grande échelle.
La mode rétro va cesser. Bientôt. Il n’aura fallu que quelques semaines à Lana Del Rey pour être critiquée en tant que produit. Sur un marché vierge de nouveauté, le premier phénomène innovant à rencontrer son publique devrait provoquer un raz-de-marée.

Sans titre

Danse
Impossible de passer à côté en 2011. Publicité, court métrage, long métrage, photos. Valses de pellicules, entrechat d’objectifs, montage en arabesque. Du phénomène oscarisé d’Aronofsky à Innaritu pour Yves Saint Laurent avec Benjamin Millepied. Et d’ailleurs Benjamin Millepied sur tous les écrans, y compris en étant responsable de la chorégraphie de Black Swan.
La danse aura traversée l’année comme une déferlante de grâce et de beauté. Phénomène logique s’il en est. Art le plus visuel qui soit, en photo comme en mouvement. Pour la publicité, porteur de valeurs de beauté, de pureté, de simplicité, une touche presque divine pour le pataud homme du quotidien. Pour la narration cinématographique, le combat, le défi, l’obstination, le dépassement de soi.
La danse est un art unique. Il est le seul à marier la discipline, le support et l’artiste en une même entité. Le danseur en mouvement est à la fois le maître, la toile et le pinceau. A la fois le musicien, l’instrument et la musique. Un art total en somme. Et la production visuelle en aura compris tous les intérêts. Se concentrer sur la chorégraphie et ses valeurs positives et son esthétique immédiate pour la publicité. Focus sur le danseur pour le cinéma avec sa passion, ses douleurs et son abnégation.
Cette gémellité de la danse, combinée à sa beauté évidente, pouvant émouvoir même les plus profanes, en fait l’outil parfait du communicant sous toutes ses formes. Le couteau suisse, à qui l’on peut faire dire tout et son contraire. La danse est un message qui ne nécessite aucune explication, porteurs de valeurs antinomiques, enrobé dans la plus évidente beauté. Bref, le Graal.

6


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Blended 45115 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte