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On the radio

Publié le 11 janvier 2013 par Euphonies @euphoniesleblog

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Mesparrow - Next Bored Generation

Je viens d’apprendre un truc incroyable. Comme vous le savez peut-être, France Inter est en grève depuis lundi dernier. Et donc à la place des inénarrables Didier Varrod, Rebecca Manzoni ou Daniel Mermet, on peut écouter une longue playlist savamment élaborée où se suivent, se mélangent, s’entrechoquent parfois, Grizzly Bear, Jean Louis Murat, David Bowie et Léo Ferré. La programmation est plutôt bonne, susceptible de plaire à une large palette d’auditeurs fidèles de l’antenne. Bon comme pour toutes les playlists y aurait à redire mais dans l’ensemble c’est de bon goût. Alors moi naïvement, je me disais qu’à la régie ils avaient en stock trois quatre compilations prêtes à être dégainées en cas de perturbation, de grève ou de fin du monde. Du genre :

(mise en situation, 00h00 dans les bureaux de la Maison de la Radio)

Gégé : Ah bordel, Bernard, y nous refont le coup de la grève, où c’est qu’on a mis les cds de Didier, tu sais ceux qu’on a écoutés chez Pascale ?

Bernard (l’air interdit) : Ben c’est pas toi qui les as ? (Après un temps de réflexion) Hum, regarde dans le casier de Pierrot, à tous les coups c’est là.

Un temps

 

Gégé : Ouais ok c’est bon. Je lance le bazar alors ?

Eh bien non. Ce n’est pas du tout comme ça que ça se passe. Vous savez quoi ? ILS PAYENT UN MEC POUR ÇA. Oui, oui, vous avez bien lu : il y a un mec à France Inter rémunéré pour passer de la musique les jours de grève. Et pas que : même les autres jours, il fait le job. Virtuellement, au cas où. Si, si.

Donc imaginez le truc. Ce mec se lève tous les matins, se rend à la maison de la radio et passe de la musique. La plupart du temps dans le vide. On ne l’écoute réellement qu’une dizaine de jours par an. Figurez-vous la vie de ce type : il prend le RER ou sa voiture dans les bouchons, arrive au bureau, dit bonjour à Serge et à Corinne la standardiste, papote à la machine à café, puis monte à son bureau. Et là, pendant huit heures, il passe de la musique. Des références Inter, des audaces parfois, des découvertes récentes. Et personne ne l’écoute.

Puis à 19h00, il éteint son ordi, range son bureau et rentre chez lui. Et rebelote le lendemain. Secrètement, il attend les jours de grève : ses heures de gloire. Sauf que contrairement à un dj qui jaugera la qualité de sa programmation dans le regard vitreux d’un danseur épileptique, notre homme est seul dans l’espace. Et personne ne l’entendra crier. Alors il ira consulter quelques commentaires élogieux sur des forums, regrettera de ne pas avoir poursuivi ses études d’archi, aura un tic nerveux dès qu’on lui demandera ce qu’il fait dans la vie. La déprime. Ou le rêve.

Oui le rêve. Parce que si un jour France Inter me demande d’être payé pour programmer de la musique toute la journée, à hauteur de salaire équivalent, je signe des deux mains. Et puis comme quoi tout cela a du sens : lundi dernier, grâce à lui, j’ai découvert le groupe Mesparrow avec ce titre très convaincant : Next bored generation.

Homme de l’ombre, je te remercie. 


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