Un petit lobby haineux est sur le point de démonter une fondation humaine quasi universelle, pour mieux accommoder le monde à sa singularité. Ce petit lobby haineux s'est constitué d'hommes et de femmes obsédés par leurs penchants sexuels, singularité qu'ils tiennent volontiers pour la marque d'une aristocratie.
Leur obsession les fait afficher et clamer comme une vertu héroïque cette «homosexualité », dont ils nous rebattent les oreilles et qu'ils nous somment de célébrer. Ils ne sont pas nombreux, et peuvent bien n'être qu'une minorité dans cet amalgame, lui-même minoritaire, des personnes que le même sexe attirent. Mais il faudrait les écouter comme l'avant-garde d'une humanité aboutie. D'une humanité exclusive. Et donc, pour l'immense majorité du genre humain, s'excuser de n'être que grossièrement hétérosexuel, grossier comme peut l'être l'ordre du monde, si haïssable évidemment.
Par des collusions opportunes, et beaucoup de tintamarre, ils sont parvenus à s'imposer dans le champ de l' « actualité ». Mais l'essentiel n'est pas là, dans leur exhibitionnisme grotesque et racoleur ; il est dans l'enjeu qu'ils poursuivent — et qui ne fait pas rire, lui.
Ce petit lobby haineux a une apparence : quelques associations provocatrices, à l'objet purement pro domo pour la plupart — dont le fourre-tout bigarré LGBT (le mouvement lesbien, gay, bisexuel, transexuel), ouvert à tous les schémas intersexuels (hors zoophilie et nécrophilie) —, et d'autres, pas forcément réservées aux homosexuels mais très bienveillantes à l'égard de leur cause, voire infiltrées, comme l'hystérique Act Up, officiellement en lutte contre le SIDA.
Des actions leur servent de vitrine. Une petite Intifada d'urbains frivoles et égotiques, à leur mesure : de l'agitation, un peu de violence contre ceux qu'on n'aime pas — il suffit de les étiqueter « homophobes » —, et de l'obscénité surtout. Et puis des kermesses, comme l'indécente et bouffonne « Gay pride », où se trouve concentrée, incarnée, toute la « civilisation » que promeut le petit lobby haineux.
Ce petit lobby haineux a un réseau, à commencer par une partie de la presse, à l'écoute de sa « singularité » et prompte à lui accorder de la place, ainsi qu'elle fait, par tropisme plus souvent que par militantisme, pour toute singularité ; ce qui revient à créer autour du petit lobby un bruit qu'il ne mérite pas. Le petit lobby trouve aussi de solides appuis dans quelques quartiers branchés du monde des arts, de la chanson, de la télé, de la com'. La «sensibilité » de leurs habitants — qualité qui tient souvent d'opinion dans ce milieu — vient couler comme un miel sur tous les micros tendus : le peuple apprendra, en musique et frétillements, la bonne direction à suivre.
Mais le petit lobby haineux n'aurait pas cette audience sans quelques alliés autrement efficients. Des alliés de l'ombre parfois ; du plein soleil aussi.
Dans l'ombre, il y a cette obédience de la franc-maçonnerie française — la principale en effectifs : le Grand Orient de France — qui fait de « l'égalité des droits » entre les personnes une de ses causes majeures, et prétend étendre ce principe au statut marital. Son influence n'est pas mince dans certains milieux « décisionnaires », ce qui nous ramène au plein soleil : nombreux parmi nos gouvernants et nos parlementaires du jour sont ceux qu'influence l'officine de l'ombre.
Ces gens de pouvoir pourront être mûs, ainsi, par une philosophie sociale, une conviction ; plus cyniquement ils pourront aussi trouver là, dans un sujet « sociétal » aussi fondamental, l'aubaine pour distraire les citoyens des vraies questions politiques qu'on n'arrive pas à résoudre. Tout cela se présente au bout du compte sous une même réalité : pour complaire au lobby, des idiots utiles ont cru électoralement opportun — ou ont pris pour une posture de bon ton — de fabriquer une loi qui le satisferait. Ce serait un « progrès sociétal » pérorent-ils, suivis du troupeau habituel, convaincu que la modernité était en marche. Et c'est au même résultat qu'on aboutit : l'intervention de la puissance publique dans ce domaine ne peut qu'amener à un changement profond de société — un bouleversement pour lequel ni gouvernants ni parlementaires n'ont été mandatés.
Cette intrusion, quasi révolutionnaire, du politique dans un des contrats fondamentaux de la société aura au moins eu le mérite de faire jaillir une éclatante ironie : comment ne pas goûter à sa juste saveur le rapprochement réalisé, sur cette question, entre les plus vertueux des socialistes bien-pensants et des réseaux d'extrême-droite traditionnellement gagnés au militantisme pédérastique ? Le sensible embarras de Marine Le Pen, et ses lourdes virevoltes sur la possible participation du Front national aux manifestations du 13 janvier contre le « mariage pour tous », en disent tellement plus qu'un long discours...
Mais peu importe. Le petit lobby haineux est sur le point de gagner la partie : un ordre, qui lui fait horreur, sera sapé. Cette cellule organique, présentée comme si proche d'un état prétendu naturel — état pourtant éminemment construit, donc « culturel » —, cellule au sein de laquelle peuvent se concevoir, naître et croître, confortés par une relative stabilité, des petits d'hommes et de femmes, s'y développer et apprendre à vivre, dans une sécurité que la communauté élargie essaiera tant bien que mal de garantir, ce noyau de société donc, qu'on appelle famille, fait horreur au petit lobby haineux.
Il fait horreur au petit lobby haineux parce que celui-ci ne peut pas, ou n'a pas de goût à en constituer, ses penchants étant ce qu'ils sont. Et sa haine de ce qu'il ne peut pas, ou ne veut pas créer est devenue telle qu'il lui faut le détruire. Il lui faut détruire cette société qui s'est construite il y a des millénaires, avec bien des variantes certes, dans l'espace et dans le temps, mais sur un schéma constant d'ordonnancement du monde humain : l'interaction des polarités masculine et féminine de l'être. Cette cosmogonie de l'humanité, le petit lobby haineux l'abhorre. Et il a trouvé son angle d'attaque idéal : le mariage.
Car le mariage n'est pas la consécration de l'amour — l'amour, comme d'autres sentiments, se passe parfaitement d'institutions, et l'Etat n'a pas à se mêler de cette intimité-là. Le mariage est la reconnaissance formelle, par la société, de la constitution d'un noyau familial, où la filiation des enfants à venir éventuellement, et leur éducation, trouvent les meilleures chances de s'établir dans la stabilité et la sécurité. Si les homos avaient seulement voulu vivre ensemble, dans la plus revendiquée des dignités, qu'est-ce qui les en empêcherait, aujourd'hui ? S'ils avaient désiré « sécuriser » matériellement leur union, en quoi le PACS — cette première complaisance au lobby homosexuel — n'y pourvoirait-il pas ? Et les notaires, ne sauraient-ils pas arranger tous les contrats de garanties possibles ? Leurs « droits » si précieux de s'unir, de vivre ensemble en pleine lumière, à l'instar des couples hétérosexuels, étaient parfaitement préservés.
Mais pas le droit à l'enfant. Car jusqu'à présent la société considérait qu'un tel droit ne peut exister. Sauf à réifier le petit humain, en faire un bien, un objet de consommation, à acquérir comme n'importe quel autre bien — imagine-t-on ce terrible glissement, et tout ce qui s'ensuit, de la marchandisation du corps à l'eugénisme ? Pour le petit lobby haineux, l'objectif ultime était donc tout trouvé, c'était là qu'il fallait verser son acide. La « lutte pour l'égalité » ne serait victorieuse que lorsque les couples homosexuels auraient obtenu le mariage, à l'instar des hétérosexuels. Et qu'ainsi, par l'argument imparable de la non-discrimination entre les couples mariés, ils auraient implicitement gagné le droit à l'enfant — via l'adoption, la PMA, la location d'utérus et de gamètes, et autres Meccano restant à inventer...
Alors, au bout de ce long chemin, le petit lobby haineux n'aurait plus, enfin, qu'à savourer son âpre victoire contre la famille. Et l'ayant bien amochée, amoindrie, dévitalisée, définitivement « ringardisée », jouir de cette exquise conséquence : une société sans repères, sévrée du principe de vie, abandonnée à son déprimant désordre mental, et finalement balayée par sa mortelle déglingue.
Le petit lobby haineux abhorre l'ordre du monde, qui n'est pas fait à sa mesure. Tant qu'il n'a pu le plier à sa singularité, il a crié à l' « intolérance ». Une conjonction inespérée lui offre aujourd'hui l'occasion de prendre sa revanche, de se venger du monde. De casser enfin cette société, dont l'insigne tare était de ne pas s'être bâtie sur sa marginalité à lui.
Nous vivons une époque formidable.