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Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka

Par Sylvie

ETATS-UNIS

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Editions Phébus, 2012

Le Prix Fémina étranger 2012 est intéressant à plus d'un titre, à la fois par son thème relatant un fait historique méconnu et par sa forme originale. 

Julie Otsuka, auteur américaine d'origine japonaise, explore un fait méconnu des relations américano-japonaises des années 20 jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale. 

Au début du 20e siècle, des japonais ont émigré en Californie et ont été embauchés pour travailler dans les vignes et dans les champs de fruits et légumes. Une main d'oeuvre à bas prix, très disciplinée, plus docile que les mexicains ou les chinois, principalement des hommes....

Quelques années plus tard, des femmes attirées par le Nouveau Monde, reçoivent des lettres de demandes en mariage d'hommes japonais devenus riches....croient elles...

A l'arrivée, c'est la mauvaise surprise. Des hommes pauvres et plus âgés que sur les photos. Mais leur dignité et leur éducation les poussent à accepter leur destin. Le travail, les enfants, la vie quotidienne...puis le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale. Toute une population japonaise considérée comme ennemie, espionne au service de l'ennemi...et emmenée dans des camps de travail. 

Sur 120 pages, l'auteur relate magnifiquement ces trente années en donnant directement la parole à ces femmes. Au lieu d'utiliser le "je", elle emploie un "nous" indifférencié qui "noie" chaque femme dans un choeur antique mêlant les individualités entre elles. Loin de dénuer toute personnalité à chaque femme, ce procédé d'énonciation mêle les différentes voix, faisant intervenir aussi bien le "bourgeoise" que la pauvrette ou la dévergondée. 

Ce choeur  de "vous" loin de n'être qu'une série de lamentations, est au contraire très rythmé puisque chaque chapitre  long de 10 à 30 pages est consacré à un tableau précis : le départ du Japon, la première nuit, la découverte des Blancs, les naissances, les enfants...jusqu'à un changement de narrateur au final.

Un récit poignant évitant tout misérabilisme, très bien construit, qui met aussi l'accent sur la découverte du Nouveau Monde par les japonais ; autre culture, autres moeurs : des hommes grands, poilus, buvant du lait et mangeant de la viande. 

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