Magazine Animaux

Le discours que Delphine Batho ne lira jamais

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages
Batho-ecologique
Par Bernard Pesle-Couserend

Madame, Mademoiselle, Monsieur,
J’irai droit au but.
La France a l’ambition de devenir un pays exemplaire en matière de préservation de la biodiversité.
Car le destin de l’Humanité est lié à celui de la biodiversité. Chaque pays, chaque continent, doit faire des efforts pour renverser les pratiques, économiquement, socialement, culturellement légitimes jusqu'à ce jour, mais qui, si nous les laissions durer, condamneraient des milliers et des milliers d'espèces vivantes à la disparition, ainsi que la notre, à terme.
Imaginerions-nous un monde sans les baleines, sans les tigres, sans les éléphants? sans les requins, sans les pandas, sans la multitudes d'oiseaux, d'insectes, de plantes aujourd'hui menacés? Ce que nous demandons aux autres pays du monde, chacun concerné par l'une ou l'autre de ces espèces, de quel droit pourrions-nous nous en abstraire pour les espèces menacées qui vivent chez nous?
Le développement des activités humaines est entré dans une concurrence de plus en plus vive avec ce qui reste de nature sauvage sur la terre. Sous toutes les latitudes, qu'il s'agisse de la terre ferme ou des océans, l'homme doit partout choisir aujourd'hui entre poursuivre un développement faussement qualifié de durable, indifférent des richesses de la nature, et alors inéluctablement la détruire, ou bien trouver les voies d'un développement non destructeur de la nature.
L’Humanité, pour sa survie, se doit d’œuvrer à améliorer la résilience des écosystèmes. Cette résilience passera impérativement par la restauration la plus exhaustive possible de ces écosystèmes.
La question n’est pas de savoir si telle ou telle espèce existe ailleurs et nous dispense ainsi de la protéger chez nous. Ou d’en conserver une unique population au minimum minimorum pour esquiver les critiques. Nous vérifions malheureusement aujourd’hui que plus un écosystème est pauvre en biodiversité, plus il exige de grandes quantités de travail et d’énergie pour son maintien, ce qui le rend insoutenable à terme, pas seulement du point de vue écologique, mais aussi du point de vue social.
Ainsi depuis plusieurs années, des « espaces naturels » subissent fauchages, implantation de moutons ou de bovins rustiques pour les maintenir artificiellement, et coûteusement, au stade de milieux ouverts, qui sans ces efforts évolueraient « naturellement » vers une forêt.
Un manque de modestie conduit à développer ces méthodes de gestion au nom de la protection de la biodiversité, que certains prétendent même sans rire « améliorer », sans que ce point de vue soit vraiment avéré, et alors que les conséquences du changement climatique nous restent encore largement inconnues.
La protection de vastes espaces en déshérence est un pas de plus dans la protection de la nature, au regard de l'expansion des friches en Europe qui permettront de retrouver en quelques siècles des forêts âgées naturelles, qui manquent tant à la France et à l'Europe. Il ne s’agit pas de contraindre l’homme à abandonner certains territoires. Mais dans les quelques zones servant d’ultimes refuges possibles aux espèces les plus menacées, c’est à l’activité humaine de s’adapter localement à cet objectif de préservation de la biodiversité, et non le contraire.
C’est pourquoi je prends l’engagement solennel que plus aucun lobby, pfff…, n’empêchera les parcs nationaux de redevenir le plus haut niveau de protection, arf…pardon, de la vie sauvage comme ils auraient dû…ouah ah ah ah ! Non…, je n’en peux plus, là, trop c’est trop!
Non mais sérieux, qui c’est qui m’a écrit ce truc? A tous les coups c’est une idée de Serge…
Mais vous vous croyez où? Au ministère en charge de la protection de l’Environnement?
Je croyais pourtant avoir été claire : les discours lyriques, c’est uniquement à l’étranger pour le public étranger, et pour décorer le site oueb. Mais là c’est à usage domestique, donc c’est pas la même musique. Vous avez peut être des convictions, mais moi, j’ai des ambitions.
Je vous rappelle les grandes lignes qui commandent à notre action :
  1. Le territoire rural, ce n’est peut être que 15 % de la population, mais ça pèse plus ou moins directement sur l’élection de la moitié des députés. Et c’est pire au Sénat…
  2. Il y a donc trop d’élus qui dépendent de certains lobbies archéo-ruraux pour qu’on tienne prioritairement compte de l’opinion de la majorité. Et encore moins de raisons de tenir compte de ce que disent les scientifiques.
  3. Les mesures environnementalistes ne font pas forcément gagner plus de voix environnementalistes : on les tient déjà. Par contre, elles font systématiquement perdre les suffrages de ceux qui exploitent l’environnement: ils seront toujours mécontents. Ce paradigme reste immuable.
  4. Attention : je n’ai rien contre la préservation de l’intérêt général. Que la chose soit dite et bien dite. Mais l’intérêt général doit s’effacer devant l’intérêt électoral, c’est la règle dans notre belle démocratie.


Je ne sais plus qui c’est qui l’a dit – je crois que c’est moi finalement – mais je vous le livre tel quel :
« Parfois, il faut avoir le courage de s’aligner sur le plus médiocre pensant. »
Je comprends votre point de vue, mais soyez lucides : Tant qu’on n’aura pas rééquilibré la représentation parlementaire entre territoires ruraux et territoires urbains, il n’y aura pas grand chose à faire. Et même après, ce sera pas gagné.
Il faut également donner du temps au papy-boom : 30 % des éleveurs ovins ont plus de 60 ans. Idem chez les chasseurs. Le non remplacement de 2 « fonctionnaires ou c’est tout comme » sur 3 partant à la retraite va donc rapidement donner des résultats probants en agriculture.
Vous en faites des têtes…
Allez, une petite blague pour détendre l’atmosphère : Vous connaissez le point commun entre la chaîne de télévision ARTE et l’élevage de brebis pour la viande? Non? Et bien c’est simple :Tout le monde en dit du bien, mais presque personne ne consomme.
Quoi? Comparaison n’est pas raison et ARTE c’est quand même utile? Non, mais je suis d’accord, c’était juste histoire de plaisanter.

Allez, je suis lancée, une petite deuxième..
Quelle est la différence entre un ortolan et un agneau? Vous ne voyez pas? La différence, c’est que l’ortolan, il n’y a pas besoin de le subventionner 200 € pour le vendre 100 €.

Celle là elle est bonne, non!? Qu’est-ce que tu dis Serge? Tu connaissais la même, mais avec le point commun entre l’ortolan et l’agneau? Ben vas-y alors, c’est quoi le point commun?
Dans les deux cas, l’Etat n’hésite pas à baisser son pantalon devant la frange la plus rétrograde du lobby concerné. Ok, on va arrêter le tir pour les devinettes, ça devient plus drôle du tout.
On se remet au boulot, avec un bon discours centré sur les fondamentaux :
Le sauvage c’est bien, mais le domestique subventionné c’est mieux, la Nature a besoin d’être gérée par l’agriculteur créateur de biodiversité, la chasse est indispensable à l’écologie et tutti quanti. Et comme d’habitude, une prime de 5.000 € à celui qui relève le challenge du jour. Celui d’aujourd’hui, c’est parvenir à démontrer, arguments Canada-dry à l’appui, que c’est à cause du retour du loup dans les Alpes qu’il y a depuis moitié moins de brebis en Poitou-Charente. Faites gigoter vos méninges.
L’ancien discours ne le jetez pas, car tout se recycle : je m’en servirai de papillotes pour ma prochaine mise en plis.
Et puis d’abord, je mets presque jamais de pantalon, pff…


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