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PROFANES, de Jeanne BENAMEUR

Par Geybuss

 http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/3/3/0/0/9782330014285FS.gif   Roman - Editions Actes Sud - 274 pages - 20 € 

Parution le 9 janvier 2013 - Nouveauté

L'histoire : Ancien chirurgien en cardiologie, Octave Lassale, 90 ans, est au crépuscule de sa vie. Dans sa grande maison bien vide, il se constitue une équipe, son équipe... 4 personnes qui veilleront sur lui, chacune avec des missions bien différentes, comme lire le journal, s'occuper du jardin... Peindre le portrait d'une absente, d'une ombre, avant qu'il ne soit trop tard.

Chacun a ses secrets, ses blessures... et l'on ne sait qui finalement prendra soin de l'autre, à moins que... oui, la vie en communauté, des liens qui se tissent, le besoin de l'autre. Une fois qu'on le découvre, cela devient une certitude, un éclaircie, une réponse...

Tentation : L'auteure

Fournisseur : L'auteure, merci Jeanne de m'avoir envoyé votre livre quelques jours avant Noël !

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Mon humble avis : Il est des livres que l'on n'ouvre pas comme les autres. Aussitôt dans nos mains, ils atteignent le sacré par la beauté de l'objet, le nom sur la couverture, et la promesse d'une lecture exceptionnelle, d'une écriture et d'un sujet uniques, rares. Les livres de Jeanne Benameur sont de ceux là pour moi, et celui ci d'autant plus que je ne m'attendais pas à le recevoir. Et puis sur la couverture, figure ma fleur préférée sous les latitudes tempérées... Le coquelicot, si rouge dans les près verts, et là sur la couverture noire. Une fleur si belle et sensible qu'elle ne souffre pas d'être coupée ou cueillie, elle meurt tout de suite. Une fleur qui doit rester à son état naturel, être juste elle même.

Profane... reprenons la définition et l'étymologie de ce mot avant de pénétrer dans ces pages... " Profane, celui qui est devant un temple", personne ignorante, non-initiée à une religion, à une activité, ce qui ne présente pas un caractère religieux ou sacré....

Profane, j'ai eu l'impression de l'être en entrant dans ce livre... Quelles étaient les intentions de l'auteure, où Octave allait il nous mener avec ses 4 recrues. Et surtout, au fond de moi, la sensation d'être devant un temple ! Un lieu ou l'on pénètre avec calme, respect, et qui nous imprègne, que l'on soit croyant ou pas... Par ce que oui, dès les premières pages, la magie de l'art nous saisit dans tout notre être, et ne nous lâchera même pas une fois l'oeuvre fermée, oui, c'est une nouvelle fois une histoire et une écriture qui nous laisse ébahis, sans souffle, méditants. Tant de sacré dans ce roman Profanes. Ce livre en lui même semble être un temple, immense, sans limite, sans toit ni murs, un temple qui mène jusqu'au ciel et à l'horizon tant les sujets qu'il aborde sont nombreux, intenses, profonds, et les chemins qui y mènent sinueux et mais silencieux. On observe, on regarde, on déduit, on ne juge pas, on pense, on apprend. On parle peu, juste pour dire le nécessaire. Il est question de vie, de mort, de perte d'un enfant, de défaillance professionnelle mêlée de peur parentale, de foi qui sauve l'un et détruit un ensemble, de reproche, de regret, de confiance, de traumatisme, de reconstruction, de renaissance, d'évidence, de doute, oui le doute est très présent dans ce livre. Les personnages s'interrogent beaucoup.

Le temple, dans le roman, est aussi représenté par la grande maison qui abritera les 5 personnes. Octave, le nonagénaire hanté, Hélène, la peintre, Marc, le mystérieux, Yolande, chargée du rangement général de la maison, et Béatrice, étudiante infirmière. Chacun de ces personnages entre ici profane dans cette maison. Ils ne connaissent ni les lieux, ni les autres habitants... Chacun fera, à sa façon, mais de manière toujours subtile et délicate, connaissance avec les autres et notamment avec Monsieur Octave Lassale, temple lui aussi par son âge, son expérience de la vie et de la mort.

Pour le lecteurs, la découverte de ces personnages est délicieuse, elle se fait pas à pas. Marc par exemple reste plus impénétrable. Jeanne Banemeur ne dit pas tout sur lui et son passé. D'ailleurs, l'auteure ne livre que le strict minimum sur les détails de la vie et du caractère des équipiers. Au lecteur de suivre son intuition et les quelques indices et de deviner qui sont réellement ces gens, qui lui ressemble le plus. Personnellement, c'est le personnage de Béatrice qui m'a le plus touché et qui m'a été le plus proche. Non que je prenne la place de quelqu'un d'autre, mais je peine à trouver ma place où que ce soit, et j'ai cette sensation que je ne changerai jamais.

Enfin, j'ai vu un autre temple et son profane devant... l'intime, le moi. Infime et immense à la fois. Car oui, nous sommes surtout profane de nous même, ignorant ce que nous sommes capable de réaliser, ou incapable de faire. Notre plus grand inconnu, notre plus grande découverte, c'est notre moi intérieur... Mais il ne se fait pas seul, il se fait avec, par, et grâce aux autres. Seul, notre moi étouffe, s'aveugle et ne vaut pas grand chose.

Voilà ce que je retiens de ce nouveau roman de Jeanne Benameur, que j'ai lu en apnée et dans un silence religieux, allumant des petites bougies auprès des phrases qui me parlaient (mes fameuses petites croix en fait ! ). Un livre d'une richesse extraordinaire et qui enrichit à chaque page.

Un billet que je redoutais de rédiger, que j'ai même "procrastiné". J'espère qu'il est digne du roman et ne le trahit pas. Mais d'un tel roman, on ne raconte pas l'histoire, on essaye de se découvrir encore soit même avec l'émotion qu'il a provoqué en nous.


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LES COMMENTAIRES (1)

Par zazy
posté le 19 janvier à 21:08
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J'ai bien aimé ton commentaire et je l'ai mis en lien sur mon blogue

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