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(Bilan) Mon année sériephile 2012 au Japon

Par Myteleisrich @myteleisrich

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Après un bilan global annuel, il est de coutume sur ce blog de s'arrêter un peu plus sur certains pays, notamment en Asie (en effet, c'est mercredi). Ces dernières années, ces billets me permettaient surtout de consolider et de mesurer l'évolution de ma consommation dans ces pays "nouveaux". Ils ne sont plus vraiment nouveaux, mais c'est toujours l'occasion de faire le point utilement. D'autant qu'en 2012, je suis pour la première fois parvenue à un relatif équilibre entre la Corée du Sud et le Japon. Si j'insiste là-dessus, c'est que, les lecteurs les plus anciens s'en souviennent peut-être, j'ai longtemps eu de difficiles relations avec le petit écran japonais. Les doutes se sont depuis effacés.

Je n'ai jamais vécu une année aussi pleine que 2012 au pays du Soleil Levant. Certes, toutes les saisons (hiver, printemps, été, automne) n'ont pas été égales. Je garde en tête le relatif désert estival, alors que l'automne s'est au contraire révélé autrement plus riche. A défaut de jouer au teste-tout (par manque de temps), je réussis désormais plutôt bien mes sélections. On peut presque dire que mon éducation téléphagique japonaise est en place (il n'aura fallu que... quasiment six ans?) ! Revenons donc un peu sur l'année qui s'est écoulée.

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Ils m'ont marqué : le top 3 incontournable

2012 avait commencé de la plus marquante des manières devant Shokuzai. Prouvant une nouvelle fois qu'il faut surveiller les dramas de WOWOW (même si la chaîne aura aussi connu ses ratés cette année), ce drama troublant et éprouvant aura traité avec une approche très particulière du thème de l'expiation. Décrivant le cheminement auto-destructeur vers lequel différentes protagonistes sont conduites par une tragédie passée, c'est une série qui aura marqué par son sujet, mais aussi par sa mise en scène - avec une réalisation magnifique contribuant grandement à la construction de l'ambiance. Une oeuvre très aboutie, signée Kurosawa Kiyoshi, qui mérite le détour.

La deuxième grande claque téléphagique est venue d'un autre drama hivernal, mais dont les sous-titres ont été traduits un peu plus tardivement au cours de l'année : Unmei no Hito. Dans la lignée des Fumou Chitai et autre Karei Naru Ichizoku (et du même calibre que ces derniers), ce drama parle du Japon, de l'histoire de ce pays en revenant sur des conséquences de l'après Seconde Guerre Mondiale. Il s'intéresse à des destinées personnelles bouleversées par des enjeux autrement plus grands. Inspiré de faits réels, il traite plus précisément de la rétrocession d'Okinawa. C'est une occasion d'éclairer le fonctionnement de la démocratie japonaise des années 70, et notamment les rapports de la presse et du pouvoir. Un sujet fort pour un drama extrêmement prenant et bien mis en scène. 

Le dernier drama sélectionné relève plus de l'expérience télévisuelle, mais quelle magnifique expérience que celle-là ! Sur bien des points, Going My Home ne ressemble pas à ce que l'on attend canoniquement d'une fiction télévisée à diffusion hebdomadaire. C'est une oeuvre d'ambiance, où le soin porté aux détails, l'authenticité de scènes ou d'échanges qui pourraient être anecdotiques ou encore la construction d'une atmosphère à part sont des éléments qui l'emportent sur une intrigue semblant comme en retrait. C'est un drama à part, d'une subtilité qui lui est propre et profondément humain. Une belle série, originale, qui mérite assurément le détour.

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Petit état des lieux du reste de mes visionnages... et des bons souvenirs que je garde.

Les dramas relationnels

Un de mes réflexes les plus anciens, depuis plus d'une demie décennie que je regarde des séries japonaises, a été d'éviter les séries relationnelles. J'ai toujours eu tendance à sélectionner certains genres : Histoire, politique, policier, question de société au sens large... au détriment des autres. Cette année pourtant, je me suis investie avec succès dans plusieurs dramas où les jeux des sentiments, mais aussi les réflexions qui les entourent, étaient déterminants. J'en retiends deux fictions extrêmement différentes. D'une part, rattrapée en début d'année, il y a eu Second Virgin, un drama qui met à jour, de façon prenante mais aussi tragique, les croisements des sentiments, des ambitions et des codes sociaux. D'autre part, diffusée cet automne, il y a eu Kekkon Shinai qui, avec sa façon rafraîchissante, aura proposé une intéressante réflexion sur l'engagement, le mariage et l'amour. Deux approches très diverses, mais qui m'auront convaincu de continuer l'exploration de ces thèmes à l'avenir.

L'humour

L'humour et moi, sur tous les continents, nous entretenons des relations difficiles. Non pas que je sois allergique aux comédies, mais j'ai toujours des difficultés à m'investir avec régularité dans ce genre. 2012 aura cependant été l'occasion de confirmer mon affection pour Yuusha Yoshihiko. Pour sa seconde saison, Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi se sera inscrite dans la fidèle continuité de la première. De savoureuses (et décalées) aventures parodiques dans un univers de fantasy reprenant les codes des jeux de rôle, devant lesquelles on prend décidément beaucoup de plaisir ! Dans un registre proche, j'ai également visionné les premiers épisodes de Dragon seinendan, avec cette fois-ci une transposition dans le monde "réel" des codes des jeux de rôle. Sans être déplaisant, et plutôt drôle à ses heures, je n'y ai pas retrouvé le dynamisme de Yuusha Yoshihiko et je me suis finalement lassée sans aller au bout... Ma malédiction des comédies.

Les dramas de société

Jusqu'à présent, mon genre de prédilection au Japon a été des dramas traitant de sujets de société, mettant en lumière ce pays et les problématiques qui l'animent. 2011 avait été une année très riche, avec de nombreux rattrapages effectués, et des découvertes magistrales comme Soratobu Taiya. 2012 a été plus mitigée. Mes rattrapages m'ont laissé réservé, à l'image de Chase. WOWOW n'a pas complètement rempli les attentes que l'on pouvait avoir : après des débuts plutôt prometteurs, ni Magma (sur la question énergétique post-11 mars), ni Suitei Yûzai (sur une erreur judiciaire) n'auront su se montrer pleinement convaincants. Il faut sans doute que j'admette que tous les dramas ne peuvent avoir le niveau qualitatif de Soratobu Taiya. Mais concernant WOWOW, plusieurs dramas de l'automne non encore visionnés me rappelleront probablement pourquoi je fais confiance à cette chaîne (Hitori Shizuka, Double Face)

Une autre approche pour traiter de problématiques parcourant la société japonaise est l'éducation : les fameux high school dramas. Il est devenu rare qu'ils parviennent à me convaincre. Suzuki Sensei a été l'exception notable à saluer. J'en avais déjà parlé l'an dernier, puisqu'il a été diffusé en 2011. Mais ses sous-titres anglais ont été achevés au printemps 2012, d'où cette nouvelle évocation. Loin de toute moralisation ou de tout manichéisme, c'est une fiction qui, en suivant les méthodes atypiques d'un enseignant, propose une approche des questionnements d'adolescence qui sonne extrêmement authentique. Le tout porté par une figure centrale très charismatique mais ne manquant pas d'ambivalence. Un must-seen

Les policiers

Peu ou pas de pur policier suivi cette année au Japon. Il faut cependant noter un rattrapage effectué : celui de Ningen no Shoumei. Une découverte d'autant plus intéressant qu'il ne s'agit pas d'un simple procédural. Au contraire, c'est un polar feuilletonnant qui met en scène divers protagonistes dont les destins s'entrecroisent. Cette fiction très dense et chorale, teintée d'ambiguïtés, expose le poids que peut faire peser notre passé. Et dans son rôle de policier torturé et efficace, Takenouchi Yutaka aura fait des merveilles (oui, je poursuis aussi mon exploration intéressée de certaines filmographies... histoire d'allier, plaisir et... plaisir !).

Les OTNI

Quand on parle à un profane, qui n'en a jamais visionné, de j-dramas, un de ses premiers réflexes est souvent d'imaginer cette télévision peuplée d'une surenchère de concepts les plus improbables et/ou surprenants. S'il faut nuancer cela, la richesse du petit écran japonais tient à sa diversité, et aussi à sa capacité à justement réussir des oeuvres qu'on retrouverait plus difficilement dans un autre pays. Cette année, mon rattrapage de The Quiz Show me l'a encore confirmé. Mettant en scène une émission de télévision particulièrement déstabilisante, ce drama s'est caractérisé par une maîtrise narrative d'ensemble remarquable. Une superbe expérimentation télévisuelle qui vous rappelle la nécessité de toujours revenir poser ses bagages au Japon de temps à autre, pour profiter de tout ce que peut offrir le format série !

Les tanpatsus

A côté des renzoku, existent aussi les tanpatsus, que j'ai longtemps délaissés avant de commencer à m'y mettre depuis deux ans. Ils ont l'avantage d'un format court (souvent seulement deux heures). Ma fortune y a été très diverse cette année, avec nombre de semi-déceptions. J'en retiens cependant trois fictions très différentes, mais toutes intéressantes à leur façon. Tout d'abord, l'attachant Hoshi Hitotsu no Yoru qui met en scène une histoire d'amitié simple et sincère, portée par un casting de rêve (Watanabe Ken, Tamaki Hiroshi). Puis, l'intriguant Shikei Kijun, drame judiciaire évoquant le sujet de la peine de mort au Japon. Enfin, une comédie enlevée et sympathique : Suteki na Kakushidori, qui aura bien su jouer sur le huis clos hôtelier dans lequel elle se déroule.

L'historique

J'avais beaucoup de projets dans le domaine des fictions historiques, mais je ne les ai pas tous menés à bien. J'ai pris le temps de revisionner les deux saisons de JIN, ce fantastique drama qui plonge un chirurgien du présent dans le Japon de l'ère Edo. Entre reconstitution historique, drame médical, intrigue politique et exploration de la mythologie du voyage dans le temps, cela reste pour moi une des grandes références de la télévision japonaise de ces dernières années. Deux saisons remarquables, qui méritaient deux reviews pour chacune d'elles (La saison 1 / La saison 2). Dans le même temps, j'ai aussi visionné mon premier vrai jidaigeki : une mini-série, Tsukahara Bokuden. L'expérience n'a pas été la plus concluante qui soit, mais elle a eu le mérite de me confirmer que j'apprécierai beaucoup une immersion historique au Japon, à travers les grandes fresques que sont les taigas. Jusqu'à présent, Ryomaden figurait en tête de liste parmi ces derniers ; mais la récente superbe review de Kerydwen sur Fûrin Kazan a fait plus qu'aiguiser ma curiosité. J'hésite donc, mais ma résolution japonaise pour 2013 est indéniablement celle-ci : regarder un taiga.

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L'instantané musical. Ma sélection de trois génériques :

Suzuki Sensei (2011)

Parmi les mille et une choses qui ont fait que je sois tombée sous le charme de ce high school drama, le générique figure en bonne place. Qu'il s'agisse de la chanson rythmée, de la photographie ou de la mise en scène, tout y est très bien pensé, simplement mais efficacement. La symbolique des lunettes que chaque élève se passe pour finalement attérir sur le nez du professeur auquel elles appartiennent reflètent à merveille l'état d'esprit de la série qui est justement de changer les perspectives et de susciter discussions et échanges de points de vue.


Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi (2012)

Pour retrouver de l'énergie, rien de tel que ce générique punchy à souhait. Doté d'un visuel travaillé qui multiplie les références aux jeux de rôle pour notre plus grand plaisir, il retranscrit parfaitement l'essence de ce drama qui est reste une réjouissante parodie de fantasy, à la fois pleine de dynamisme et de décalage.


Kekkon Shinai (2012)

Enfin, j'ai longtemps hésité sur la sélection de ce dernier générique. Celui de Kekkon Shinai n'a pas été un coup de coeur instantané, pourtant, au fil du drama, je me suis progressivement profondément attachée à la fraîcheur qui en émane, à cette mélodie qui semble être comme une balade de la vie, ou encore à cette mise en scène faussement insouciante. Ce n'est pas le générique le plus recherché ou original, mais il réussit à évoquer quelque chose chez le téléspectateur qui s'installe devant cette série, et c'est bien le principal.

Au final, cette année sériephile 2012 au Japon aura été riche, diverse et intéressante. Plus important, l'enthousiasme pour la première fois vraiment perceptible en 2011 est toujours là. Je compte donc bien y poursuivre mes explorations téléphagiques. Et, encore une fois, un grand merci à certains commentateurs ou encore aux différents blogs comme celui de Kerydwen, de Katzina ou de LadyTeruki, pour leurs précieux conseils.


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