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The Brown power

Publié le 19 janvier 2013 par Hongkongfoufou

oddjob logo 2 Par Oddjob

L’article que vous avez devant vos yeux, amis et fidèles lecteurs, aura connu bien des vicissitudes, les méandres de l’esprit d’un rédacteur de Fury Magazine (le mien en l’occurrence) étant parfois fort bien étranges.

La quête effrénée de nouvelles références à immortaliser, de modèles à déchiffrer, d’icônes à afficher… est pour nous une question de survie (tant intellectuelle que physique).

Ainsi, l’approche de ce qui devait être la fin du Monde, encouragée par des dingos de tout acabit, me semblait toute indiquée pour vous parler de deux "belles" personnalités du cinéma d’horreur américain des années 70 et 80. Deux gueules de "monstres", d’autant plus effrayantes que tout maquillage ou effet spécial était superflu, leurs visages "au naturel" se suffisaient à eux-mêmes pour susciter le malaise, la brutalité, l’effroi…

D’un côté le complice de Wes Craven dans The Hills Have Eyes (La Colline a des yeux) 1 et 2, Michael Berryman. Cet inoubliable interprète de Pluto, le joyeux cannibale, bâtit sa carrière, en plus d’un sens évident de la comédie, sur son physique "hérité" d’un syndrome de Christ Siemens Touraine (pas de système pileux, pas d’ongle, un crane conique) dont il a été victime à sa naissance.

 

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De l’autre, Joe Maniac Spinell. Cet habitué des films de Friedkin, sur Sorcerer (Le Convoi de la peur) et Cruising (La Chasse), donnera ses lettres de noblesses de serial killer au personnage créé par William Lustig en 1981. Pour s’en convaincre, revoyez les (beaux) yeux emplis de terreur de Caroline Munro face à ce visage de bête, suintant le glauque et la perversité.

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Mais rien n’y fit, le Monde avait encore quelques beaux jours devant lui et mes figures "apocalyptiques" pouvaient être rangées (momentanément) au placard.

Alors, je me pris à imaginer celles qui pourraient le mieux représenter les deux pôles féminins du curseur cinématographique, fantasmé dans ces pages. Comment arrivai-je à ces deux actrices que tout (ou presque) oppose ? J’avoue moi-même mon étonnement ! Car entre la blonde et glaciale (et pourtant si érotique) Tippi Hedren et la brune et franchouillarde Dominique Davray (la plantureuse Madame Mado des Tontons Flingueurs)… il y a un abîme, un dangereux grand écart. Que nous assumons.

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Et oui, outre le fait qu’elles soient toutes deux nées en janvier, et qu’elles aient été dirigées par Hitchcock (Birds et Marnie pour la première et To Catch a Thief pour la seconde), elles sont les deux mamelles (pardonnez-moi cette expression triviale) de ce cinéma que nous aimons : le cinéma américain de haute tenue et la comédie française (jusqu’à la fin des 70s et pas plus tard) véritablement populaire et jamais beauf.

Malgré tout, je ne tenais pas là un sujet, un vrai, de celui qui vous fait oublier la crise et les hausses de janvier. Il me fallait une figure noble, intègre, pas forcément (pour ne pas dire surtout pas) pleine de bons sentiments et qui surtout ait une distance, un regard décalé. Je plongeai dans mes archives, films, souvenirs…

Les premières minutes de Dark of the sun (Le Dernier train du Katanga) suffirent !

Je tenais enfin mon bonhomme en la personne du sobre et sombre (n’y voyez aucun mauvais jeu de mots) Jim Brown : démarche souple, élégant en chapeau de brousse et mitraillette Sterling au poing, il s’impose d’emblée comme l’égal de Rod Taylor.

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A mille lieux du trop hollywoodien et propret Sydney Poitier, du "je m’en foutisme" d’un Fred Williamson ou de l’amateurisme d’un O.J. Simpson. Plus proche du (déjà) vétéran Woody Strode (qui eut à son actif Ford, Brooks, Léone, Castellari… excusez du peu !) mais en moins mutique, Jim Brown apparait avant tout pour ce qu’il est… un (bon) acteur au service d’une (bonne) histoire et non le "Black de service" (ce que ne sera jamais, j’en ai bien peur, le navrant Omar Sy).

Tout à la fois courageux, solitaire, indépendant, fuyant honneur frelaté et récompense complaisante, fier de ses origines (sans pour autant les porter en étendard), l’homme et l’acteur ne seront jamais très éloignés.

Ainsi, il ne s’enfermera jamais dans une blaxploitation trop souvent sclérosante et qui deviendra rapidement contre productive.

Ses grands rôles, il les tiendra dans des productions d’envergure partageant la vedette avec les plus grands noms : Lee Marvin, John Cassavettes, Charles Bronson, Patrick McGoohan, Ernst Borgnine. De 1964 à 1970, six années au cours desquelles sa filmographie marquera définitivement le cinéma : The Dirty Dozen, Dark Of The Sun, Ice Station Zebra, 100 Rifles, El Condor…

Mais en footballeur professionnel qu’il était, son touchdown le plus marquant sera celui marqué contre la bonne conscience blanche et l’intégrisme black, en 1969. Raquel Welsh et lui tourneront la première scène d’amour cinématographique entre une blanche et un noir dans les 100 Rifles, film qui vaut autant pour son scénario jouissif que ce moment émoustillant.

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Le cinéma d’action des 80s et 90s débilitant et pathétique ne pouvait offrir à Brown de rôle à sa mesure. Sa dernière véritable apparition sur grand écran sera dans un petit rôle d’entraineur de boxe dans Mars Attacks ! en 1996.

Qu’il est loin le temps où l’attaque d’un fort mexicain tenu par les troupes de Maximilien ou retrouver un satellite perdu dans l’Arctique, vous forgeait un héros !

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