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Les couleurs de Virginie…

Publié le 07 janvier 2013 par Chatquilouche @chatquilouche

Balade du dimanche

Balade du dimanche

Balade du dimanche

Le soleil disparaissait à l’horizon, il emportait avec lui sa lumière et sa chaleur.  Au Lac-Saint-Jean le froid s’installait.  La température peu clémente n’empêchait pas les promeneurs de s’en donner à cœur joie et d’apprécier le silence de l’hiver.  Dans les foyers, le bois se consumait et créait des rapprochements.  Un effluve relaxant de camphre et de musc se dégageait dans l’atmosphère.  L’absence de nuages rendait le ciel majestueux, sans doute le début de l’infini.

Avec l’arrivée de la quatrième saison, le lac avait figé en une nuit.  La glace attirait les plus téméraires.  Les habitants se débrouillaient avec les moyens du bord pour la percer et en mesurer l’épaisseur.  Ils piochaient.  Les vieillards prétendaient qu’un seul pouce de glace pouvait supporter un cheval.  Alors, avec douze pouces, il était grand temps pour François  Bergeron de sortir le cheval et la calèche !

Depuis des générations, pendant le temps des fêtes, la traditionnelle balade du dimanche en calèche sur le lac était une activité attendue.  Cette soirée-là, elle partit du quai des Anglais, à Roberval.  Près du rivage, l’église Saint-Jean de Brébeuf dissimulait sa silhouette derrière un voile de neige.  Les passants avaient planifié se rendre jusqu’à Chambord.  Leur trajectoire longeait le boulevard de l’Anse, face à l’île aux couleuvres, et contournait l’embouchure de la Ouiatchouan.  Située à un kilomètre des lieux, en amont, la pittoresque chute de Val-Jalbert déployait son charme, ses atouts.  Encore aujourd’hui, devant cette merveille, on croit rêver.  L’énorme quantité d’eau, qui dévale sur les rochers, crée des tourbillons impressionnants.  On dirait la danse éternelle de l’eau vive : une ballerine inépuisable dans sa somptueuse robe de crinoline qui tournoie.

C’est avec puissance que le cheval tirait la voiture écarlate.  En cette soirée de décembre, les flocons de neige tournoyaient dans le ciel, sous les lueurs stellaires.  L’Étoile Polaire, la plus brillante de sa constellation, servait de point de repère.

Cette période de l’année est propice aux retrouvailles, on accueille ceux qui ont quitté la région et qui rentrent au bercail le temps d’une chanson.  C’est un retour à la source d’où jaillit la chaleur humaine, où l’amour réchauffe les cœurs.  Quand on aime le Lac, c’est pour toujours ;  la vie est ainsi faite, c’est un sort jeté par le Grand Bleu.

Couverte d’un chapeau de lapin blanc et emmitouflée d’une pelisse assortie, madame Bergeron chantonnait « Vole, mon cœur vole, vole, vole… » C’était un pur bonheur !  Les hommes, vêtus de peaux de castors, de la tête aux pieds, buvaient depuis le départ – à chaque demi-mille, une bonne gorgée de caribou.  Leurs réflexes diminuaient – et fort à parier, leur jugeote aussi !

Les comparses arrivaient à destination.  Le plaisir s’accroissait à l’idée de franchir le seuil de la porte et de flairer une tourtière bien chaude.

La visite fut mémorable.  On écoutait de la musique traditionnelle québécoise, on jouait aux cartes, on buvait et on mangeait.  La table était garnie de viandes rôties et de pâtisseries de Noël : bûches, beignes, mokas…  Les branches de cèdres qui décoraient la table et la cannelle des brioches créaient un mélange olfactif des plus affolants.  Le temps n’existait plus.  Le mécanisme de l’horloge semblait s’être arrêté, laissant place à tant de plaisir que la balade du dimanche se termina… un lundi soir !

Notice biographique de Virginie Tanguay

Les couleurs de Virginie…
Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean.  Elle peint depuis une vingtaine d’années.  Elle est près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes.  Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique.  Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif.  Ses œuvre  laissent une grande place à la réflexion.  Les détails sont suggérés.  Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien.

Pour ceux qui veulent en voir ou en savoir davantage : son adresse courrielle :  [email protected] et son blogue : virginietanguayaquarelle.space-blogs.com.  Vous pouvez vous procurer des œuvres originales, des reproductions, des œuvres sur commande, des cartes postales.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


Filed under: Virginie Tagged: aquarelle, ballade en traîneau, histoire Lac-Saint-Jean, Virginie Tanguay

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