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Corvéables à merci ?

Publié le 15 décembre 2012 par Montagnessavoie
Qu'apprends-je ? Que n'entends-je ? Des heures supplémentaires à la maison pour les enseignants ? Parlez, parlez donc. Enseignant rime avec feignant. La bave du crapaud, etc...  Un reportage de France Info, puisque c'est de cela que je veux vous parler, nous informe sur les "évolutions" (triples guillemets) du métier de professeur, en arguant que la France, en matière d'utilisation des nouvelles technologies, occupe un rang très éloigné des premiers pays européen. Admettons que le progrès révolutionne le métier et qu'on puisse en tirer un intéressant profit pédagogique - enfin, il n'a jamais été prouvé que l'ordinateur ou le vidéo projecteur rendaient les élèves plus performants...-. Admettons. Mais de là à inciter les enseignants à poursuivre le défi depuis leur domicile, il y a un fossé dont je sens que nous ne mettrons pas longtemps à le franchir. Témoignage d'un élève : "C'est une très bonne idée, car si je n'arrive pas à faire un exercice, je peux poser une question en direct à mon prof via le chat." L'illustration sonore qui suit prouve qu'en effet, le contact était essentiel : "Par exemple j'ai un schéma de SVT à remplir, je demande à mon prof où je dois mettre la légende... Ah, voilà, il me répond : je dois mettre la légende au bout des traits et pas sur les traits". Information capitale et vitale, donc, voir même existentielle. Témoignage d'un enseignant : "C'est un concept intéressant. Je suis payé en heures supplémentaires. Mais c'est aussi contraignant : deux fois par semaine, je dois me connecter pendant une ou deux heures pour être en contact avec mes élèves. Je ne peux pas manquer le rendez-vous. J'imagine que pour des personnes ayant des enfants, cela risque d'être compliqué." Sans compter que, comme toujours, à partir du moment où le test est lancé, où certains professeurs acceptent de jouer le jeu, la suite logique, et cela n'a jamais été démenti, c'est d'imposer le système à tous. Non, les enseignants ne sont pas des feignants. Mais en dehors de leurs heures de cours, déjà éprouvantes dans certains collèges difficiles - que ceux qui en doutent viennent y faire un tour, y passer une journée -, les profs doivent en plus préparer des cours, des évaluations, corriger des copies, entrer les notes et les devoirs au quotidien dans le logiciel prévu à cet effet, mettre et vérifier des punitions, écrire des rapports d'incidents, téléphoner à des parents, les rencontrer, passer des heures dans des réunions stériles... Corvéables à merci ? Les plus satisfaits de ce chat profs-élèves restent certainement les parents. Témoignage d'une mère : "C'est vraiment super. Comme ça, je n'ai pas besoin d'aider mon fils, il se débrouille tout seul. Pendant ce temps-là, je peux être dans ma cuisine, faire des choses pour moi, regarder la télé, tranquille." Et la charmante femme de rire joyeusement. En conclusion, juste une question : faudra-t-il aussi un jour dire à nos élèves comment ils doivent s'habiller, venir les chercher chez eux le matin pour qu'ils arrivent à l'heure, les border dans leur lit et éteindre leur ordi pour qu'ils ne se couchent pas trop tard... leur torcher le séant ?  

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