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L'Apocalypse russe. Dieu au pays de Dostoïevski

Publié le 06 avril 2008 par Aurialie

Jean-François Colosimo, philosophe et théologien, s'est penché sur la question de la religion et du despotisme russes, dans son ouvrage L'Apocalypse russe. Dieu au pays de Dostoïevski. Il a répondu aux questions de Philippe Vallet (France culture) début mars, l'interview est retranscrite ci-dessous.

PV : Dans son histoire, la Russie a connu une suite d'apocalypses qui souvent ont annoncé le futur du monde. Dans son nouveau livre, l'essayiste Jean-François Colosimo questionne le despotisme russe. Une réflexion riche et ample sur les nouveaux visages de Dieu en politique et les prophéties de Dostoïevski et de Soljenitsyne.

JFC : La Russie, c'est le laboratoire extrême de la modernité. C'est la pays où le nihilisme, les kamikazes, les auteurs d'attentats suicides, les camps, le communisme, la terreur, ont été, si ce n'est inventé, systématisé. La Russie est une sorte de contre-marque de la civilisation européenne, et pourtant c'est là que se joue le destin moral, spirituel de l'Europe, parce qu'on ne peut pas exclure la Russie de l'Europe.

PV : Dans votre livre, vous notez que la violence existait déjà avant 1917.

JFC : La violence a toujours été là. La violence a pour envers la dimension mystique, religieuse, le caractère céleste, les fols-en-Christ, les starets, les moines errants, toute cette Russie mystique que l'on voit exploser dans les œuvres de Dostoïevski.

PV : Justement, Dostoïevski est-il une image ou un concentré de la Russie ?

JFC : Dostoïevski, c'est le prophète de la Russie et donc le prophète de notre monde moderne, du siècle qui s'ouvre, c'est le prophète en fait du salut ou de la damnation. Où plaçons nous l'humanité ? Les héros de Dostoïevski assassinent et se signent en même temps, ils préfigurent en fait la grande collusion que nous vivons en ce moment entre le religieux et le politique.

PV : Les Russes sont-ils condamnés au despotisme ?

JFC : Non bien sûr et c'est ce que montre Soljenitsyne. C'est le génie de Soljenitsyne. Il corrige Dostoïevski, il corrige l'hypernationalisme de Dostoïevski, l'impérialisme de Dostoïevski, il corrige l'antisémitisme de Dostoïevski, en montrant qu'il y a des fléaux russes et que ces fléaux doivent cesser pour que les Russes prennent toute leur place dans le monde. Et c'est une place de témoignage d'abord spirituel dit Soljenitsyne, de l'auto-limitation, une fonction ascétique, une fonction d'éveil spirituel.


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