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[Souvenirs TV] « Les aventures du jeune Indiana Jones » (1992-1993)

Par Charlyh

 

Si vous avez traversé en long et en large ce blog et plus particulièrement cette section qui s’intéresse à la petite lucarne, vous aurez compris que je m’y intéresse le plus souvent aux séries disparues, méconnues ou mal aimées : ces séries qui ont marqué de leurs vestiges télévisuels mon (petit) cœur de sérievore bercé par la moins chère des baby-sitters à l’époque. Oui, je suis un peu un Martin Tupper de « Dream On », moi aussi (revoyant ici ou là des extraits de séries ou de films par associations de bonnes ou mauvaises idées selon les discussions engagées ou certains mots prononcés).
Et c’est un brin nostalgique mais heureux que je m’aperçois que France 4 (chaine du groupe France Télévision qui se nourrit de notre chère redevance TV qui n’a cesse d’augmenter) rediffuse une série que j’aimais suivre il y a vingt ans :

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« THE YOUNG INDIANA JONES CHRONICLES »

Dans ces autoroutes d’épisodes de « Urgences » (et sa sœur siamoise « New-York 911 ») que nous diffuse et rediffuse en boucles la chaine l’après-midi (non sans, bafouer l’amour des téléspectateurs pour ce genre de shows, puisqu’ils n’auront jamais diffusé le dernier épisode de la série new-yorkaise pour recommencer dès le lendemain celle-ci à ses débuts –encore épargnés du traumatisme du 11 Septembre), quand elle n’a pas la bonne idée de faire découvrir aux Français les nouveaux épisodes de la série britannique historique « Doctor Who », y proposer désormais un épisode en fin d’après-midi –aux alentours de 19h35/50 depuis ce lundi 31 décembre 2012- m’est également une bonne idée de la part des responsables des programmes. Même si j’ignore encore pourquoi ils ont fait le choix de le diffuser dans un désordre le plus complet ?!

« LA DERNIERE CROISADE » concluant (alors) sa trilogie des aventures de l’archéologue Indiana Jones, George Lucas mesure de plus en plus combien ce personnage était sur ​​le point de prendre sa place dans l'histoire du cinéma comme l'une des plus grandes figures cinématographiques jamais créés. C’est un bingo !
S’étant en parallèle, à cette dernière sortie, impliqué dans le développement d’un projet qui lui tenait énormément à cœur : la Fondation George Lucas pour l’Education, le scénariste et producteur (passionné d’histoire et d'anthropologie qui l’a conduit à créer Indiana Jones), qui trouve désormais de plus en plus séduisant le média qu’est la télévision, réalisant le potentiel de narration à travers ce média, qui ne se limite pas aux deux heures d'un long-métrage (que les films ne dépassaient pas allégrement à l’époque), commence à réfléchir à un programme de télévision qui serait pédagogique et ludique à la fois, permettant de présenter les événements historiques en utilisant l'attrait populaire de Indiana Jones pour attirer les spectateurs.
« Si J'ai une fondation éducative travaillant sur des projets interactifs, j'ai eu aussi cette idée d'amener les enfants à s’intéresser à l’Histoire à travers le personnage d’un jeune Indiana Jones » déclarait au lancement de sa série l’homme auprès de trois milliards cent millions de recettes, alors (et je ne parle pas de cuisine).


« A Walk Through XXe siècle: History with Indiana Jones »

Baptisé d’abord « A Walk Through XXe siècle: History with Indiana Jones », le projet n’a de cesse d'évoluer pour devenir une véritable série télévisée : « The Young Indiana Jones Chronicles » !
Ne présentant pas une course hebdomadaire d’Indiana Jones à travers le monde pour dénicher des objets perdus tout en devant affronter et contrer les méchants de la semaine (nazis, traites américains, femmes manipulatrices ou tout autre ennemi ésotériques pour respecter les récurrences obligatoires de la trilogie cinématographique), le projet pédagogique de George Lucas devait chercher à révéler les événements qui ont façonné Indiana Jones en ce héros des longs-métrages, à travers deux périodes différentes de sa vie : son enfance entre 1908 à 1910 et son adolescence de 1916 à 1920.
Passionné d’Histoire comme il a été écrit plus haut, George Lucas a, effectivement, pour partie préférée de celle-ci le début du siècle dernier, qui « a beaucoup à voir avec l'émergence de l'ère moderne dans lequel nous vivons aujourd'hui » selon ses propres déclarations.
« Bonne idée » et « aventure intéressante » au potentiel largement créatif, celui qui n’a jamais été aussi bon que lorsqu’il développe et imagine des univers (plutôt que de s’essayer à la réalisation ou à la retouche soi-disant artistique que ne renierai pas une restauratrice espagnole) se lance donc dans cette « véritable aventure un peu ésotérique pour la télévision », l’aval de la chaine ABC (qui après des années de « Happy Days » et autres « Dynastie » se renouvelle avec la série kult « Twin Peaks ») obtenu.
Commençant par développer une histoire autour d’un jeune Indiana Jones âgé de cinq ans vivant ses premières années à Princeton (sa ville natale, comme on le découvrira dès les premiers dialogues de la série), il finit par lui préférer l'âge de huit ans et l’idée de lui faire suivre la tournée mondiale de son père, le Dr. Henry Jones Sr., professeur d'études médiévales (découvert à travers les traits de l’acteur Sean Connery dans cette troisième « CROISADE »), donnant des conférences dans les universités internationales suite au succès de son traité sur la chevalerie référence pour faire voyager l’enfant et le téléspectateur et permettre à son staff de scénaristes de développer des intrigues et rencontres au-delà du sol américain.
La partie adolescente du récit de notre jeune héros (1916-1920) devant, elle, commencer suite à un événement plus tragique et intimiste (la mort prématurée de sa mère Anna Mary Jones, deux ans après leur retour aux Etats-deux), qui pourra expliquer pourquoi le père, Henry Jones Sr., s’est replongé aussi fanatiquement dans ses recherches historiques du Saint-Graal, en s’installant dans l’Utah, quitte à rompre tout dialogue avec son fils, Henry Jones Jr. -qui cherchera l’aventure ailleurs, tout comme une autre figure paternelle –comme évoqué en introduction de ce troisième film, « LA DERNIERE CROISADE », durant laquelle River Phoenix, qui incarne Indy a treize-ans, affronte un groupe de pilleurs de tombes parmi lesquels ce mystérieux « Fedora » (qui dans une première mouture du scénario devait être Abner Ravenwood, le mentor d’Indy) qui offrira, non sans encouragements, son couvre-chef au jeune scout intrépide après avoir récupéré cette Croix de
Coronado.
Scène qui explique, en plus de l’acquisition de ce Fedora brun caractéristique du personnage (avec le fouet et son attitude nonchalante et décontractée face aux dangers), la cicatrice sur le menton d’Indiana Jones et l’origine de sa peur physique des serpents, cette poursuite ferroviaire –ou presque-
à travers les grottes du parc national des Arches dans l'Utah est forcément aussi l’une des scènes-clefs et séminales de cette série. Oui, les millions de spectateurs à travers le monde découvrent quel est, selon George Lucas, Jeffrey Boam et Menno Meyjes, le Saint-Graal (cette coupe qui aurait recueilli le sang du prétendu Christ) au bout des 126 minutes du film de 1989, mais qui ne s’est pas posé la question de savoir quelle avait été la jeunesse du « Docto’ Jones », en resongeant à ce merveilleux prologue ?


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Indiana Jones à 13 ans (River Phoenix) dans le prologue de cette « DERNIERE CROISADE » de référence


De nos jours (ou du moins en 1992, année de production), un vieil homme borgne, manchot et boiteux, au visage ridé et un brin bedonnant se souvient, au début de chaque épisode et à travers différentes occasions, de sa tumultueuse jeunesse –entre 1908 et 1918- qui aura fait le désespoir de sa prude préceptrice, Miss Helen Seymour.
Fils du professeur de littérature médiévale, le Dr. Henry Jones Sr., Henry Walton Jones Junior (de son véritable nom complet) a très vite suivi celui-ci à travers le monde, où l’éminent universitaire donne de nombreuses conférences, laissant l’éducation de son fils à cette préceptrice et gouvernante.
Une jeunesse mouvementée (et pédagogique) qui fera rencontrer de nombreuses personnalités et célébrités historiques en devenir au jeune garçon de dix ans, quand son adolescence exotique lui fera échapper plusieurs fois à la mort à travers de nombreux pays avant de prendre les armes durant la Première Guerre Mondiale (aux cotés de son ami Belge Rémy Baudouin).

Car oui, dans sa biographie, le jeune Indiana Jones, négligé par un père autoritaire et distrait, s’est très rapidement séparé de celui- ci pour suivre sa propre route à la fin de ses études et se retrouver impliqué malgré lui dans des événements qui ne pouvaient que le dépasser –comme cette première apparition de l’Indy adolescent (17 ans), dans la seconde partie du double épisode pilot « La Malédiction du Chacal, Mexique, Mars 1916 », qui l’amène à survivre au révolutionnaire mexicain Pancho Villa alors qu’il désirait juste s’encanailler à la frontière avec son cousin Frank. Devant rencontrer lors de ce périple le Belge Rémy Baudouin -évoqué à l’instant (mais dont on n’aura jamais entendu parler précédemment dans les films, comme si Indy l’avait oublié à jamais)- et qui, après lui avoir raconté le drame de sa vie, le décidera à le suivre au sein de l’armée Belge (sous l’identité d’Henri Defense) dans ce conflit mondial en France, mais qu’il entrainera également, avec les téléspectateurs, à sa suite, aux quatre coins du monde, dans des décors exotiques, à la recherche de fabuleux trésors archéologiques –le rapprochant de l’aventurier des artefacts perdus que l’on connaissait jusque-là et attend de lui…


Tadada Dadada !


Le scénariste et réalisateur américain (bien que né en France, cocorico !) Frank Darabont, qui œuvra sur la série (après
écrit pour les sequels « FREDDY 3, LES GRIFFES DU CAUCHEMAR » (1987) et « LA MOUCHE II » (1989), du remake du « BLOB » en 1988 et d’épisodes des célèbres « Contes de la Crypte » entre 1990 et 92), rappelant au moment de sa promotion qu’il fallait garder « à l'esprit qu'il s'agit d'un jeune homme, un jeune homme qui a été emporté par un événement historique - la Première Guerre mondiale – [et] c'est énorme. Je ne pense pas que les gens peuvent vraiment se rendre plus compte de ce que la guerre était. Au moment où la poussière est retombée : il y avait 10 millions de morts, elle a duré des années et des années. Indy est un soldat, combattant dans les tranchées. Il est envoyé en Afrique, se joint à l'intelligence française et travaille comme un espion vers la fin de la guerre. [Et] ce serait un arc et peu un peu ridicule, je pense, d'y avoir Indy qui se promène dans ses accoutrements que nous lui connaissons. Nous prenons très au sérieux le spectacle (…) », rappelant la facétie du réalisateur et créateur George Lucas quand celui-ci qualifiait, au même moment, non sans prétention, la série de « chef d’œuvre télévisé pour les masses ».
Oui, la série n’est pas les films et le jeune Indiana Jones n’y sera pas Indy, l’ami de Demi-Lune.

Ces « Aventures du Jeune Indiana Jones » -à la fois boostée et handicapée par la popularité vrombissante de George Lucas et de son nouveau monstre sacré, Indy himself- devant rester, pour son père, au-delà du coté clairement exposé précédemment, « une série qui tourne vraiment plus autour de l’apprentissage » que de l’action et l’aventure en elle-même.
Projet ambitieux et complexe qui n’avait jamais été tenté jusque là à la télévision, combinant habilement l’aventure, la romance et l'Histoire (chère à son créateur), tout en sachant jongler avec ces différents tons (passant de l'amour romantique à l'action et l’aventure ou de la comédie au drame) dans l’écriture de ses épisodes, « Les Aventures» sont une
série « temporelle » (dans le sens où ces aventures du jeune Indiana Jones se concentrent essentiellement sur une période de dix ans au début du XXe siècle) novatrice, mêlant fiction et réalité, qui ne réécrit guère l’Histoire dans d’invraisemblables secrets d’alcôves impliquant des voyageurs temporels, à contrario de Tony Newman et Doug Phillips perdus dans « Au Cœur du Temps » ou du célèbre Docteur évoqué en introduction (Maître du Temps alien intervenant à telle ou telle époque de plus en plus pour une tournure fictive qu’instructive comme à ses débuts en noir et blanc), mais use plutôt d’événements pour y inclure les deux incarnations de son jeune héros (un enfant de dix ans et un adolescent de 17-21 ans), témoin actif ou non de ce qui se déroule autour de lui –à l’instar du « Highlander » Duncan MacLeod » et d’un autre vagabond temporel, le Dr. Sam Beckett de « Code Quantum » qui sauront également jongler avec ces différents styles scénaristiques à travers leurs narrations (utilisant habilement la technique des flashbacks et transitions pour la première).
Car si cette série -aux premiers abords série d’aventure familiale-
ne devait pas être juste une autre sitcom commune des cases horaires de l’époque (se concluant toujours sur le même genre de sourire et où chaque épisode restait interchangeable d’une semaine à l’autre), le producteur cinématographique précise bien que, attention, elle n'aurait rien à voir avec les trois films, refusant d'adopter une formule d'action pure qui aurait assuré une longue et prospère existence télévisuelle pour la série, préférant en briser le thème des quêtes archéologiques mystiques à travers un rythme différent du formatage télévisuel habituel à l’époque et évoqué plus haut ; son staff de scénaristes n’oubliant pas d’y donner un coté et discours pédagogique à l’intention de son jeune public visé : replaçant ici ou là tel personnage ou tel événement dans son contexte historique –ponctué de quelques clins d’yeux et allusions historiques (Mata Hari mentionnée ici sur une photo, un jeune officier s’appelant Patton là, …)- pour se substituer aussi bien à un professeur d’Histoire (en rappelant, par exemple, par un simple échange entre deux personnages –dans cette seconde partie du pilot « La Malédiction du Chacal »- combien une révolution peut être injuste avec le peuple et combien de révolutions avaient déjà précédé celle de Pancho Villa) qu’à un Professeur d’Histoire de l’Art (le jeune Indiana Jones allant, comme autre exemple, apprendre –et expliquer au passage aux téléspectateurs les plus attentifs- ce qu’est le cubisme lors de sa rencontre avec Pablo Picasso, Georges Braque et un adolescent Norman Rockwell dans le quinzième épisode de la seconde saison « Paris, Septembre 1908 »), etc, etc.
L’écriture de la série allant alterner les épisodes concernant l’enfance que je qualifierai d’éducative et les épisodes d’une adolescence plus aventureuse, rapprochant ce jeune homme du héros du grand écran en quête, volontaire ou non, de trésors archéologiques.
Idée d’une
présentation anti-chronologique de chaque épisode peu commune et innovante qui semblera pourtant en déconcerter plus d’un (à croire que le public américain reste toujours en deçà de la normale), ralentissant le succès de la série, bien que George Lucas ait pourtant rédigé une trame générale pour l'ensemble du récit en nommant chaque épisode par la date et la ville où se déroule l’événement. Ces épisodes présentés de façon aléatoire pour le péquin moyen allant accentuer une sensation de confusion dans leur esprit rigide et formaté à des sitcoms et feuilletons qu’on aurait tendance à avoir oublié aujourd’hui : celui-ci habitué à un déroulement purement chronologique allant se perdre à chercher à se souvenir si l'épisode de la semaine avait lieu juste après la dernière semaine ou cinq ans auparavant.
Une diffusion alternative pourtant merveilleuse puisque n’enfermant pas le récit dans le risque d’une plus ou moins (trop) longue exposition du tout jeune Indiana Jones avant d’enchainer, dans la seconde saison, par exemple, comme l’auraient fait d’autres, sur sa version adolescente –qui serait devenu le héros central de la série et des saisons suivantes en cas de réel et franc succès. Des épisodes flashbacks consacrés au jeune Indy pouvant alors s’intégrer dans une diffusion classique et perdre ou déstabiliser ce téléspectateur moyen sorti des eighties.../...


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