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Les oubliés du Top 50 des albums de 2012

Publié le 08 janvier 2013 par Lcassetta

En faisant notre liste des 50 meilleurs albums de 2012, on a remarqué qu’il y avait vraiment trop d’albums excellents qui n’en faisaient pas partie. 50, c’est peu et ce serait dommage de rater d’autres albums aussi mémorables.

La plupart de ces albums ont fait partie à un moment où à un autre de la liste originale. Quand on y rajoutait un album, on en enlevait un à contre-coeur. 2012 aura vraiment été fantastique musicalement, tellement que beaucoup de ces albums méritent réellement votre attention. Il y a eu des groupes qui sont réapparus, des collaborations prévues, comme des artistes inattendus.

Plus qu’une simple liste #75 -> #51, il s’agit surtout d’albums marquants. Certains albums ont été meilleurs que ceux-ci et ne figurent pas sur notre Top 50 — ils auront été moins originaux, moins remarquables. Voici donc 25 albums classés par ordre alphabétique !

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Action Bronson & Party Supplies – Blue Chips / Action Bronson & Alchemist – Rare Chandeliers

L’année dernière, le rappeur New Yorkais ex-chef cuistot et à la voix de Ghostface Killah sortait Dr. Lecter. Entretemps, il est devenu hyperactif et a délivré deux des meilleures mixtapes de l’année, faisant évoluer son personnage. Chacune des mixtapes montre de nouvelles facettes du rappeur, toujours aussi talentueux et drôle – mais attention, il ne fait pas de la comédie, Action Bronson est un gros gangster qui rappelle un mélange entre Roc Marciano, lui aussi passionné de nourriture dans ses lines et aux influences old-school, et un Ghostface au wordplay phénoménal. La production est toujours bien menée, alternant entre soul et boom-bap et l’artiste prouve qu’il est l’une des forces les plus talentueuses et intéressantes du rap contemporain.

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Alt-J – An Awesome Wave

Déjà, je vous arrête : Non, les Alt-J ne ressemblent pas à Radiohead et il n’est pas bon de les comparer sans cesse à ce groupe, surtout quand on sait ce qu’il advient des groupes en question (hum). A part ça, An Awesome Wave reste un album fascinant, au songwriting marquant et aux rythmes entraînants. Plus que votre simple album d’indie rock, l’album infuse des sonorités expérimentales à des rythmes variés, accompagnés par la voix profonde du frontman pour l’un des albums les plus aguicheurs de l’année.

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Antwon – End Of Earth

Dans notre interview, quand on a demandé au rappeur de la Bay Area s’il désirait faire revenir les sonorités de l’époque, il nous répondait Je fais revenir que dalle, le truc a été fait, je veux juste éviter de faire ce que tout le monde fait actuellement. Le pari est réussi : End Of Earth ne sonne comme aucun album de rap cette année, surtout au niveau de la production. Il y a Living Every Dream qui sonne extrêmement années 80, produit par PicturePlane, avec un clip tout aussi nostalgique, Give Me My $$$ qui sample Grimes, Lap Of Luxury produit par Lil Ugly Mane qui rappelle presque le vaporwave. Et au dessus de tout ça il y a Antwon, toujours aussi fascinant et skilled. En moins d’une demi-heure, End Of Earth pourrait bien être l’un des albums les plus singuliers que vous écouterez cette année.

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Apollo Brown & O.C. – Trophies

Si Apollo Brown s’est retrouvé dans notre liste des 5 producteurs rap à surveiller en 2013, c’est surtout pour cet effort là. Sa production tellement old-school rappelle beaucoup les meilleurs jours de DJ Premier, avec son scratching, ses samples soul et funk, les voix féminines sped-up… Et il donne à O.C. un espace familier qui lui permet de délivrer un flow excellent pour un retour marquant et glorieux.

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Bat For Lashes – The Haunted Man

Nathasha Khan est toujours aussi talentueuse. A 33 ans, The Haunted Man est un cri de victoire matérialisé par plusieurs des meilleures chansons de pop de l’année. Il y a All Your Gold ou Marylin, dont le minimalisme et le sens du détail n’est là que pour permettre à la chanteuse d’exploser en falsettos émouvants. Elle vacille entre folktronica et synthpop avec une qualité lyrique fantastique – à la fois puissante et fragile, elle se dévoile et s’affirme. Le meilleur moment reste le plus simple : Laura est une balade au piano, mais la Laura en question, totale inconnue, se révèle être une femme fascinante, sûrement une projection de Natasha qui chantera Laura, you’re more than a superstar pour se rassurer avec une intensité sublime. The Haunted Man pourrait bien être son meilleur effort.

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Christian Löffler - A Forest

L’univers que propose Christian Löffler sur cet album fait penser à ces environnements parfaits – tout est à sa place, rien ne bouge, la lumière est théâtrale, ce genre de paysage magnifique. Il navigue entre microhouse, tech house, ambient techno avec une maîtrise incroyable qui rend le tout cohérent et surtout très beau et intense. A Forest est plus un album à écouter au casque que pour danser mais certains moments semblent tellement artistiques qu’il serait bête de s’en priver. Blind rappelle Shlohmo qui s’essayerait à la house minimale, Eleven mise tout sur un vocal splendide, et ce n’est que sur la longueur que le tout semble légèrement poussif, car sinon A Forest s’élèverait parmi les classiques du genre.

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Converge – All We Love We Leave Behind

On comprend que le groupe se fait appeler ConvergeCult sur son site web ou sur twitter quand on voit que depuis leur première demo en 1991, il réussit toujours à attirer tous les regards sur lui 21 ans après. Si leur travail a toujours été très technique et complexe, All We Love We Leave Behind diffuse une intensité surhumaine en 38 minutes. Il y a Aimless Arrow qui s’ouvre sur un BPM fou, suivi des riffs déments de Trespasses ou Tender Abuses, Coral Blue qui est plus lent et aux limites du doom/sludge en rappelant presque Mastodon, et tant d’autres bons moments sur tout le long de l’album. Il n’y a presque aucun faux pas et AWLWLB alimente lui aussi le culte du groupe.

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Cooly G – Playin’ Me

Cette année aura été sensationnelle pour Hyperdub. En plus de Laurel Halo, Dean Blunt & Inga Copeland ou encore Burial, le label aura sorti l’un des albums les plus sensuels de l’année : Playin’ Me. La voix soulful et séduisante de Cooly G prend le pas sur des rythmes qui naviguent entre dubstep sexy, pure house et future garage intense pour des compositions sublimes comme Good Times ou Landscapes. Si ce n’était pas pour quelques petits faux pas sur quelques chansons, l’album aurait fini dans notre top…

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Crystal Castles - (III)

Le troisième album du groupe est leur moins bon, certes, mais il reste un excellent album. Bien que moins unique que les deux premiers opus qui exploraient autant de genres que possible, de la pop à l’électroclash au punk à la house et tant d’autres styles, toujours avec leur touche tellement reconnaissable, (III) reste témoin du talent fantastique du groupe. Même si Alice Glass n’a jamais été aussi présente que sur cet album, empêchant légèrement les expériences d’Ethan Kath, le résultat est toujours captivant. Sad Eyes est entre l’explosion pop de M83 et leurs propres sonorités, Affection ou Wrath Of God sonnent plus électro, Kerosene pitche la voix d’Alice, Pale Flesh la rend plus mystique… Mais c’est clairement son album plus que celui d’Ethan. Son chant est toujours aussi poignant et ses paroles ont rarement été aussi profondes et spirituelles.

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Dream Continuum – Reworkz EP

Machinedrum a pris l’habitude d’être l’une des figures les plus talentueuses de la scène électronique moderne, bien qu’il a commencé il y a une dizaine d’années. En plus de s’être imposé avec Room(s), son projet footwork solo et le meilleur album de 2011, il a aussi eu un succès monstrueux avec son duo Sepalcure avec Braille. De nombreux EPs plus tard, il a aussi contribué au succès d’Azealia Banks. Cette année, il a surtout travaillé avec Jimmy Edgar pour son duo Jets, en plus de quelques EPs. Mais ce qu’il aura fait de mieux reste Dream Continuum, un duo avec Om Unit où il fuse footwork et oldschool jungle avec des samples de future garage pour un effet ravageur. Vous trouverez difficilement en 2012 jungle plus puissante et aussi unique que celle-ci.

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Godspeed You! Black Emperor – Allelujah! Don’t Bend! Ascend! 

Le légendaire groupe canadien revient avec son premier album en 10 ans. Allelujah! Don’t Bend! Ascend! s’étend sur 55 minutes et 4 chansons : deux pistes de 20 minutes et deux autres de drone de 6-8 minutes. Tout est extrêmement précis, détaillé, plein de sens, avec une maîtrise exceptionnelle et des moments de beauté nombreux. Il y a peu voire presque aucun sample vocal et le tout prend une dimension immense par moments. En gros, c’est encore une réussite pour le groupe – pas l’une des meilleures de leur répertoire, certes, mais toujours un grand triomphe.

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Hot Chip – In Our Heads

La musique de Hot Chip a toujours été un exemple typique du On a trop d’idées, et si on essayait de tout mettre en un seul album ? Si ça a pu rater quelques fois, In Our Heads réussit sur tous les points. Il y a beaucoup de variété, de la house spectaculaire de Flutes qui reste l’un des meilleurs tracks de l’année, à la pop intense de Motion Sickness, avec tout plein d’électro colorée. Étrangement  le tout reste ordonné et l’harmonie des différents genres est respectée et le tout est particulièrement cohérent et captivant. Vous trouverez votre bonheur pop dans la tête des membres du groupe.

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James Ferraro – Sushi

L’année dernière, James Ferraro sortait Far Side Virtual, le seul album qu’on a pu traiter d’anti-critique : Comme aiment à le rappeler certains, si on le trouvait bon, ça remettait en cause beaucoup d’autres genres. Si on le trouvait mauvais, on ne comprenait tout simplement pas la blague, si blague il y avait. James Ferraro est un artiste insondable et Far Side Virtual était une sorte de collections de sonneries de téléphone et de jingles qu’on pourrait interpréter de différentes manières. Son travail a toujours eu une connotation humoristique ou critique… Et Sushi pourrait bien être la première fois en une vingtaine de sorties qu’il se décide à faire quelque chose de réellement audible, avec une structure et des éléments normaux. On retrouve alors ce qui semble être un hybride de plunderphonics, d’ambient techno et de future garage avec tout plein de sonorités toujours uniques mais le résultat, en plus d’être fascinant comme le reste de son travail, gagne en qualité avec ce caractère réellement audible qui le rend plus accessible, mais aussi fortement appréciable. Sushi est certes étrange mais dans sa discographie, il est incroyablement conventionnel par rapport à ses autres albums.

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Japandroids – Celebration Rock

Les deux membres des Japandroids ont dépassé la trentaine et Celebration Rock les fait sonner comme deux jeunes adolescents en quête de fun, de pouvoir et d’énergie. Fidèle à son titre, l’album propose 8 hymnes entre punk et noise rock où le groupe diffuse des messages à l’énergie spectaculaire. C’est une histoire pleine d’une amitié sincère et émouvante entre les deux membres, qui crient Remember that night you were already in bed, you said fuck it and got up to drink with me instead? sur Younger Us ou But you’re not mine to die for anymore, so I must liiiiiive accompagné de ooh ooh ooh sur le refrain pour The House That Heaven Built, l’un des tracks les plus puissants de l’année. Ecouter Celebration Rock revient à tout oublier, redevenir jeune et être envahi d’une énergie spectaculaire.

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Lee Gamble - Diversions 1994-1996

Lee Gamble était quasi inconnu de tous cette année et ses deux sorties ont reçu un accueil critique fantastique. Il y a eu Diversions, un EP, et Dutch Tvashar Plumes, le LP. Le second tient plus de l’expérimentation (et ne vaut franchement pas grand-chose) mais l’EP est là où on comprend la fascination qui entoure l’artiste. Plus que la réalisation, c’est le concept qui bluffe : Ancien junglist, il a rassemblé d’anciennes mixtapes de jungle à lui et a créé tout un EP à partir de samples. On se retrouve avec un hybride d’ambient totalement beatless et d’expérimental intense. Il y a des échos, des distorsions, des drones, des murmures et des samples vocaux qui rendent le tout vivant et particulièrement unique à l’écoute. En seulement 27 minutes, Lee Gamble a réussi à créer l’une des pièces musicales qui nous ont le plus coupé le souffle cette année. La meilleure surprise se glisse à la toute fin dans Dollis Hill qui reprend un beat Drum & Bass accompagné d’un sample vocal fantomatique. L’ambiance que crée le producteur est tout le temps dense et intriguante, presque fascinante et il est encore plus admirable de voir qu’il fait revivre les esprits passés de la musique électronique en les disséquant et les réanimant de par un processus époustouflant, à la manière d’un Leyland Kirby du jungle.

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Levon Vincent – Fabric 63

Cette année a été fantastique pour Fabric. En plus de celui mixé par Levon Vincent, il y a eu les opus de Ben Klock, Zip et Oneman qui eux aussi s’imposent parmi les meilleurs mixes de l’année. Mais quand il s’agit de choisir le meilleur, celui de Levon Vincent est à un échelon supérieur. Un peu plus de la moitié du mix comporte du travail de l’artiste lui-même et le reste n’est pas votre réunion typique de gros tracks connus. Même la structure du mix est assez atypique – Il n’y a pas vraiment de build-up, de climax et de descente mais ce n’est pas anarchique, tout est à sa place et le résultat est l’un des mélanges de techno et de house les plus intenses et sombres que vous pourrez écouter cette année. La qualité des tracks, l’ambiance générale et le skill évident du DJ sont là pour le prouver.

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Nas – Life Is Good

Je ne saurais mieux décrire cet album que par une phrase lue sur internet : Nas isn’t back, he’s just there. Alors qu’on attend tous un retour du rappeur mythique, Life Is Good nous prouve qu’il n’a jamais disparu et qu’il est toujours là avec autant de skill qu’avant. Aisément son meilleur album depuis God’s Son, Life Is Good voit le rappeur se poser beaucoup de questions, faire des décisions, profiter de la vie et être un gangster avec beaucoup de talent. La production est très clean, son flow excellent et son écriture fine, il y a Nasty ou The Don qui rappellent sa puissance, Daughters ou Bye Baby qui le montrent vulnérable sur des thèmes plus matures… No I.D. a confié à Complex que Nas lui a demandé de lui créer une soundtrack qui lui permettrait d’être Nas. Et c’est bien parce que le rappeur est lui-même pour la première fois depuis des années que cet album est aussi immanquable.

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Raime – Quarter Turns Over A Living Line

Comme aiment le rappeler Resident Advisor, Blackest Ever Black would probably be the funniest name for a label in recent memory if they didn’t seem so damn serious about it. Le premier album du label et du duo donne raison au nom du label : Imaginez vous une fusion entre Swans et Carter Tutti Void. L’épopée drone et dark ambient de l’album prend des virages industriels, glacials et sombres qui distordent des guitares à la manière de Earth et font s’affronter des basses viscérales sur des drums ritualistes qui donnent à Quarter Turns Over A Living Line un sentiment de déclin particulièrement intense et font de lui l’une des écoutes les plus captivantes de l’année. 

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Robert Hood – Motor: Nighttime World Vol 3

Ce n’est pas la peine de vous présenter le légendaire artiste qu’est Robert Hood. Nighttime World Vol.3 est inspiré d’un documentaire sur le déclin industriel de Detroit à cause de la crise de l’industrie automobile, Requiem For Detroit. Ainsi, Hood nous fait visiter sa ville avec des titres explicites (Drive (The Age Of Automation), A Time To Rebuild, Motor City) dans une techno classique de Detroit exécutée avec merveille par le cultissime producteur. On navigue à travers Detroit avec des tracks émouvants comme avec des tracks plus dansants durant un peu plus de 70 minutes et l’émotion est telle qu’on arrive à sentir la ville périr et s’écrouler durant l’écoute.

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Ryan Hemsworth – Last Words EP

On vous a parlé de l’artiste dans notre liste de producteurs à surveiller en 2013. Faisant lui aussi partie du collectif Wedidit dans lequel officient Shlohmo ou encore RL Grime, Ryan Hemsworth se sera plus imposé cette année avec son EP que pour ses productions rap. C’est une sorte d’épitomé des tendances électroniques actuelles, entre trap, future garage, ambient, cloud rap… En plus des tracks originaux (et du superbe Charly Wingate), vous retrouverez aussi quatre remix faits par un line-up impressionnant : Baauer, Shlohmo, Canblaster et Supreme Cuts. Rien que ça.

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Scott Walker – Bish Bosch

Ahahah. Cet album. Vous êtes sûrs de vouloir l’écouter ? Bon, ok, je vous aurais prévenu. La carrière de Scott Walker est pleine de surprises – pas comme un Thom Yorke qui finit par s’intéresser au DJing et au future garage, non, plutôt comme un Jacques Brel qui aujourd’hui ferait du black metal. Pas que Bish Bosch soit du black metal, mais on s’en rapproche dans un sens, surtout au niveau de l’intensité. Cet album fait partie d’une triolgie pour le moins expérimentale, depuis le Tilt sorti en 1995, aux reflets dark ambient et à la grandeur cinématique, suivi du chef d’œuvre qu’est The Drift… et si Tilt semblait relativement normal, là c’est un niveau d’expérimentation aux limites de la parodie. Entre avant-garde, jazz, field recording, dark ambient, spoken word etc., Bish Bosch est fait pour repousser l’auditeur et ça amuse notre artiste. Walker est un peu ce vieil oncle étrange dont la famille vous parle, que vous voyez une fois par an lors d’un dîner familial, qui parlera de choses étranges dans un vocabulaire atypique et crachera sur tout. Ici, il le fait de manière fascinante. Ne prenez pas cet opus comme de la musique : Bish Bosch est anti-mélodique, minimaliste, n’a aucune structure répondant aux normes, etc. En 73 minutes, il nous transporte dans un monde inaccessible et insondable, quasi-désagréable, dérangeant et troublant. Un univers cruel, sale, esthétiquement moche, où les histoires contées sont perturbantes, les insultes brutales, une sorte de cirque des horreurs présenté par un monstre de foire. Inutile de vous dire qu’il sera difficile d’accès, mais plutôt que de lutter contre lui, laissez vous dompter par sa folie. Parfois drôle, parfois embarrassant, chaque moment sera captivant et le songwriting est poignant. Bish Bosch est à considérer comme étant une pièce artistique n’ayant aucun but proprement musical, une pure œuvre d’art. Quand on le finit, il faut un temps d’adaptation pour se rééduquer à la musique plus conformiste et mélodieuse. Au final, Bish Bosch est l’un de ces albums trop uniques pour pouvoir être critiqués – Est-ce qu’il est sérieux et qu’on croit qu’il blague ? Est-ce qu’il blague et qu’on le prend au sérieux ? Et si quand il insulte les obèses, il n’y avait pas de sens caché mais qu’il insultait littéralement les obèses ? - mais il est certain qu’il est l’un des meilleurs et des plus fascinants que vous pourrez écouter cette année. Comme dans le cas de tous les albums extrêmes, il ne plaira pas à tous… mais la notion d’extrême chez Walker est si relative qu’il vaut mieux laisser cet album parmi les oubliés.

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Sun Araw & M. Geddes Gengras Meet The Congos – Icon Give Thank

Sun Araw est connu pour son travail très expérimental, mêlant drone, ambient, dub, et beaucoup d’éléments psychédéliques. Avec cet album, il rencontre M. Geddes Gengras et le légendaire groupe de reggae The Congos et on peut dire que cette collaboration est l’aboutissement du travail de Sun Araw. Là où son dub expérimental était intriguant, il le finalise avec tous les moyens possibles accompagnés du groupe. Plus qu’un album de roots reggae – ce n’en est pas un – Icon Give Thank est un vrai dédale psychédélique et varié aux sonorités tribales et uniques. Happy Song sonne comme du reggae expérimental, Invocation rappellera plus la musique de Shackleton. L’élément qui cimente cette oeuvre et la rend réellement intense et captivante, cependant, reste la symbiose incroyable, quasi spirituelle que le groupe trouve avec les deux producteurs.

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Tim Hecker & Daniel Lopatin – Instrumental Tourist

Quand j’ai lu que Tim Hecker et Daniel Lopatin (a.k.a. Oneohtrix Point Never) allaient faire un album ensemble, je n’en croyais pas mes yeux. Le premier a produit avec Ravedeath, 1972 le cinquième meilleur album de 2011 et le second avec Replica le quatrième. La collaboration fut appelée par les fans Watch The Drone vu l’importance des deux artistes : Le premier est passé maître du genre et le second est l’une de ses figures les plus controversées. Bien qu’Instrumental Tourist ne soit pas aussi parfait qu’on croyait, il reste fabuleux et profond. Le travail des deux artistes est plus à lier à l’Electro-Acoustic Improvisation qu’au drone, une sorte de free jazz électronique où le travail se fait en live. Ressentir la symbiose de Tim Hecker & Lopatin est en soi une sensation intense, de voir les synthés du second fondre dans les échos du premier pour ensuite ressortir plus puissants est époustouflant. Le résultat est réellement à ne pas manquer.

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Twin Shadow – Confess

Après Forget en 2010, entièrement produit par Chris Taylor des Grizzly Bear, Twin Shadow revient avec Confess, produit par lui cette fois-ci. Le crooner à l’égo sur-dimensionné est toujours aussi attachant… et narcissique. Il n’y a qu’à voir la cover de l’album. Il chante toujours avec intensité et sa voix caverneuse et poignante fait de lui le parfait bad boy – les lyrics aussi. Sur Confess, Twin Shadow est un parfait connard, mais le genre de connard tellement charismatique qu’on lui pardonne tout, un peu comme The Weeknd. C’est aussi un connard qui crée de la pop catchy, vive et puissante : Tout touche directement et va direct à l’essentiel. Five Seconds est l’une des meilleures chansons de l’année et il reste dans son répertoire avec Run My Heart, You Call Me On ou Golden Light assez de beauté pour vous séduire.

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Ty Segall Band – Slaughterhouse

Ca aura été une année extrêmement chargée pour Ty Segall. Il a sorti un album avec son groupe, un avec White Fence et un autre en solo, en plus de son travail avec Sic Alps. Alors que son album avec White Fence est, sur 28 minutes, un travail plus posé et psychédélique, Slaughterhouse élève son garage rock à un niveau beaucoup plus violent. Littéralement. Puissant et catchy à la fois, cet album est résolument plus punk que ses autres projets, avec ses riffs démoniaques, son chant noisy et ses cris pleins de FUCK YEAH et autres interjections. Ce qui est sûr, c’est que peu d’albums de rock cette année auront transmis tant d’énergie que Slaughterhouse. Et le monsieur en a sorti 3 cette année.

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Pour les paresseux, voici une liste plus simple :

Action Bronson & Party Supplies – Blue Chips / Action Bronson & Alchemist – Rare Chandeliers

Alt-J – An Awesome Wave

Antwon – End Of Earth

Apollo Brown & O.C. – Trophies

Bat For Lashes – The Haunted Man

Christian Löffler – A Forest

Converge – All We Love We Leave Behind

Cooly G - Playin’ Me

Crystal Castles – (III)

Dream Continuum – Reworkz EP

Godspeed You! Black Emperor – Allelujah! Don’t Bend! Ascend!

Hot Chip – In Our Heads

James Ferraro – Sushi

Japandroids – Celebration Rock

Lee Gamble - Diversions 1994-1996

Levon Vincent – Fabric 63

Nas – Life Is Good

Raime – Quarter Turns Over A Living Line

Robert Hood – Motor: Nighttime World Vol 3

Ryan Hemsworth – Last Words EP

Scott Walker – Bish Bosch

Sun Araw & M. Geddes Gengras Meet The Congos - Icon Give Thank

Tim Hecker & Daniel Lopatin – Instrumental Tourist

Twin Shadow – Confess

Ty Segall Band – Slaughterhouse

Les oubliés du Top 50 des albums de 2012
Si Mohammed El Hammoumi (Si Mohammed El Hammoumi)

Je suis le rédacteur en chef du site. Je suis marocain, j'ai 18 ans et je suis étudiant... Bref, sachez surtout que je suis un énorme passionné de musique underground et de journalisme musical qui connaît le sujet de fond en comble. Je trouve énormément de plaisir à écouter, partager, découvrir, parler, débattre et autres activités tant que ça concerne la musique. Voilà !


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