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Carolyn Sampson sublime le baroque français

Publié le 18 janvier 2013 par Philippe Delaide

Les lecteurs du blog connaissent certainement mon admiration pour les qualités vocales de la soprano anglaise Carolyn Sampson. Elle s'est notamment révélée comme l'une des voix les plus pertinentes dans le répertoire sacré, notamment les cantates de JS Bach, aussi bien avec Philippe Herreweghe qu'avec Masaaki Suzuki.

Le disque "Les Sirènes", édité par le label allemand Carus-Verlag, où Carolyn Samspn est accompagnée du Concert Lorrain, sous la direction d'Anne-Catherine Bucher, permet de savourer à nouveau la limpidité et l'agilité vocale de la soprano dans, cette fois, le répertoire des cantates profanes, plus exactement le style français des cantates dites galantes et / ou pastorales, écrites, dans le cas présent, par le compositeur français Thomas-Louis Bourgeois.

Les sirènes TL Bourgeois C Sampson
Ce dernier a composé un corpus de quarante cinq cantates et cantatilles. Le disque en regroupe cinq emblématiques de son style qui représente une rupture nette avec la grandiloquence versaillaise, par exemple, d'un Jean-Baptiste Lully. On se plonge plus dans un univers proche de celui de Jean-Philippe Rameau.

Je dois avouer ne pas être un grand fanatique de ce style français étant peu sensible à ses accents bucoliques et à une certaine forme de maniérisme. On ne peut toutefois nier la finesse d'écriture de Thomas-Louis Bourgeois et la beauté indéniable de certaines arias comme l'Amour de la cantate Les Sirènes ou Revenez cher amant, puis-je vivre sans vous de la cantate Psiché.

Le phrasé, la diction de Carolyn Sampson sont remarquables. L'expressivité est dosée avec une subtilité rare. L'élégance naturelle de la soprano s'allie remarquablement avec ce genre musical, évitant ainsi de tomber dans les pièges de la mièvrerie. Le parti pris d'absence de vibrato, aussi bien chez la soliste que dans l'accompagnement instrumental est tout à fait opportun, évitant ainsi de charger l'atmosphère de ces cantates, pour se concentrer sur la fluidité de la ligne mélodique. 

Par rapport à un exercice relativement similaire déjà chroniqué d'Ann Sofie von Otter et William Christie (cf. note du 20 janvier 2010), Carolyn Sampson et le Concert Lorrain prennent le parti du naturel et de la simplicité. On a ici une forme d'alternative qui n'a pas à rougir face au "baroque chic" du couple Von Otter - Christie.

Le Concert Lorrain accompagne la chanteuse avec le souci de permettre à la voix de s'épanouir et l'équilibre voix - orchestre est remarquablement contrôlé. L'ensemble orchestral déploie même par moments de belles couleurs, tout en restant très sobre et dans cette esprit de fluidité évoqué précédemment.

Ce disque est une réussite et répond à un projet cohérent. Ceci est assez rare pour être souligné. Il semblerait en outre que ces cantates aient été enregistrées pour la première fois.

Lien direct vers le site pour plus d'informations (si vous lisez l'allemand...).

J'ai trouvé l'intégralité de l'aria L'Amour sur youtube :

Thomas-Louis Bourgeois - Les Sirènes / Cantates - Carolyn Sampson (soprano) - Le Concert Lorrain, Direction Anne-Catherine Bucher - Label Carus-Verlag.


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