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Depuis le 2 » novembre 2012, Viktor Lazlo rencontre le succès au Théâtre Rive Gauche avec son spectacle sobrement intitulé Billie Holiday.
Vous l’aurez compris, c’est ici un hommage à la grande chanteuse de jazz que l’artiste rend chaque soir sur scène.
Comment Viktor Lazlo a « rencontré » Billie Holiday et comment s’est construit le spectacle, voici certaines questions que j’ai eu le plaisir de pouvoir poser à la chanteuse autour d’un café.
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Bonjour Viktor,
Vous rendez actuellement un bel hommage à Billie Holiday. Pouvez-vous nous raconter un peu votre premier contact avec cette chanteuse ?
C’était chez un ami américain qui était chanteur et qui me faisait découvrir plein de styles musicaux différents. Et quand j’ai entendu Billie Holiday, ça m’a fait peur. Sans doute parce que sa voix a réveillé quelque chose en moi qui existais, et que je n’avais pas encore identifié. Et par ce que je qualifie de « cri », j’ai ressenti un appel auquel je n’ai pas répondu.
Vous étiez déjà chanteuse à ce moment-la ?
Non pas encore. Mais alors, dès que j’ai commencé à chanter, j’ai voulu intégrer une de ses chansons à mon répertoire, c’était Good Morning Heartache. Mais pour vous dire à quel point je ne voulais pas m’approcher d’elle, cette chanson j’ai été jusqu’à l’arranger avec des guitares saturées dans une version très rock. Je ne voulais pas qu’on me dise « elle se prend pour Billie Holiday », « Elle croit qu’elle lui arrive à la cheville » …
Et la peur des critiques était encore présente en montant ce spectacle ?
Oui, c’est pour ça que j’ai mis autant de temps à le monter. C’est vraiment mon amoureux, Francis Lombrail, qui m’a poussé, accompagné et soutenu pendant ça. J’ai faillit abandonner 1000 fois car je pensais que j’allais me faire assassiner. Et puis Billie Holiday tout le monde l’a reprise, mais moi, je savais que je voulais la chanter pour parler d’elle, et que ça impliquerait cette mise en abîme et de devoir aller rechercher ce qui m’avait touché jeune fille, et comprendre pourquoi ?. Et puis ensuite supporter les risques que cela comporte.
Cette création a pris combien de temps de travail depuis l’idée ?
En tout 3 ans. 3 ans de réflexion, de faux-départs. J’ai écouté toutes les reprises qui existaient, hommes compris, car je savais que je ne voulais pas faire les mêmes arrangements. J’ai écouté aussi beaucoup de musiques actuelles, non issues du jazz, pour avoir des idées. Et la dernière année, ça a été une première petite esquisse d’un spectacle créé à Bruxelles dans lequel j’avais les chansons. Et le « vrai » spectacle est né à Paris le 23 novembre au Théâtre Rive Gauche dans la mise en scène d’Eric-Emmanuel Schmitt.
Pour trouver les chansons, là aussi j’imagine que ça a été difficile vu l’œuvre de l’artiste ?
Alors ça a été très difficile sur 4 points. Bien entendu, il fallait un certain nombre de chansons que le public puisse reconnaître. Ensuite, il fallait que le choix corresponde avec ce que j’avais envie de raconter de la vie de Billie Holiday. Je ne voulais pas être dans le pathétique car elle était joyeuse. 3ème point, il fallait que le spectacle soit rythmé, car les chansons les plus connues sont très lentes, et il fallait que je ponctue par des chansons que je voulais plus joyeuses, car je voulais mettre en avant son côté amoureuse de la vie. Et puis pour finir, c’est l’unité, je voulais un début, un pic et une fin pour un spectacle crescendo.
Et comment s’est passé le travail de mise en scène avec Eric-Emmanuel Schmitt ?
Alors moi j’avais 2 idées toute simple depuis le début, c’est le moment où je voulais qu’on vive sur scène ce qui se passe à l’écran et le 2ème moment c’est le duo, j’avais très envie de ce duo avec elle. Sinon Eric-Emmanuel m’a fait beaucoup de bien car il m’a permis de me plonger dans le personnage ce que j’étais incapable de faire toute seule alors que j’en avais envie. Il est tellement sécurisant, il vous entraine dans une forme de certitude.
Et le résultat est à la hauteur, savez-vous s’il y aura une tournée pour que le public de province puisse en profiter ?
On a un tourneur qui est en train de travailler dessus, il fait venir des programmateurs et autres et j’espère qu’on aura une belle tournée oui.
Le Mediateaseur remercie Viktor Lazlo de nous avoir accordé un peu de son temps et de sa gentillesse.
Le spectacle Billie Holiday est encore à l’affiche du Théâtre Rive Gauche jusqu’au 17 janvier, dépêchez-vous d’en profiter.
A noter que Viktor Lazlo a également sorti un livre intitulé My Name Is Billie Holiday aux éditions Albin Michel.