Les Cadavres ne Portent pas de Costard (Dead Men Don't Wear Plaid - Carl Reiner, 1982)

Quand Julia Forrest vient le voir pour lui demander d'enquêter sur la mort mystérieuse de son père, c'est très vite que Rigby Deardon découvre qu'une conspiration était montée contre lui. Son enquête révèle des listes de noms baptisées les "Amis de Carlotta" ou bien les "Ennemis de Carlotta"... Rigby est bien décidé à aller au bout de l'enquête, ne serait-ce que pour la belle Julia dont il commence à s'amouracher malgré les conseils de Marlowe...
Les Cadavres ne Portent pas de Costard est un bel hommage parodique aux films des 40's, et se compose d'extraits de vieux films (Le Grand Sommeil, Soupçons, Assurance Sur La Mort, Les Tueurs...) intégrés à son montage tout au long de l'enquête. Son rythme est calqué sur les films de détective de cette période et c'est Steve Martin (L'Homme Aux Deux Cerveaux, ou les récents remakes de La Panthère Rose pour les jeunes générations...) qui se colle à la tâche. 30 ans ont passé... Les Cadavres sont-ils toujours dans un état correct ?
Il est difficile de ne pas reconnaître à Les Cadavres ne Portent pas de Costard le soin et la qualité respectueuse de son hommage aux vieux films noirs. Pour les amateurs de Steve Martin (il y en existe...), il seront sans doute heureux d'assister à ce qui est peut-être une de ses meilleures compositions, puisqu'il utilise  son potentiel comique en trouvant la juste limite entre la mesure et l'excès, s'éloignant ainsi du coté quelquefois enfantin de son style. Quand à son aspect technique, l'insertion de vieilles scènes se repère facilement, grâce notamment au grain de l'image, mais est très bien intégrée à l'ensemble. Les Cadavres ne Portent pas de Costard serait donc tout à fait réussi dans sa globalité, et il l'est à bien des égards, mais il faut bien avouer que le temps ne lui réussit pas beaucoup.
Le style 40's et l'hommage sont parfaits, la voix off du détective immerge à merveille dans l'univers trouble des détectives privés et évoque puissamment tout un pan de cinéma, constellé de morceaux d'anthologie. Mais si son hommage tient parfaitement la route, revoir Les Cadavres ne Portent pas de Costard 30 ans après sa sortie laisse quand même dubitatif sur le style de sa comédie. Bien sûr quelques gags à la limite de l'absurde brillent encore de tous leurs feux (le pyjama, la femme de ménage...) et la choix de son réalisateur (pourtant souvent trop "lâché") de ne pas pousser les curseurs à fond, mais de les conserver souvent aux alentours du second degré, lui conserve une bonne partie de sa pertinence comique, mais aujourd'hui c'est son aspect un peu artificiel, et la timidité de son humour qui l'emportent. En dépit de ses qualités le film de Carl Reiner piétine souvent et ressemble plus à un prétexte à l'assemblage (qui était alors à sa sortie une belle performance technique) qu'à une parodie fine et judicieuse.
Les Cadavres ne Portent pas de Costard vieillit mal, il laisse apparaître un coté cabotin et superficiel qui petit à petit prend le pas sur ses qualités intrinsèques pourtant bien réelles. Déjà décalé, au niveau temporel, lors de sa sortie, par son style visuel (Noir & blanc pour les allergiques... hélas il y en a...), c'est aujourd'hui son type d'humour et son dosage inégal, qui attire l'attention. Drôle, mais trop timide, Les Cadavres ne Portent pas de Costard est une parodie plutôt réussie mais au style et à l'humour un peu daté. On en gardera quelques bons moments, on appréciera l'esprit dans lequel il a initialement été fait, mais on envisagera pour autant de s'y replonger avant pas mal de temps... parce qu'il a fait son temps, voilà tout.

Procurez-vous Les Cadavres ne Portent pas de Costard ou d'autres films de Carl Reiner ou avec Steve Martin, Rachel Ward, Burt Lancaster, Humphrey Bogart, Ava Gardner, ou Cary Grant