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[anthologie permanente] Volker Braun

Par Florence Trocmé

Le poète allemand Volker Braun écrivit ce poème au milieu des années soixante-dix et il parut en 1979 dans son recueil Training des aufrechten Gangs (Entraînement à la marche en station verticale), publié au Mitteldeutscher Verlag, à Halle (RDA). 
Alain Lance en avait donné une première traduction, parue en 1982 dans le numéro 89-90 d'action poétique consacré à la poésie de langue allemande. Il a souhaité refaire une nouvelle version de ce sonnet (la première n'était pas rimée, alors que le texte original l'est.) 
Volker Braun fait allusion à un poème de Brecht de 1953, du cycle des Élégies de Buckow. Brecht écrivit ces textes au cours de l'été 1953, après la répression des manifestations du 17 juin à Berlin-Est. Il commence ainsi : Amis, je voudrais que vous sachiez la vérité et que vous la disiez
Sur le poème de Brecht La vérité unit 
 
D’une voix fluette, pour ne pas nous perturber 
Il donna ce conseil, c’est à nous qu’il l’adresse : 
Sans détour nous devons dire où le bât nous blesse 
Afin de guérir l’organe ou de l’amputer. 
Dire avec force : il en est ainsi. Et ça craque 
Sinon… (chez nos classiques on trouve la citation) 
C’est l’aveu qui pourra nous remettre d’attaque. 
Un œil vers sa tombe, il fit cette proposition. 
Sur le papier des livres c’est encore imprimé. 
Nous n’en avons rien fait, juste quelques tournures 
Ont été adoptées, ainsi que sa coiffure. 
Porter les cheveux longs est à nouveau de mise. 
La chair a pris du ventre et l’esprit s’amenuise. 
On en fit un classique, le voilà enterré. 
Traduit de l’allemand par Alain Lance 
Zu Brecht, Die Wahrheit einigt 
 
Mit seiner dünnsten Stimme, um uns nicht 
Sehr zu verstören, riet er noch beizeiten 
Wir sollten einfach sagen wos uns sticht 
So das Organ zu heilen oder schneiden. 
Ein kräftiges : das ist es, und es kracht 
Wenn nicht˗ (wie bei den Klassikern, die es halt gab) 
Ein Eingeständnis, das uns Beine macht. 
Das war sein Vorschlag blickend auf sein Grab. 
So was ist noch auf dem Papier zu haben. 
Wir haben ihn nicht angenommen, nur 
Gewisse Termini und die Frisur. 
Jetzt trägt man auch die Haare wieder länger. 
Das Fleisch ist dicker, und der Geist enger. 
So wurde er Klassiker und ist begraben. 
Volker Braun dans Poezibao :  
Bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, extrait 3, Phrase sans fond (parution), extraits 4, extrait 5, rencontre avec le poète, ext. 6 


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