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[Critique] HALO LEGENDS

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] HALO LEGENDS

Titre original : Halo Legends

Note:

★
★
★
☆
☆

Origine : Japon/États-Unis
Réalisateurs : Frank O’Connor, Shinji Aramaki, Hideki Futamura, Toshiyuki  Kanno, Tomoki Kyoda, Kôichi Mashimo, Yasushi Muraki, Daisuke Nishio, Koji Sawai, Hiroshi Yamazaki, Mamoru Oshii, Keiichi Sugiyama
Distribution voix (v.o.) : Luci Christian, James Faulkner, Chris Patton, John Swasey, Kazuhiko Inoue, Deke Anderson…
Genre : Animation/Science-Fiction/Adaptation
Date de sortie : 1er septembre 2010 (DTV)

Le Pitch :
Au cœur de la bataille qui fait rage entre l’humanité et l’Alliance Covenante, sept fables sont écrites, contant les origines mystérieuses du guerrier Master Chief, les capacités de combat avancées des Spartans, et la rivalité intense entre ces derniers et les Troupes de Choc Aéroportées Orbitales (TCAO). Opérations d’infiltration, aventures maladroites, missions finales : sept histoires, sept mythes, sept légendes de l’univers…

La Critique :
Entre l’univers du jeu vidéo et le monde de la culture geek, une guerre épique fait rage entre le Japon et l’Amérique. Ou plutôt, le Japon et l’Occident, mais surtout l’Amérique en fait, parce que Microsoft habite là-bas. Ce conflit concerne principalement les choix de design et d’esthétique dans les jeux vidéo, en particulier les types dominants de personnages. Les jeux occidentaux sont généralement représentés par des grosses brutes en carton bourrés de stéroïdes et armées jusqu’aux dents (comme Marcus Fénix ou Master Chief) ou des athlètes professionnels digitalisés, tandis que les jeux japonais sont représentés par…tout le reste.

En première ligne se place Halo, à l’origine de la clique des FPS (First Person Shooter) qui misent presque tout sur le multijoueurs et dominent le marché occidental des jeux vidéo aujourd’hui. Sa popularité sur l’Xbox originale était suffisante pour être un succès et mit fin à la stagnation de la console, mais pourrait aussi bien ne pas exister chez le marché Japonais. Soyons honnêtes : sans Halo, il n’y aurait peut-être pas eu une deuxième Xbox.

Ainsi, Halo Legends semble être par moments une énorme blague, un projet dans la veine de Animatrix, avec une série d’histoires inspirées du célèbre jeu vidéo adaptées en sept court-métrages d’animation (Origines, Prototype, l’Exception, Babysitter, Le Paquet, Le Duel, et Retour au Pays) par une poignée de studios anime différents. Oui, anime. Comme l’anime qu’on trouve au Japon. Les réactions sont déjà prévisible s: un désintérêt béat de la part des geeks et des fans d’anime, et des craintes de catastrophe apocalyptique du côté des fans d’Halo les plus franc-parlants («  Argh ! WTF ? En quoi les Japonais ont-ils transformé Master Chief ? »), sans doute terrifiés par l’idée que leur franchise préférée devienne visuellement ou narrativement intéressante, pour changer. Pour ce qui est de Legends, il s’agit d’un spécimen intéressant, là il n’y a pas de doute.

Si vous connaissez Halo, vous savez plus ou moins ce qui vous attend : beaucoup (mais alors, beaucoup) de mecs vêtus de l’armure spatiale la plus banale qui soit, fiers de leur hyper-masculinité inintéressante, grognant un jargon militaire aussi futuriste qu’imaginaire et inclinant tristement la tête, accompagnés tout au long d’une musique orchestrale mélancolique. Et ici, la plupart des histoires sont des contes turgides pataugeant dans le même message « la guerre, c’est l’enfer », avec en bonus des sacrifices héroïques, des poignées de mains macho, et le versement de quelques larmes viriles.

Ce qui étonne le plus chez Halo Legends, c’est la façon dont la plupart des récits déviés de la licence sont représentés. C’est comme si les animateurs Japonais faisaient exprès de vexer les fans les plus énervés et/ou xénophobes de la saga : les images récurrentes de l’épisode Retour au Pays sont celles de fleurs sauvages et de nounours, le gag récurrent d’un Spartan enlevant son casque pour dévoiler sa réelle identité (OMG ! C’est une fille !) revient au moins deux fois, et une bagarre au sein des rangs de l’Alliance Covenante est refaçonnée en poème aquarelle de samouraï dans Le Duel. Plus jubilatoire encore, l’épisode intitulé l’Exception voit le Spartan 1337 trouver son égal face à une bande de gamins, leurs aînés dotés de superpouvoirs et balèzes en arts-martiaux, et leur animal de compagnie : un dinosaure. Hm…difficile de deviner la réaction des gentlemen sur Xbox Live…

Dans tous les cas, il y’a quand même deux chapitres qui conviendront plus aux fans de Halo. Origines voit Cortana (l’hologramme qui accompagne Master Chief dans toutes ses aventures et qui bizarrement se balade toujours à poil) jouer le rôle de narratrice, détaillant la mythologie de la série avec une précision exhaustive, et c’est finalement assez gentil de sa part : ça aide les non-fans à se familiariser avec l’univers, tout comme le nombre apparemment énorme de joueurs qui n’ont jamais touché à la campagne et n’utilisent que le mode multijoueurs. Toutefois, il est difficile d’affirmer qu’il s’agit d’une introduction qui fonctionne pour les nouveaux-venus : après tous ces briefings encyclopédiques, on n’imagine même pas la déception d’allumer la console et de découvrir que finalement, c’est juste un énième jeu FPS comme les autres. Le Paquet est une cinématique rallongée de « Master Chief-fout-la-raclée-à-tout-le-monde » : c’est beau, ça claque, c’est visuellement impressionnant (mais cela n’égale pas la splendeur des peintures mouvantes du Duel), et puis ça s’arrête là en termes de qualité.

D’autres épisodes se contentent de pédaler dans la semoule et restent inertes dans leur petit coin : Prototype divertit un peu le regard en imaginant comment les bad guys de Halo réagiraient face à une combinaison mécanique surpuissante inspirée des dessins animés dans la veine de Transformers (réponse : mal), mais reste finalement assez oubliable ; tandis que Babysitter traîne la patte sans rien faire de véritablement palpitant. Le fait qu’il soit similaire à l’épisode infiniment supérieur Retour au Pays n’arrange pas les choses.

Et puisqu’on est dessus, Retour au Pays est non seulement à mille lieux des autres épisodes, mais également le meilleur exemple convaincant de narration visuelle dans l’univers de Halo jusqu’à présent. Sans doute déjà célèbre sur les forums sous le nom de « l’épisode avec le nounours », il doit sa réussite principalement à sa volonté d’enlever les éléments méga-machos de la licence, racontant une histoire tragique à travers le regard d’une Spartane anormalement émotive et pointant un doigt critique sur le côté obscur de la franchise (son obsession immature avec le pragmatisme militariste) d’une façon qui rappelle Le Cycle d’Ender ou même Evangelion. C’est un tour de force d’animation artistique qui justifie à lui seul l’existence du projet.

Ceci dit, le plaisir coupable de la collection est bien sûr l’Exception, signé Toei Animation, qui parodie avec habileté les imaginations les plus extrêmes d’un mélange entre l’univers de Halo et le monde d’anime, avec des clins d’œil bien sentis à Dragon Ball en particulier. Quel bonheur de voir le chef de l’Alliance Covenante rouspéter sur son trône comme Skeletor et un Spartan se faire brutalement tabasser par une créature qui semble tout droit sortie de Monster Rancher.

En somme, le meilleur qu’on puisse dire sur Halo Legends, c’est qu’il s’agit d’une expérience remarquable et digne d’attention. Qui plus est, j’ai regardé du début à la fin, et c’est beaucoup plus supportable que de jouer à la campagne on-ne-peut-plus-prévisible de Halo Reach. Du bon boulot !

@ Daniel Rawnsley

[Critique] HALO LEGENDS


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