Femmes De Yakuzas (Hideo Gosha, 1986)

Lorsque un yakuza est en prison, l'activité du clan ne s'arrête pas pour autant. Sa femme assure même le rôle de patronne intérimaire, prenant les intérêts du clan en main durant l'absence de Monsieur... Madame Awatsu règne donc en fine stratège sur un clan de 500 membres, elle dirige tout, de la guerre en cours, au mariage de sa soeur, mais quand cette dernière choisit d'épouser un yakuza du clan adverse, cela ne facilite pas la gestion des affaires courantes...
Hideo Gosha a pondu pléthore de films de genre... Si on retiendra Hikotori, le Châtiment et Goyokin, L'Or du Shogun comme deux perles véritables, il sera peut être plus difficile d'en dire autant de ce Femmes de Yakuzas. Film de genre audacieux et original sur le papier, le résultat final surprend, mais pas pour les meilleures raisons...
Revisiter un genre bien codé en changeant radicalement les points de vue est un exercice difficile... Hideo Gosha, grand pourvoyeur de films de genre, s'attaque à celui du yakuza et en donne une lecture vue sous l'angle féminin. Quasiment absentes jusque là du genre, voici les femmes des gangsters au centre de ce film, et effectivement, le changement promis sera bien au rendez-vous ! Le film de gangsters traditionnel se dote une affreuse patine qui va transformer la belle idée en aventure plus proche du drame familial à la Dallas que du quotidien d'un clan yakuza. Hideo Gosha a beau avoir la curiosité et le courage d'explorer une idée aussi téméraire que séduisante, le résultat est mou, hésitant et donne l'impression de ne pas savoir où son réalisateur souhaite aller.
Super idée, mais résultat presque désastreux. En plus de traiter son audacieuse idée sans grande énergie, ni même l'exploiter pour en faire ressortir des éléments nouveaux, Femmes de Yakuzas demeure un film fait par un homme, japonais de surcroît  qui peine grandement à convaincre quant à la féminisation de son sujet. Qu'on se le dise, si les femmes de Yakuzas ont bien du caractère, elles n'agiront pas différemment des  hommes, et l'entreprise de Gosha ne dépassera pas le simple travestissement des codes habituels sans pour autant réussir à faire naître la surprise ou l'amusement.
Même si on parvient à s'intéresser à cette guerre stratégique entre clans rivaux, par ailleurs ni claire, ni palpitante, Femmes de Yakuzas déçoit encore plus quant à son esthétisme. En parfait fruit de ces années 80's avec lesquelles nous avons tant de mal à la rédaction, le film de Gosha revêt une forme bien laide aujourd'hui, mélange du mauvais goût d'alors avec une mise en scène de aussi peu inspirée qu'un quelconque épisode de Starsky et Hutch... Affreusement marqué, peu intéressant, presque raté, sinon inabouti quant à ses ambitions, et peu représentatif de ce qu'Hideo Gosha est capable de livrer, Femmes de Yakuza s'enlise dans l'anecdotique, sous couvert d'explorer ce qui ne l'était pas ou peu auparavant. On s'ennuie et on subit cette belle idée mal construite, ni surprenante, ni fun !

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