Tenir un blog quasi-journalier sur le cinéma n’est pas chose facile. Parfois, pour avoir de la matière pour un article, il arrive qu’on se voie poussé à aller voir des films mauvais dans le simple but de pouvoir pondre un article dans la foulée. J’ai pris sur moi, je me suis dit « laissons sa chance au produit » et je suis allé voir Disco. Autant dire que j’aurai mieux fait de rester chez moi.
Disco – Saturday beauf pas drôle
Didier Graindorge est un quarantenaire au chômage, qui a toujours plus ou moins gardé un pied dans sa grande passion : le disco. Lorsqu’il reçoit une lettre de son ex-femme lui indiquant que pour voir son fils il devra l’emmener en vacances ailleurs qu’au Havre, Didier n’a plus le choix. Il doit redevenir Didier Travolta, reformer le groupe des Bee Kings, et aller gagner la finale de la Gin Fizz Academy avec un voyage en Australie pour deux personnes à la clé…
Disco s’appuie sur la même recette qu’Asterix 3. Promo ultra agressive, fric dépensé n’importe comment, people-isation à outrance… tout cela pour couvrir un film de merde. La petite goutte d’eau qui a fait déborder le vase en ce qui me concerne est un petit zapping samedi soir, pendant lequel je suis tombé sur une émission spéciale « Disco » sur TF1 avec l’équipe du film, où Dubosc s’est évertué pendant plusieurs heures à ne pas être drôle…
Il est loin le temps de son spectacle « Je vous ai pas raconté » où il faisait encore rire les foules, et moi aussi par la même occasion. Le problème est que Dubosc ne s’est jamais renouvelé et a une approche vraiment douteuse. Son fond de commerce c’est le beauf. Il veut, par ses personnages, présenter le beauf comme quelqu’un de sympathique et de foncièrement gentil, même si totalement décalé. Le problème est que son traitement donne l’impression inverse, et surtout le sentiment qu’il se fout ouvertement de la gueule du français moyen, en le caricaturant encore plus…
Une approche paradoxale que l’on peut mettre en face de celle utilisée par Danny Boon pour son Bienvenue chez les ch’tis. D’un côté Dubosc rit au dépend de ses personnages et fait un humour lourd, rarement drôle et finalement beaucoup plus beauf (car réac) que ses personnages. De l’autre Danny Boon qui prend l’approche inverse et qui rit avec ses personnages et non à leur dépend. Et là, rire, situation comique, et vrai film humain. Le contraste est frappant. D’autant plus quand on voit des machines ultra calibrées comme Disco se demander comment Boon a bien pu faire… Tout simplement en faisant du cinéma humaniste avant tout.
De toute manière il était difficile de s’attendre à quelque chose de réussi, surtout lorsqu’on connaît la filmographie de Fabien Onteniente, qu’on devrait renommer en Honteniente : Jet Set, People, 3 Zéros, Camping… autant de sombres merdes pas drôles, ultra vulgaires dans leur approche, se drapant d’un casting trois étoiles afin de masquer un vide abyssal de contenu et de sens. C’est d’ailleurs à se demander ce qui peut faire venir certains acteurs sur de telles productions… Et encore, je ne mentionne même pas les guest stars « de luxe » (ici Francis Lalanne hahaha tu parles d’un luxe…) qui viennent cachetonner deux minutes contre un gros chèque…
Le cinéma français ne cesse de se regarder le nombril en se targuant de sa fameuse exception culturelle… A titre personnel et en temps que wanna-be réalisateur, quand je vois le résultat de cette fameuse exception, j’ai bien envie de lui cracher dessus, ou tout du moins de lui péter les genoux à la barre à mine. A force de cracher sur les américains et leur savoir faire en matière de comédie, on ferait mieux d’être un peu plus modeste, d’observer, de comprendre et de tenter de faire mieux qu’eux avant de se gausser… Sinon on n’a pas fini de se taper de sombres daubes comme ce Disco.
Pour résumer, et sans surprendre personne, n’allez pas voir Disco, Fuyez !